Géorgie: Salomé Zourabichvili élue présidente avec 59,5% des voix

  29 Novembre 2018    Lu: 1793
Géorgie: Salomé Zourabichvili élue présidente avec 59,5% des voix

L'ex-ambassadrice française Salomé Zourabichvili, soutenue par le parti au pouvoir Rêve géorgien, a été largement élue présidente de la Géorgie, selon les résultats communiqués jeudi par la Commission électorale centrale.

Mme Zourabichvili a recueilli 59,52% des voix contre 40,48% pour le candidat de l'opposition, Grigol Vachadzé, indiquent des résultats portant sur la totalité des bureaux de vote.

La participation était de 56,23% lors de la fermeture des bureaux de vote mercredi à 20H00 locales (16H00 GMT).

La victoire de Mme Zourabichvili est contestée par l'opposition.

Aussitôt après la publication des sondages sortie des urnes, l'ex-président aujourd'hui en exil, Mikheïl Saakachvili, a dénoncé "une fraude électorale massive", dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision Rustavi-2 TV. "Je demande aux Géorgiens de défendre notre liberté, la démocratie et la loi. Je vous demande d'organiser des rassemblements pacifiques pour exiger des élections législatives anticipées", a-t-il ajouté.

Il s'agit du dernier scrutin présidentiel au suffrage direct dans cette ancienne république soviétique du Caucase, avant de passer à un régime parlementaire. Même si le poste de président est devenu essentiellement symbolique après ces changements constitutionnels, le vote est un test pour le parti au pouvoir.

L'élection préfigure en effet la confrontation à venir lors des législatives de 2020 entre le Rêve géorgien, qui a pris les rênes du pays en 2012, et le Mouvement national uni fondé par Mikheïl Saakachvili.

Au premier tour le 28 octobre, Salomé Zourabichvili avait échoué à remporter plus de 50% des voix au premier tour, un score perçu comme un désaveu pour le Rêve géorgien fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili.

Ancienne diplomate française, Mme Zourabichvili, 66 ans, était arrivée au coude à coude (38,64%) avec Grigol Vachadzé (37,73%).

La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, lui a adressé dans la nuit "ses plus sincères félicitations".

"La nouvelle présidente pourra compter sur notre détermination à continuer à agir en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues", précise le communiqué.

"Régime oligarchique"

Le résultat du vote marquera "le progrès ou le recul de la jeune démocratie géorgienne", a expliqué à l'AFP l'analyste Géla Vassadzé, alors que les pays occidentaux de l'UE ou de l'Otan, deux organisations que le petit pays du Caucase aimerait intégrer, ont surveillé de près la bonne tenue du vote.

Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition.

Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé la semaine dernière avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d'identité pour truquer le second tour en faveur de Mme Zourabichvili.

Celle-ci a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort.

Sur le fond, les deux candidats se rejoignent sur plusieurs points: tous deux militent notamment pour un rapprochement avec l'Union européenne et l'Otan.

"Mais leur passé comme ministres des Affaires étrangères montre que Vachadzé est plus associé à Washington, alors que l'ancienne ambassadrice française Zourabichvili est clairement orientée en faveur de l'UE", note M. Vassadzé.

Les deux candidats se distinguent aussi sensiblement sur les relations avec Moscou. "Le Rêve géorgien adopte un ton plus modéré dans ses relations avec Moscou, quand le MNU est traditionnellement un critique plus franc" de Vladimir Poutine, explique l'analyste Gia Nodia.

Diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Saakachvili de 2008 à 2012, M. Vachadzé a critiqué "le régime oligarchique" mis en place par l'ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili, du Rêve géorgien, alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté.

Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili, s'est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme chef de gouvernement, mais il reste considéré comme le véritable dirigeant du pays.

"Le Rêve géorgien fait face au choix du mal et du pire: ce serait mal pour eux si l'opposition l'emporte, mais pire s'ils doivent faire face aux conséquences politiques de fraudes électorales", avait affirmé Grigol Vachadzé à Rustavi-2 TV.

AFP


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