L’ambassade saoudienne attaquée à Téhéran
«Sans aucun doute, le sang de ce martyr versé injustement portera ses fruits et la main divine le vengera des dirigeants saoudiens. »
A l’initative d’étudiants iraniens, des manifestants se sont rassemblés dans les rues de Téhéran dès samedi après-midi pour protester contre l’exécution par l’Arabie saoudite de cet opposant chiite emblématique. Dans la nuit, certains d’entre eux ont pris d’assaut l’ambassade saoudienne de la capitale iranienne.
Cocktail Molotov et saccages
Une vidéo diffusée par divers journalistes iraniens sur Twitter montrait le jet, salué par la foule, de ce qui semblait être un cocktail Molotov sur la façade du bâtiment. Un groupe compact de jeunes hommes finissait par parvenir à passer la porte, sans présence policière visible dans les environs immédiats. D’autres images montraient des casseurs occupés à saccager des salles du rez-de-chaussée, et prétendaient montrer le bureau de l’ambassadeur.
Dans la nuit, l’agence ISNA a diffusé des images du premier étage du bâtiment en flammes. On y voit des pompiers tâcher d’éteindre l’incendie, puis, sous des murs noircis mais sans flammes visibles, les forces de l’ordre en tenue antiémeute aux alentours de la porte, contenant la foule.
Le régime iranien a cependant rapidement tenté de calmer le jeu : la police a chassé les manifestants et évacué l’ambassade dans la nuit. Dimanche matin, le procureur de la capitale iranienne a annoncé à l’agence ISNA que 40 personnes avaient été arrêtées après s’être introduites dans l’ambassade. « L’enquête se poursuit pour identifier les autres responsables de cet incident », a-t-il précisé.
Par ailleurs, le ministère iranien des affaires étrangères a demandé aux manifestants de ne pas s’en prendre aux représentations diplomatiques, et, selon ISNA, à la police d’y empêcher de nouvelles manifestations. Un nouveau rassemblement devait initialement être organisé dimanche.
De nombreuses images postées sur Twitter par des journalistes iraniens montrent que le consulat saoudien de Mashhad, une ville chiite sainte du nord-est du pays, a également été pris pour cible par des manifestants dans la nuit de samedi à dimanche. Ces derniers, selon ces images, se sont massés devant les grilles du consulat, certains tentant même de les escalader.
Tension croissante
Le ton entre les deux puissances régionales rivales est considérablement monté après l’annonce de l’exécution du cheikh Nimr Al-Nimr, considéré comme une figure de la contestation dans le royaume.
Cette annonce a soulevé l’indignation en Iran, majoritairement chiite : Téhéran a alors accusé Riyad de « soutenir » le terrorisme. L’Arabie saoudite a ensuite répliqué en convoquant l’ambassadeur iranien en raison de ces propos « agressifs », estimant qu’ils représentaient « une flagrante ingérence dans les affaires du royaume ».
Les Etats-Unis, allié historique de l’Arabie saoudite, se sont dits « particulièrement préoccupés » par cette exécution et ont appelé les responsables de la région à « redoubler d’efforts pour enrayer l’escalade des tensions régionales »