Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait, lui, annoncé lundi s'attendre à ce que la croissance atteigne 1,7% cette année, en recul très net par rapport à la prévision de 2% faite par la France en avril dans son programme de stabilité budgétaire envoyé à Bruxelles.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a néanmoins estimé sur Europe 1 que le chiffre de 1,6% restait "supérieur à la vitesse de croisière habituelle de l'économie française". Mais selon lui, "la France est encore en retard de croissance sur nos voisins européens parce que la France est en retard de réformes".
La révision à la baisse des prévisions de la Banque de France, qui prédisait encore en juin 1,8% de hausse du produit intérieur brut (PIB) pour cette année, fait suite à celle de la Banque centrale européenne (BCE), qui a annoncé jeudi un léger ralentissement dans la zone euro à 2,0% en 2018 et 1,8% pour l'an prochain.
La France reste ainsi en-dessous de la moyenne européenne.
"Ceux qui ont davantage de croissance que nous, c'est ceux qui ont fait des réformes plus tôt", d'après M. Villeroy de Galhau, qui s'attend à ce que "la France rattrape le train européen en 2020".
Il a aussi appelé à "rattraper notre retard sur les dépenses publiques", alors que le plafonnement de la croissance devrait rendre plus difficile la tenue par la France de ses engagements en matière de déficit public.
Le gouvernement a revu assez fortement à la hausse cette semaine ses prévisions en la matière, visant un déficit à 2,6% du PIB pour 2018 et 2,8% pour 2019.
Un décrochage de la croissance pourrait faire remonter ce déficit au-dessus de la limite de 3% tolérée par Bruxelles, la France risquant alors d'être à nouveau placée en procédure de déficit excessif.
La banque centrale française souligne que sa nouvelle prévision de croissance s'inscrit dans un "contexte international moins dynamique et plus incertain", sur fond de guerre commerciale.
"Après une année 2017 exceptionnelle en termes de demande mondiale adressée à la France, la contribution du commerce extérieur à la croissance resterait nettement positive en 2018 puis serait neutre ensuite", selon un communiqué de l'institution financière.
Le gouverneur de la Banque de France a toutefois relativisé l'impact du ralentissement de la croissance sur la société française, anonçant des évolutions favorables sur les fronts du pouvoir d'achat et de l'emploi.
L'évolution de la situation économique permettra selon lui "beaucoup de créations d'emplois en France, nous en attendons 200.000 cette année".
La Banque de France voit ainsi le taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) descendre progressivement de 9,4% en 2017 pour la France entière (y compris les DOM) à 8,5% en 2020.
Ce redressement, conjugué à la modération annoncée de l'inflation, qui devrait selon la banque atteindre 2,1% en moyenne annuelle cette année avant de retomber à 1,7% en 2019 et 1,8% en 2020, est pour son gouverneur synonyme de "pouvoir d'achat pour les Français".
Les derniers indicateurs sur l'évolution du niveau de vie des Français ne vont pas dans le même sens. En août, l'indice des prix à la consommation a culminé à 2,3% sur un an, tandis que le pouvoir d'achat a reculé de 0,6% au premier trimestre 2018, selon l'Insee.
La Banque de France anticipe néanmoins que le "pouvoir d'achat des ménages progresserait de manière soutenue sur la période" 2018-2020.
La consommation des ménages devrait selon elle augmenter de 0,9% cette année, 1,3% l'an prochain et 1,4% en 2020.
AFP
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