C'est une nouvelle pour personne: il fait froid. Depuis plusieurs jours, les températures ont dégringolé un peu partout en France. Pas sans déplaire à celles et ceux dont le bonheur est régi par la lecture d'un livre en chaussettes de laine au coin du feu, ce climat digne d'un triste mois d'hiver est plutôt synonyme de grosse déprime pour beaucoup d'autres.
Et notamment pour une frange de la population. Qui ça ? Les gens qui se plaignent d'avoir froid aux extrémités, tous les jours de leur vie. Vous savez très bien de qui on parle. Ces personnes dont le bout du nez, des doigts ou des orteils est en constante hibernation. Sauf que pour cette fois, la chute des températures ne va pas les réchauffer.
Mais est-ce vraiment si grave ? La réponse est non. Cela peut être fort désagréable et douloureux, certes. Mais il n'y a, dans la majeure partie des cas, aucune gravité. C'est ce que confirme Brigitte Trégouet, médecin généraliste vendéenne, implantée à La Roche-sur-Yon. C'est un phénomène naturel, une manière pour le corps de se protéger lui-même, renseigne cette dernière.
Un système d'autorégulation de la température du corps
Elle s'explique: "Dans notre cœur se trouve une pompe qui envoie du sang dans les artères. Plus celles-ci s'éloignent du cœur, plus elles se resserrent, jusqu'à devenir des capillaires [les vaisseaux sanguins les plus fins de l'organisme qui interagissent avec les tissus, NDLR]."
On considère généralement que la température du corps humain est de 37°C. C'est le corps, lui-même, qui tente de se maintenir à cette température. Quand il fait froid, notre sang se refroidit. Notre organisme veut donc l'en empêcher. "On décide donc naturellement de ne pas envoyer 'trop' de sang vers les extrémités", précise Brigitte Trégouet.
Les artères les plus proches de la peau des doigts, par exemples, se réduisent. Le sang se détourne vers des tissus plus profonds. C'est pour ça que le bout des doigts peut paraître plus blanc, ou bleu (tout dépend des gens). "Mais quelques fois, ça va trop loin, ajoute la médecin. Quand la vasoconstriction est trop importante, on peut avoir très mal aux extrémités."
La maladie de Raynaud
Cela étant dit, il n'est pas nécessaire de s'affoler. "C'est fréquent d'avoir les doigts blancs", admet Brigitte Trégouet. Ceci ne veut pas forcément dire qu'on est atteint de la maladie de Raynaud, une maladie auto-immune rare qui se caractérise par une mauvaise circulation du sang dans les extrémités et qui se manifeste, elle aussi, par des mains blanches, froides et engourdies.
Sauf que l'intensité des symptômes est nettement différente. Elle peut être handicapante et entraîner de réelles douleurs, comme celles dont a souffert l'un des patients de Brigitte Trégouet (elle n'en a rencontrés que deux au cours de sa carrière), qui ne pouvait même plus plonger ses doigts dans l'eau tellement ses mains lui faisaient mal à cause du froid.
La maladie de Raynaud ne peut pas être diagnostiquée à partir de simples symptômes cliniques. Pour savoir si l'on en souffre vraiment, il est nécessaire de suivre une capillaroscopie dans un centre hospitalier universitaire. À partir de là, si le diagnostique tombe, plusieurs mesures devront être prises, comme se protéger davantage au froid avec des vêtements spécialisés.
Peut-elle disparaître? "On n'en guérit pas, estime Brigitte Trégouet, avant de relativiser. Cela reste une maladie auto-immune. On ne peut pas tirer de vérités générales à son sujet. On ne sait pas trop non plus ce qui la provoque. C'est une maladie un peu mystérieuse."
Source: Le HuffPost