La Croatie ouvre sa frontière, la Turquie ironise

  20 Octobre 2015    Lu: 488
La Croatie ouvre sa frontière, la Turquie ironise
La crise des migrants est explosive, notamment en Europe de l`Est. "La Turquie n`est pas un camp de concentration", a, quant à lui, dénoncé le Premier ministre turc.

Après les avoir bloqués toute la journée, la Croatie a autorisé, lundi en fin d`après-midi, l`entrée des milliers de migrants qui étaient massés à sa frontière avec la Serbie. "La police croate a ouvert la porte et tous les réfugiés qui étaient devant le passage frontière sont entrés" en Croatie a ainsi déclaré Jan Pinos, volontaire tchèque sur place.

L`atmosphère était électrique lundi dans les Balkans où des milliers de migrants ont été bloqués toute la journée en raison de goulots d`étranglement aux frontières, tandis que l`Allemagne a dénoncé « la haine » du mouvement islamophobe Pegida avant sa grande manifestation prévue dans la soirée. Après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, les migrants doivent désormais passer par la Slovénie, après la Serbie et la Croatie, pour poursuivre leur périple vers le nord de l`Europe. Or, Ljubljana a fait savoir qu`elle limitait l`entrée de son territoire à 2 500 migrants par jour, moitié moins que ce que demande Zagreb.

Dès lors, un goulot d`étranglement s`est formé à la frontière serbo-croate et plus de 10 000 personnes ont été coincées en Serbie après avoir traversé la Macédoine durant le week-end. Environ 3 000 migrants attendaient lundi dans la localité frontalière serbe de Berkasovo sous une pluie battante, assis dans la boue, tentant d`allumer des feux de bois pour se réchauffer. Certains, dont des enfants, étaient pieds nus, sans vêtements appropriés pour faire face au froid et aux trombes d`eau. « La situation menace d`être hors de contrôle, ce n`est qu`une question de temps », a déclaré à l`AFP Jan Pinos, coordinateur d`un groupe de volontaires, « nous sommes saturés, la situation dépasse nos capacités, nous avons urgemment besoin d`une réaction des autorités serbes qui sont absentes ».
À l`inverse, la Hongrie s`est félicitée d`avoir verrouillé les frontières, notant que seuls 41 migrants sont entrés dans le pays dimanche. À la frontière croato-slovène, où des centaines d`autres attendaient, les choses semblaient mieux organisées. La grande majorité des migrants souhaitent rejoindre l`Allemagne, pays qui fait figure de terre promise, la chancelière Angela Merkel ayant, malgré les critiques, à de nombreuses reprises défendu sa politique de la porte ouverte.

Mais les autorités allemandes s`inquiètent de la montée de l`extrême droite à l`intérieur du pays, les violences se multipliant contre les foyers de réfugiés. Le pays reste aussi sous le choc de l`attaque samedi au couteau pour des motivations « racistes » visant Henriette Reker, élue dimanche maire de Cologne, ville où elle supervisait jusqu`alors l`accueil des migrants.
Le gouvernement a eu des mots très durs pour dénoncer Pegida, qui doit manifester à partir de 18 h 30 dans son fief de Dresde (Saxe, Est) pour marquer son premier anniversaire. Depuis plusieurs semaines, ce mouvement islamophobe réunit, à la faveur de l`afflux de centaines de milliers de réfugiés en Allemagne, entre 7 000 et 9 000 personnes par semaine, et il espère faire mieux lundi.

« Je le rappelle volontiers à nouveau, car cela reste malheureusement d`actualité : Ne suivez pas ceux qui ont des préjugés, et même de la haine dans le coeur », a déclaré le porte-parole de Angela Merkel, Steffen Seibert, répétant les mots prononcés par la chancelière en début d`année. Le ministère de l`Intérieur a lui relevé que « le potentiel d`agressivité des organisateurs (de Pegida) grimpe ».

Enfin, toujours lundi soir à Dresde, des manifestations contre Pegida sont aussi prévues, alors que l`Allemagne a déjà accueilli plus d`un demi-million de personnes depuis janvier, un chiffre qui pourrait doubler, selon certaines estimations, d`ici fin 2015.

Plusieurs pays européens, l`Autriche notamment, ont aussi vu divers mouvements populistes gagner en popularité. Dernière en date, et bien qu`épargnée jusqu`à présent par la crise migratoire, la Suisse qui a connu dimanche une poussée spectaculaire de la droite anti-immigration aux élections législatives, le parti UDC devenant la première formation du pays.

L`Union européenne, confrontée à cette crise migratoire exceptionnelle avec plus de 600 000 personnes ayant traversé la Méditerranée cette année, peine à coordonner sa réponse face à ce défi. Elle reste divisée entre partisans d`une politique de la main tendue, l`Allemagne en tête, et ses détracteurs. La chancelière allemande, toujours plus critiquée dans son pays pour avoir ouvert grand la porte aux réfugiés, a rencontré les dirigeants turcs dimanche pour négocier sur le « plan d`action » européen destiné à amener la Turquie à agir en amont sur le flux de migrants, notamment syriens, en les gardant sur son territoire.

Mais le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a souligné lundi que les réfugiés, les Syriens fuyant la guerre en particulier, n`avaient pas vocation à rester, même si l`Europe réglait la facture. « Nous ne pouvons pas accepter un accord sur la base suivante : Donnez-nous de l`argent et ils restent en Turquie. La Turquie n`est pas un camp de concentration », a déclaré Ahmed Davutoglu.

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