Sommes-nous trop propres? Le diabète de type 1 explose chez les tout-petits

  13 Novembre 2018    Lu: 645
Sommes-nous trop propres? Le diabète de type 1 explose chez les tout-petits

De plus en plus de mineurs d'âge souffrent de diabète de type 1. Chez les moins de 15 ans, on constate une croissance annuelle de 3,7% et si la tendance actuelle se confirme chez les moins de cinq ans, le nombre d'enfants atteints aura doublé en quinze ans.

Face à une hausse flagrante de cette maladie auto-immune, aucune explication concluante n'apparaît chez les scientifiques.

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui empêche l'organisme, et plus précisément les cellules bêta du pancréas, de synthétiser l'insuline nécessaire à l'utilisation du glucose sanguin. En résumé, le corps ne parvient plus à synthétiser les glucides que comportent les sucres, fruits ou pâtes que nous consommons, par exemple. Le patient devient insulinodépendant, c'est-à-dire qu'il devra constamment s'injecter de l'insuline au cours de la journée. 

Cette maladie incurable, qui se déclare le plus souvent vers l'adolescence et dont les causes demeurent nébuleuses, est en augmentation plutôt constante. Mais elle connaît en réalité une hausse spectaculaire chez les patients les plus jeunes, ce qui alerte le secteur de la santé. 

En Europe, le groupe des moins de 15 ans subissent une hausse de 3,1% de cette maladie autrefois mortelle. En Belgique, ce taux est même de 3,7%. "Cela signifie que chaque année, environ 300 enfants (un sur 6.000 environ) de moins de 15 ans sont diagnostiqués comme atteints par le diabète de type 1", explique Guy Massa, endocrinologue pédiatrique à la clinique Jessa à Hasselt. 

Moins de quatre ans
Si on analyse les tranches d'âge les plus touchées, on constate que les 0-4 ans souffrent de la plus forte hausse de la maladie avec une ascension de 5,4%. Ils sont suivis des 5-9 ans, qui connaissent une hausse de 4,3% puis par les 10-14 ans, avec une augmentation annuelle de 2,9%. Que veulent dire ces chiffres? "Si cette tendance se confirme encore durant deux ans, le nombre d'enfants atteints aura tout simplement doublé entre 2005 et 2020", résume le docteur Kristina Casteels, spécialisée dans le diabète de type 1 chez les enfants et adolescents. 

Asymptomatique
Comment l'éviter? Le problème est que le diabète de type 1 est une maladie silencieuse, asymptomatique, du moins jusqu'à ce que 80 à 90% des cellules pancréatiques qui sécrètent l'insuline soient affectées. C'est là que l'on se rend compte en général de l'état du jeune patient qui souffre soudain d'une envie fréquente d'uriner, d'une faim et d'une soif accrues, de fatigue, perte de poids et problèmes de vision. Parfois, des complications aigües et graves peuvent survenir et à terme, on attribue des problèmes cardiaques, rénaux et sensitifs à cette maladie auto-immune.

La charge héréditaire
Mais quels sont les facteurs qui favorisent l'apparition du diabète de type 1, et son augmentation chez les jeunes enfants? "À ce stade, nous ne savons pas encore exactement quels sont les facteurs déclenchants ni pourquoi la maladie se déclare de plus en plus tôt", explique quant à lui Frederic Muylle de la Ligue Diabète sur ce glissement vers un public plus jeune. 

D'ailleurs, l'origine du diabète de type est toujours relativement méconnue. Un facteur d'hérédité existe. "Le risque, si l'on prend la population dans son ensemble, est de 4 pour 1.000. Mais si votre mère, père, frère ou soeur en souffre, votre risque devient de 4 pour 100", expose le docteur Casteels. Mais le facteur génétique n'est pas suffisant, ajoute-t-elle. Car parmi tous les nouveaux patients diabétiques, 90% n'ont aucun antécédent de diabète dans la famille. 

Trois pistes
Nous en voilà donc tout naturellement aux facteurs environnementaux. Plusieurs théories se conjuguent sur ce point. Une carence en vitamine D pourrait avoir un impact sur le développement de la maladie, car on sait que le diabète "juvénile", comme on l'appelle parfois, se déclare essentiellement dans les pays plus au Nord. Une autre hypothèse, plus inédite, est notre excès de zèle en matière d'hygiène. Étant de moins en moins en contact avec les germes dans notre environnement quotidien, notre système immunitaire réagirait différemment que celui des générations précédentes. C'est comme cela que notre organisme se mettrait à attaquer ses propres cellules: on parle de maladie auto-immune. Enfin, dernière théorie plausible: le rôle joué par certaines infections virales sur le développement du diabète de type 1.

Prévention impossible
Peut-on alors conseiller aux citoyens de moins faire la chasse aux bactéries et aux germes? Pas encore. "Si nous détenions une cause qui excluerait les autres, nous pourrions faire de la prévention, mais pour l'instant, ce n'est malheureusement pas possible", regrette Guy Massa. Le docteur Casteels rappelle pour sa part qu'on ne peut pas mettre le diabète de type 1 et de type 2 dans le même sac: "Celui de type 1 est une maladie auto-immune sur laquelle vous n'avez aucun contrôle. Vous ne l'attrapez pas à cause d'une mauvaise hygiène de vie". 

Et le diabète de type 2?
Quelque 800.000 Belges souffrent actuellement de diabète de type 2, le plus répandu (90% des diabétiques), celui à cause duquel l'organisme synthétise encore de l'insuline mais en quantité insuffisante, quand il n'y résiste tout simplement pas. Cette maladie qui empêche de réguler la glycémie se déclare à un âge plus avancé et a des causes établies comme le surpoids et un manque d'exercice physique mais elle repose également, comme le diabète de type 1, sur un facteur héréditaire. Les diabétiques de type 2 se voient généralement prescrire des médicaments, un régime alimentaire strict et précis et davantage de sport. Dans certains cas, les injections sont également recommandées. Un mode de vie sain reste la meilleure façon de prévenir le diabète de type 2.

Source: 7sur7.be


Tags: diabète   enfant  


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