Et cela à de quoi surprendre. Le bâillement se caractérise en effet par une contraction et un étirement généralisés des muscles respiratoires (diaphragme, intercostaux) de la face et du coup. Un cycle respiratoire très marqué qui se déroule en trois phases : une inhalation longue et très profonde, une acmé durant laquelle la respiration se bloque brièvement et l`étirement des muscles est maximal. Enfin, une expiration qui coïncide avec un relâchement et une détente des muscles. Ainsi, lorsqu`on bâille à la suite de quelqu`un d`autre, c`est un peu comme si, voyant quelqu`un s`étirer de tout son long, on ne pouvait s`empêcher d`en faire de même.
Les neurones miroirs au cœur de l`échokinésie
L`explication de la contagion des bâillements - scientifiquement dénommée "échokinésie du bâillement" - est à chercher du côté du cerveau et, plus précisément, du lien entre perception d`autrui et fonctionnement neuronal. Un lien qui prend corps dans une certaines catégories des neurones moteurs : les neurones miroirs. Si les neurones moteurs peuvent être vus comme les microcircuits qui nous permettent de réaliser telle ou telle action, les neurones miroirs sont ceux qui nous permettent de nous voir agir à la place de l`autre. Comme cela est expliqué dans la courte animation ci-dessous, ils correspondent à un phénomène neurologique à l`origine d`un apprentissage "par imitation" et de l`empathie par exemple.
C`est bien ces neurones miroirs qui sont à l`origine de l`échokinésie du bâillement. Des études ayant observé par IRM l`activité neuronale d`un cerveau face à des bâillements ont en effet confirmé le rôle prépondérant de ces neurones miroirs. Problème : la plupart du temps, l`activation de cette catégorie de neurones est corrélée à un blocage moteur. Par empathie, l`individu se voit agir comme l`autre, mais sans que cela ait une conséquence concrète immédiate. Le bâillement est ainsi une sorte d`exception où l`empathie se concrétise ; une exception qui pourrait être due à un processus de sélection naturelle qui permettait à nos ancêtres de maintenir le niveau de vigilance de tout le groupe. Une hypothèse qui prend du crédit quand on sait que plus un individu est concentré sur une tâche, moins il est sensible au caractère contagieux du bâillement.
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