Washington révoque le visa des Saoudiens impliqués dans la mort de Khashoggi

  24 Octobre 2018    Lu: 824
Washington révoque le visa des Saoudiens impliqués dans la mort de Khashoggi

Le secrétaire d'état américain a indiqué que les Etats-Unis allaient révoquer le visa des Saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi. D'autres mesures supplémentaires pourraient être engagées.

Les Etats-Unis ont engagé la révocation du visa des Saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul début octobre, a indiqué mardi le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. « Ces sanctions ne seront pas les dernières », a-t-il déclaré à des journalistes précisant que Washington avait « identifié au moins certains des individus » ayant pris part à l'opération qui a coûté la vie au collaborateur du Washington Post.

Cette mesure, la première décision concrète annoncée par Washington à l'encontre de son allié de longue date, vise 21 personnes, qui se voient révoquer leur visa ou qui deviennent inéligibles à de futurs visas, a ensuite précisé Heather Nauert, la porte-parole du département d'Etat. « Nous engageons des actions appropriées qui incluent une révocation de visas, une mise sous surveillance de visas et d'autres mesures », a expliqué M. Pompeo.

Cette mise sous surveillance signifie que les suspects seront répertoriés comme inadmissibles, au cas où ils tenteraient d'entrer aux Etats-Unis. « Nous continuerons d'explorer des mesures supplémentaires à l'encontre des personnes tenues pour responsables » de la mort de Khashoggi, 59 ans, a poursuivi le chef de la diplomatie américaine, affirmant que l'administration « montre très clairement que les Etats-Unis ne tolèrent pas ce genre d'action pour réduire au silence M. Khashoggi, un journaliste, par la violence ».

Liberté de mouvement restreinte
Il a refusé de donner le nombre de Saoudiens concernés par ces mesures punitives, mais a précisé qu'ils étaient issus « des services de renseignement, de la cour royale, du ministère des Affaires étrangères et d'autres ministères saoudiens ». Selon lui, les autorités américaines examinent également l'opportunité d'agir en vertu de la loi dite Magnitsky, qui restreint la liberté de mouvement et gèle les avoirs aux Etats-Unis des individus et entités accusés d'enfreindre les droits de l'homme.

Plusieurs élus américains ont exhorté le président Donald Trump à prendre des sanctions dures, certains mentionnant cette loi portant le nom de l'avocat russe Sergueï Magnitsky, mort mystérieusement en prison en 2009. M. Pompeo a réitéré que les Etats-Unis considéraient toujours l'Arabie saoudite comme une alliée, disant que M. Trump et lui-même n'étaient « pas contents » d'agir contre le royaume. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait le point mardi sur l'enquête, décrivant un « meurtre sauvage » qui a été « planifié » pendant plusieurs jours et mis à exécution par une équipe de « 15 agents ».

Bras droit du prince héritier
Agé de 59 ans, Jamal Khashoggi, un éditorialiste qui collaborait avec le Washington Post, a été tué le 2 octobre dans le consulat de son pays à Istanbul où il s'était rendu pour obtenir des documents administratifs en vue de son mariage. Après avoir nié la mort du journaliste, le gouvernement saoudien a avancé plusieurs versions contradictoires, évoquant notamment une « rixe » ayant mal tourné. Ryad soutient désormais que le journaliste a été tué au cours d'une opération « non autorisée » dont MBS n'était pas informé.

Le président des Etats-Unis Donald Trump croit-il à la version donnée par les Saoudiens ? « Je veux d'abord connaître les faits », a-t-il répondu, avant de critiquer l'opération elle-même, mais aussi, de façon plus surprenante, la manière dont elle avait ensuite été dissimulée. « Ils avaient un très mauvais projet à l'origine, il a été très mal exécuté et l'opération de dissimulation a été l'une des pires de l'histoire des opérations de dissimulation », a-t-il déclaré depuis le Bureau ovale.

Selon des sources citées par Reuters, Saud al-Qahtani, le bras droit du prince héritier, aurait lui-même interrogé le journaliste, Jamal Khashoggi via Skype alors qu’il était retenu contre son gré dans l’ambassade saoudienne. Il aurait ensuite ordonné lui-même la décapitation de Jamal Khashoggi.  Il gère les réseaux sociaux en Arabie Saoudite pour le compte du prince héritier Mohamed ben Salman (MBS). Il a mené l’opération ayant conduit à l’arrestation de centaines de membres de l’élite saoudienne au Ritz-Carlton, son nom apparaît dans la détention, il y a un an, du Premier ministre libanais Saad Hariri.

Et, selon deux sources au sein des services de renseignement, c’est encore lui qui a orchestré le meurtre de Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul en donnant ses ordres sur Skype. Saud al-Qahtani, directeur adjoint de l’Agence nationale du renseignement et considéré comme le bras droit de Mohamed ben Salman (MBS), a été démis de ses fonctions samedi pour apaiser l’indignation internationale suscitée par l’affaire Khashoggi.


Tags: USA   Khashoggi  


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