Agé de 56 ans et arborant une longue barbe grise, il avait fait des études de théologie en Iran. Considéré comme un «instigateur de l`insurrection», il a été arrêté le 8 juillet 2012 et blessé à la jambe en opposant «une résistance aux forces de sécurité».
Son arrestation avait déjà à l`époque déclenché des affrontements avec la police dans les villages chiites de l`est du royaume, riche en pétrole.
Sa condamnation à mort pour «terrorisme», «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d`armes» a été annoncée le 15 octobre 2014 par un tribunal de Ryadh.
Selon son frère Mohammed al-Nimr, l`homme était «un homme religieux, humble, qui menait une vie simple, ce qui le rendait attractif auprès des jeunes».
Il a affirmé que son exécution «provoquerait la colère des jeunes» chiites en Arabie saoudite, appelant toutefois à des «manifestations pacifiques».
Selon lui, après le retour de son frère d`Iran en 1994, Nimr al-Nimr était devenu un «faqih», juriste théologien de l`islam, et jouissait d`une «position spéciale et distinguée» auprès des chiites en Arabie saoudite.
C`est dans la mosquée Imam Hussein à Awamiya, son village natal, qu`il tenait ses prêches du vendredi, «très politiquement engagés», toujours selon son frère Mohammed.
C`est également dans ce village chiite du royaume que les attaques et manifestations contre la police sont courantes.
Il a par ailleurs été brièvement détenu à plusieurs reprises entre 2003 et 2008 pour avoir réclamé la remise en liberté d`activistes, davantage de droits pour la communauté chiite dont le droit des enseignants à exercer dans les écoles, selon son site officiel www.sknemer.com qui est géré par sa famille.
Un farouche opposant au sunnisme et partisan d`une fusion des populations chiites
Mais c`est en 2009 qu`il a commencé à sérieusement irriter les autorités, en appelant à une sécession de l`est de l`Arabie saoudite, une région majoritairement chiite et de sa fusion avec le royaume proche de Bahreïn.
Dans un discours en novembre 2011, suite à la mort de quatre chiites dans la Province orientale, le cheikh Nimr avait appelé à «la remise en liberté de tous les détenus au cours de manifestations et de tous les prisonniers de conscience, sunnites et chiites».
Au cours des funérailles d`un des manifestants de l`époque, il avait assuré: «nous sommes déterminés à réclamer nos droits légitimes par des moyens pacifiques».
Mais en 2012, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre Nimr se réjouissant de la mort du ministre de l`Intérieur de l`époque, le prince héritier Nayef.
«Que les vers le mangent», disait-il, critiquant également les dynasties sunnites régnantes en Arabie saoudite et au Bahreïn où les autorités ont écrasé en 2011, avec l`aide des troupes saoudiennes, un mouvement de protestation animé par la majorité chiite.
Le fils de Nayef, Mohammad ben Nayef, est devenu prince héritier l`an dernier.
«Il est regrettable que le verdict (de sa mise à mort) prenne davantage des allures de vengeance personnelle» plutôt qu`elle ne soit basée sur une preuve criminelle, a affirmé à l`AFP le frère du leader chiite exécuté.
Al Nimr «a prononcé des mots qui peuvent être durs mais il était le porte-parole d`une opinion. Il aurait pu être tenu politiquement responsable» mais pas exécuté, a ajouté le frère.
L`épouse de Nimr étant décédée d`un cancer en 2012, il laisse orphelins un garçon et trois filles. Ses enfants font leurs études aux Etats-Unis à l`exception de sa plus jeune fille qui vit en Arabie saoudite.
Son neveu, Ali al-Nimr, dont l`arrestation alors qu`il était mineur avait suscité de vives critiques des défenseurs des droits de l`Homme dans le monde, est actuellement emprisonné et condamné à mort.
En Arabie saoudite, qui compte 28,5 millions d`habitants, 85 à 90% de la population est sunnite. 10 à 15% sont chiites. Ces derniers sont concentré en immense majorité dans la province d`Ach-Charqiya à l`extrême Est du pays, notamment dans la ville de Al-Qatif, d`où est natif le Cheikh Nimr al-Nimr.
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