Femmes de réconfort: une statue, objet de contentieux entre Séoul et Tokyo malgré l`accord

  06 Janvier 2016    Lu: 723
Femmes de réconfort: une statue, objet de contentieux entre Séoul et Tokyo malgré l`accord
L`accord historique entre Séoul et Tokyo mettant fin au contentieux sur les esclaves sexuelles de la guerre n`a pas réglé un contentieux autour d`une statue à Séoul incarnant la souffrance des victimes.
«Je suis là pour défendre le monument de la paix», dit Jung Woo-Ryung, 22 ans, devant la figurine de bronze érigée en 2011 sur le trottoir qui fait face à l`ambassade du Japon à Séoul.

Cette statue représente une jeune femme aux pieds nus, vêtue de la hanbok, la robe traditionnelle coréenne, assise, les mains posées sur les jambes.

Elle symbolise à la fois les souffrances endurées par les femmes dites de «réconfort», enrôlées de force dans les bordels de l`armée impériale nippone pendant la Seconde guerre mondiale, et leur lutte pour obtenir les excuses officielles et des dédommagements de la part de Tokoyo.

La semaine dernière, le Japon offert des «excuses sincères» et un milliard de yens (7,5 millions d`euros) pour venir en aide aux 46 Sud-Coréennes encore en vie et qui furent il y a 70 ans contraintes de se prostituer pour les soldats japonais.

Cet accord, qualifié par les deux parties de «définitif» et d`«irréversible», n`est cependant pas clair sur le sort qui doit être réservé à la statue, devenue un point de ralliement pour des manifestants qui accusent le gouvernement sud-coréen de s`être laisser acheter par Tokyo.

Pour le Japon, l`accord engage clairement Séoul à faire enlever le monument, le ministre des Affaires étrangères japonais Fumio Kishida expliquant lundi qu`il pensait qu`il serait «relocalisé de manière appropriée».

Mais Séoul argue avoir promis seulement d`étudier la possibilité d`enlever la sculpture et a appelé l`ambassade du Japon pour protester contre les propos de M. Kishida qualifiés de «provocants».

Puisque la statue a été mise en place par la société civile, le gouvernement n`a pas le droit d`ordonner son démantèlement, fait aussi valoir le ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

Or, le groupe qui avait pris la tête de la campagne pour ériger la statue est déterminé à ce qu`elle ne bouge pas d`un pouce.

La sculpture ne peut être «la condition ou le moyen d`un accord», dit sur son site internet le Conseil coréen des femmes enrôlées aux fins d`esclavage sexuel par le Japon. «Le gouvernement coréen ne peut faire mention d`un retrait ou d`une relocalisation du monument».

Si l`opinion publique sud-coréenne est partagée sur l`accord lui-même, la sculpture est un sujet extrêmement sensible. Jusqu`à 75% des Sud-Coréens s`opposent à ce qu`on y touche, montrent les sondages.

Pour Bong Young-Shik, spécialiste du Japon à l`Institut Asan d`études politiques de Séoul, la marge de manoeuvre de Séoul sur ce sujet est étroite, vu le capital de persuasion déjà dépensé pour tenter de faire passer le compromis global.

«La question des esclaves sexuelles de la guerre est très sensible en Corée et cette statue en est le symbole», dit-il à l`AFP. «L`opinion publique est furieuse des tentatives du Japon d`obtenir le retrait de la statue, mais encore plus scandalisée parce qu`on dirait que le gouvernement coréen est en train de collaborer».

La sculpture de bronze qui regarde depuis quatre ans l`ambassade du Japon a été installée grâce à des fonds collectés auprès du public, pour un total de 30 millions de wons (23.400 euros).

Une chaise vide qui trône auprès de la représentation de la jeune fille symbolise les victimes mortes depuis la fin de la guerre. L`ombre d`une femme âgée est gravée sur la base du monument, représentant elle l`agonie qui terrasse toujours les survivantes. La statue est régulièrement habillée par les passants avec divers vêtements au gré des saisons.

Plus d`une vingtaine de monuments similaires ont été érigés à travers la Corée du Sud, et une dizaine à l`étranger, aux Etats-Unis ou au Canada par exemple.

A Séoul, Jung Woo-Ryung assure qu`elle montera la garde aussi longtemps que nécessaire.
Elle est membre de l`une des associations estudiantines qui montent des tours de garde pour veiller au grain 24 heures sur 24.

«Nous exigeons que cette question soit réglée en accédant aux voeux des victimes. Je continuerai à venir».

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