Faire des études longues pourrait retarder l'arrivée de la démence

  31 Août 2018    Lu: 1462
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Faire de longues études permettrait d'engranger un meilleur capital cognitif afin de retarder l'arrivée des démences, d'après une nouvelle publication de l'Inserm publiée dans la revue American Journal of Epidemiology.

Ainsi, l'augmentation du nombre d'années d'étude observées dans la population générale pourrait expliquer la baisse de l'incidence des démences constatées ces dernières décennies. "Malgré cela, l'augmentation de l'espérance de vie et l'accroissement de la population mondiale vont conduire à une augmentation du nombre de personnes atteintes de démence liées à l'âge dans le futur", explique l'Inserm dans un communiqué.

Selon l'Inserm, les projections prévoient 131,5 millions de personnes seront concernées d'ici 2050 dans le monde, contre 50 millions aujourd'hui - d'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) -, avec une proportion conservée de trois quarts de maladies d'Alzheimer. C'est dans ce contexte nécessitant des mesures de prévention renforcées que les scientifiques se penchent sur les facteurs associés à la baisse de l'incidence des démences. Parmi ces facteurs présumés, ont été identifiés "la meilleure prise en charge des maladies à complications vasculaires comme le diabète, l'hypertension, l'hypercholestérolémie, un mode de vie plus sain, mais aussi une plus grande stimulation intellectuelle et en particulier un niveau d'éducation de plus en plus élevé", énumère l'Inserm.

DEFINITION. Selon l'OMS, "la démence est un syndrome, généralement chronique ou évolutif, dans lequel on observe une altération de la fonction cognitive (capacité d'effectuer des opérations de pensée), plus importante que celle que l'on pourrait attendre du vieillissement normal. Elle affecte la mémoire, le raisonnement, l'orientation, la compréhension, le calcul, la capacité d'apprentissage, le langage et le jugement".

Des études plus longues permettraient de retarder l'arrivée de la maladie

Mais le poids du niveau d'éducation est-il significatif parmi ces indicateurs ? Pour répondre à cette question, des chercheurs ont comparé l'évolution sur 12 ans de 1.425 Français âgés de 78 à 88 ans. Ils les ont partagés en deux groupes nés à 10 ans d'écart. La première génération était ainsi née entre 1903 et 1912, et la seconde entre 1913 et 1922. Leurs capacités cognitives été évaluées tous les 2 à 3 ans grâce à quatre tests évaluant le fonctionnement cognitif global, la fluence verbale (capacité à délivrer rapidement et de façon pertinente une information), la mémoire de travail (maintien et manipulation de l'information à court terme) et les fonctions exécutives et la vitesse de traitement de l'information (DSST). Un cinquième test évaluait leur autonomie.

Les chercheurs ont alors constaté que la seconde génération présentait des scores supérieurs à ceux de la première génération pour les quatre tests cognitifs au moment de l'inclusion. "Le niveau d'éducation était très amélioré entre la première et la deuxième génération (31,4% des G1 n'avaient pas de diplôme contre 18,2% des G2), ce qui expliquait une grande partie des différences de score 'de base' entre les deux générations pour tous les domaines cognitifs", expliquent les auteurs de la publication après analyse statistique des résultats. Outre un niveau d'éducation moyen plus élevé, La seconde génération occupait en effet des postes plus stimulants intellectuellement et utilisait davantage d'antihypertenseurs et d'hypocholestérolémiant que la première. Une exception cependant, le critère de la mémoire de travail, qui n'était "que partiellement" impactée par le niveau d'éducation, suggérant que "d'autres facteurs en plus de l'éducation" pouvaient "contribuer à l'amélioration du niveau cognitif au fil du temps".

Côté autonomie, les scores étaient équivalents au début de l'étude, et pourtant elle s'est également révélée davantage préservée dans le second groupe. Pour les chercheurs, cela pourrait s'expliquer par l'évolution d'une génération à l'autre de la nature des tâches qu'implique la notion d'autonomie. Ainsi, la seconde génération aurait été confrontée à "des activités telles que la conduite, l'utilisation du téléphone ou la gestion d'un budget nécessitant des capacités cognitives plus importantes qu'auparavant", d'après les auteurs dans la publication. Une hypothèse qui confirmerait qu'une réserve cognitive plus importante en début de vie permettait de différer l'arrivée de la démence.

Une vitesse de déclin cognitif identique une fois la maladie déclarée

Retarder l'arrivée de l'arrivée de la maladie est d'autant plus important qu'une fois la démence installée, la vitesse du déclin cognitif était en revanche identique entre les deux groupes. Seules la fluence verbale et la mémoire de travail ont décliné moins rapidement au sein de la seconde génération, mais sans que cela ne puisse s'expliquer par le niveau d'éducation ou les autres paramètres observés par les auteurs des travaux.

"Notre travail confirme l'impact bénéfique de l'éducation sur la cognition. Les personnes qui ont davantage étudié ont une réserve cognitive plus importante, ce qui leur permet de mieux compenser d'éventuelles lésions cérébrales. Par conséquent, même si la vitesse de déclin est équivalente entre deux générations, le fait de partir d'un niveau cognitif plus élevé permet, d'une certaine façon, de préserver plus longtemps ses capacités cognitives et son autonomie", conclut Leslie Grasset, premier auteur de ces travaux, dans un communiqué.

Source: sciencesetavenir.fr


Tags: démence  


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