Ça sonne comme une histoire drôle mais c'est tout ce qu'il y a de plus sérieux ! La position que nous adoptons pour dormir modifierait la capacité de notre cerveau à évacuer ses déchets. Et dormir sur le côté semble, de loin, être la meilleure des postures pour y parvenir... du moins chez les rats.
Un système de "nettoyage"
Tout commence en 2012 lorsqu'une équipe de l'université Rochester (Etats-Unis), menée par la chercheuse Maiken Nedergaard, découvre l'existence d'un système spécifique de nettoyage du cerveau (clairance), qu'elle nomme système "glymphatique". Grâce à lui, les déchets produits par les neurones dans le liquide interstitiel sont évacués dans le liquide céphalo-rachidien (qui entoure le cerveau et la moelle épinière), avant d'être éliminés par le réseau veineux. Un système de nettoyage fondamental pour le bon fonctionnement cérébral. En effet, lorsqu'il est moins efficace, les déchets s'amoncèlent, ce qui est notamment le cas dans la maladie d'Alzheimer. Le défaut de clairance est ainsi responsable de l'accumulation de peptides A béta mal conformés, qui s'agrègent, à la longue, en plaques amyloïdes, les lésions typiques de la maladie.
SOMMEIL. Un an plus tard, en 2013, l'équipe américaine fait une nouvelle découverte. Elle observe que le système glymphatique, que l'on peut visualiser avec des techniques d'imagerie, est plus actif durant les phases de sommeil que durant l'éveil.
La posture corporelle pourrait affecter l’efficacité du nettoyage des déchets cérébraux
Aujourd’hui, cette même équipe, associée à l’Université Stony Brook (Etats-Unis), va encore plus loin en présentant ses nouveaux résultats dans the journal of neuroscience, en affirmant que « le niveau d’éveil, mais aussi la posture corporelle, pourrait affecter l’efficacité du nettoyage des déchets cérébraux. » Pour le vérifier, les chercheurs ont contraint trois groupes de rats anesthésiés à dormir en position dorsale, latérale ou ventrale. Puis ils ont examiné leur cerveau avec une technique d’imagerie dite d’IRM renforcée par contraste dynamique. Ils ont tout d'abord mesuré le volume d’échanges de fluides entre le liquide interstitiel et le liquide céphalo-rachidien, correspondant au niveau de "nettoyage" du cerveau. Puis, grâce à un traceur fluorescent, ils ont visualisé spécifiquement la clairance du peptide A béta. Et ce, pour quatre zones cérébrales distinctes, l’hippocampe (mémorisation), le cervelet (contrôle des mouvements), le mésencéphale (vision, audition) ou encore le cortex orbitofrontal (décisions).
Echange de fluides en position latérale
Les résultats sont sans appel. Quelle que soit la zone cérébrale observée, le plus grand échange de fluides, donc le plus grand nettoyage des déchets cérébraux, y compris celui du peptide A béta, se produit lorsque l’animal se trouve en position latérale. La position ventrale étant, au contraire, la moins favorable. « C’est probablement une question d’équilibre entre le système vagal /sympathique (système nerveux autonome) et la commande respiratoire, explique Helene Benveniste de l’université Stony Brook, co-auteure de l’étude.
Recommanderait-elle alors de dormir sur le côté pour une meilleure santé cérébrale? Loin s'en faut. Cette étude n'a été faite que chez le rat. Et, de plus "un rat anesthésié n'a pas exactement le même type d’inconscience qu'un rat en train de dormir." Enfin, "il est aussi bien connu que nous changeons de position pendant la nuit, ce qui peut aussi affecter la clairance des déchets cérébraux. Ce sont des questions importantes à prendre en considération. »
Source: sciencesetavenir.fr