On appelle parfois l’Antarctique le Continent blanc. Car l’Antarctique cache sous son épaisse couche de glace, une véritable croûte continentale. Ce n’est « que » depuis quelque 14 millions d’années que ce continent s’est mué en inlandsis, comprenez en un continent recouvert presque à 100 % de glace. Et c’est à l’est que l’on trouve les plus anciens vestiges continentaux. Ils forment ce que les géologues appellent un craton, un morceau de croûte terrestre solide et épais.
Tellement solide et épais qu’il est difficile d’imaginer qu’il puisse laisser passer de la chaleur venue du ventre de la Terre. Pourtant, dans le cadre de la campagne internationale PolarGAP, des chercheurs viennent de découvrir une quantité étonnante de glace fondue à la base de la calotte orientale.
Une découverte fortuite qui a été faite grâce à des données radar recueillies par avion. En effet, si plusieurs satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA) surveillent actuellement les glaces de l’Antarctique et les formations géologiques qu’elles dissimulent, leurs orbites leur interdissent l’accès aux plus hautes latitudes. Et une autre solution a dû être mise en œuvre pour les sonder.
Source radioactive et énergie hydrothermale ?
Une nouvelle triste conséquence du réchauffement climatique ? Les chercheurs réfutent cette hypothèse. Si la hausse des températures fait fondre la glace aux limites du continent, le phénomène mis au jour ici se joue à l’écart des influences atmosphériques. Sous plusieurs kilomètres de glace se trouve tout simplement une mystérieuse zone chaude qui s’étend sur 100 x 50 km. Et chaque année, c’est semble-t-il une épaisseur de 6 mm de glace qui fond, alimentant de petits ruisseaux cachés qui coulent jusqu’à la côte.
Les chercheurs ne sont pour l’heure pas tout à fait certains de la nature de la mystérieuse source de chaleur qui fait fondre le cœur de l’inlandsis. Car le craton devrait protéger la glace de la chaleur venue des entrailles de la Terre. Les chercheurs soupçonnent toutefois que cette singularité puisse résulter de la rencontre fortuite de deux phénomènes. Dans le substrat continental, des roches présentant une forte concentration en éléments radioactifs pourraient tout d’abord produire une intense chaleur. Chaleur qui serait ensuite convoyée vers le socle glacé par le biais d’une eau infiltrée dans une faille géologique située à cet endroit précis.
Cette mystérieuse source de chaleur est probablement à l’œuvre depuis plusieurs millions d’années. Même si cette fonte basale pourrait rendre la région plus sensible au réchauffement climatique, difficile de croire qu’elle puisse contribuer aux modifications observées récemment sur la calotte glaciaire. Mais malheureusement, le phénomène pourrait nuire aux progrès de la science. Il a en effet peut-être déjà effacé les traces de transitions climatiques importantes que l’on espérait retrouver dans les carottes des plus vieilles glaces de la planète.
Source: Futura Sciences
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