Les petites fusées arrivent

  02 Novembre 2018    Lu: 1059
Les petites fusées arrivent

Dans une dizaine de jours, une fusée de 17 mètres de hauteur et 1,20 mètre de diamètre conçue par la société américaine Rocket Lab va tenter de placer six petits satellites en orbite autour de la Terre. Si tout va bien, l'an prochain, elle lancera plus d'une fusée par mois.

Rocket Lab, fondée en 2006, a réussi en janvier un test de mise sur orbite et devrait être la première d'une nouvelle génération à se déclarer opérationnelle sur le marché des "petits lanceurs", à moins d'un accident ou d'un report du lancement prévu entre les 11 et 19 novembre, depuis son pas de tir privé de Mahia, en Nouvelle-Zélande, où ce lancement avait été reporté en juin en raison de problèmes de moteurs.

Comme elle, aux Etats-Unis et ailleurs, des dizaines de startups spatiales développent des fusées adaptées au lancement de petits satellites allant de quelques kilogrammes à quelques centaines de kilogrammes. C'est un chapitre à part entière du "New Space", la nouvelle ère de l'industrie spatiale entamée il y a une décennie et fondée sur l'entrepreneuriat privé, avant tout aux Etats-Unis.

La fusée de Rocket Lab s'appelle Electron, avec des lettres blanches inscrites sur le fuselage noir en matériaux composites de carbone. Son moteur est imprimé en 3D en Californie, ce qui contribue à réduire les coûts, explique à l'AFP son directeur financier, Adam Spice.

Lancer depuis la Nouvelle-Zélande offre un avantage exclusif par rapport à la Floride ou à la Californie: les avions sont rares.

"Sans trafic aérien, nous avons la capacité de lancer plus fréquemment que n'importe quel autre pas de tir sur la planète", affirme M. Spice.

La société a six fusées en production actuellement et table sur seize lancements en 2019.

- New Space, acte 2 -

La promesse de Rocket Lab n'est pas d'être meilleur marché --elle coûte cher au kg-- mais de proposer des lancements fréquents pour résoudre l'embouteillage actuel.

Aujourd'hui, les sociétés voulant mettre un petit satellite dans l'espace doivent trouver une place secondaire dans une fusée de SpaceX ou d'Arianespace, qui sont réservées avant tout aux satellites chers et volumineux. La Falcon 9 de la société d'Elon Musk mesure 70 mètres et peut emporter 23 tonnes dans l'espace... contre 150 à 250 kilos pour Electron.

Les petits lanceurs veulent donc réduire le délai d'attente à six mois au lieu de 18 ou 24 mois, voire davantage, chez les grands.

Les clients sont prêts à payer cher ce service express: environ 40.000 dollars/kg chez Rocket Lab, contre moins de 3.000 chez SpaceX.

"Les petits véhicules offrent beaucoup plus de flexibilité", martèle Rob Coneybeer, un investisseur qui soutient un concurrent de Rocket Lab, Vector.

Les autres entreprises avancées sont Virgin Orbit, Stratolaunch ou encore Gilmour, en Australie.

Selon Chad Anderson, du réseau d'investisseurs Space Angels, il y a environ 180 sociétés sur le marché des petits lanceurs. Mais "une dizaine d'entre elles ont vraiment l'équipement. Et encore moins ont le financement nécessaire", dit-il à l'AFP.

"Donc le nombre de sociétés crédibles actuellement est d'une demi-douzaine environ", relève l'investisseur.

Du succès plus ou moins rapide de cette demi-douzaine dépend la concrétisation des promesses du New Space.

En 2009, lorsque SpaceX a envoyé son premier satellite dans l'espace, il y avait une dizaine de sociétés spatiales privées, selon M. Anderson. Aujourd'hui, il en dénombre plus de 375, qui ont levé plus de 16 milliards de dollars de capitaux.

Les applications sont innombrables, d'abord dans les télécommunications mais aussi dans les services d'observation de la Terre, selon les participants à une conférence spatiale organisée jeudi par The Economist à New York.

Des images plus précises et plus fréquentes de la planète peuvent être exploitées par de nombreux secteurs, de la défense à l'agriculture, aux assurances et à la finance... pour repérer les fuites de gazoducs ou comptabiliser plus vite les dégâts d'inondations, par exemple.

La société SpaceKnow compte déjà les voitures garées dans le parking de Disney World ou le nombre de piscines au Brésil, et observe l'activité de 6.000 usines en Chine... des données qui servent d'indicateurs économiques à ses clients de Wall Street.

Pour tous ces services, il faut davantage de satellites et donc de lanceurs. Près de dix ans après la réussite de SpaceX, les portes de l'espace commencent réellement à se déverrouiller.

Source: sciencesetavenir.fr


Tags: fusée  


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