A l`international, le manque de réalisme des USA

  13 Janvier 2016    Lu: 560
A l`international, le manque de réalisme des USA
Les trois derniers présidents américains ont tous commis des erreurs en politique étrangère, notamment vis-à-vis de la Russie: dans un article du Foreign Policy, le professeur américain Stephen Walt les analyse et démontre comment elles auraient pu être évitées avec une approche plus réaliste.
Selon l`expert, les dirigeants américains manquent de réalisme en politique étrangère. Cette école estime que la puissance militaire est un outil important pour défendre l`indépendance et la souveraineté de l`État, mais reconnait que son usage peut entraîner des conséquences imprévues.

Stephen Walt estime que l`internationalisme libéral (chez les démocrates) et le néoconservatisme (parmi les républicains) ont pourtant prédominé aux USA ces dernières années — deux approches qu`il juge inefficaces.

Walt souligne ensuite les sept "plus grandes erreurs" des USA sur la scène internationale commises par Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama. Selon l`auteur, ces erreurs auraient pu être évitées.

Ainsi, les réalistes auraient compris que les tentatives d`attirer la Géorgie ou l`Ukraine vers l`Occident provoqueraient une forte réaction de la Russie, et que Moscou serait à même de les empêcher. Même avec cette approche, le chaos régnerait en Ukraine mais la Crimée ferait encore partie de ce pays et le conflit dans le Donbass n`aurait certainement pas éclaté. Les relations russo-américaines seraient finalement bien meilleures et l`Europe de l`Est plus sûre.

De plus, les États-Unis n`auraient pas insisté sur l`expansion de l`Otan dans les années 1990 ou auraient stoppé son élargissement après l`adhésion de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne. Selon l`expert, l`augmentation du nombre de membres n`a pas renforcé l`Alliance.

Walt s`arrête également sur le cas du Moyen-Orient. Il pense que si George W. Bush avait écouté les réalistes, il n`aurait pas initié l`invasion de l`Irak en 2003 et que l`État islamique n`existerait pas aujourd`hui.

Si Washington avait renoncé à sa politique de "double dissuasion" de l`Irak et de l`Iran dans le Golfe, les USA auraient pu éviter les attentats du 11 septembre 2001. C`est dans le cadre de cette politique que Washington a dû assurer une présence militaire à long terme dans les pays du Golfe. Ainsi, les États-Unis ont eux-mêmes provoqué ces attentats, estime le professeur américain.

Les réalistes avaient également prédit l`échec de l`opération américaine en Afghanistan, notamment après que la guerre en Irak avait permis aux talibans de regrouper leurs forces. Les USA auraient pu sacrifier bien moins d`hommes et de moyens, souligne l`expert.

Selon Walt, cette même approche aurait fonctionné dans les relations avec l`Iran. L`auteur félicite Washington pour l`accord nucléaire avec Téhéran mais note que ses conditions auraient pu être plus favorables s`il avait été conclu plus tôt, quand l`infrastructure nucléaire iranienne étaient moins développée.

Une autre erreur des USA est d`avoir instauré des "relations particulières" avec Israël, qui ont nui aux deux pays. En particulier, Walt est opposé au soutien inconditionnel de Tel-Aviv par Washington sur le dossier palestinien.

Et, bien sûr, les réalistes auraient expliqué à Barack Obama qu`il ne fallait pas renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et provoquer l`apparition d`un nouvel État délinquant. Enfin, ils auraient pu convaincre le président que les fortes déclarations contre le président syrien Bachar al-Assad n`étaient pas dans l`intérêt des Etats-Unis.

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