Comment l`année 2015 a redessiné le paysage politique

  31 Décembre 2015    Lu: 532
Comment l`année 2015 a redessiné le paysage politique
POLITIQUE - Les deux élections qui ont rythmé 2015 ont confirmé une tendance apparue au cours de 2014: le bipartisme gauche-droite a laissé place à un tripartisme, le Front national s`invitant largement dans le duel que le Parti socialiste et l`alliance Les Républicains-UDI entendaient se livrer. Seulement la campagne des départementales et plus encore celle des régionales ont montré que ce changement de physionomie du paysage politique s`accompagnait d`une redéfinition des stratégies politiques de chaque camp.

A gauche comme à droite, ces mouvements ne se font pas sans heurts et les directions prises par François Hollande et Manuel Valls d`un côté ou Nicolas Sarkozy de l`autre ne font pas toujours l`unanimité. L`année qui s`achève a en effet été marquée par des crispations voire des remises en cause du leadership des dirigeants de chaque famille.

Un clivage économique à gauche

Avant que l`exécutif ne mette son camp à feu et à sang avec la déchéance de nationalité et prenne le risque de le faire exploser, c`est principalement la question économique qui avait mis en lumière les divisions du Parti socialiste. Un texte, la loi dite Macron, a cristallisé tous les débats, obligeant même Manuel Valls à passer en force, via l`article 49-3 de la Constitution pour le faire adopter. De nombreuses dispositions ont mis la gauche du parti vent debout, à commencer par la généralisation du travail le dimanche dans certaines zones touristiques ou l`augmentation du nombre de dimanches travaillés partout sur le territoire.

Louée par le gouvernement car permettant de relancer la croissance donc l`emploi, cette loi qui marque le tournant social-libéré faisait suite au débat sur le pacte de responsabilité de l`année précédente qui avait déjà vu les frondeurs s`activer. Nul doute qu`entre l`aile droite incarnée par Manuel Valls ou Emmanuel Macron et la gauche emmenée par Martine Aubry, le fossé va encore se creuser avec la discussion programmée début janvier sur la réforme du Travail. Sans compter le pacte républicain contre le chômage que le premier ministre aimerait mettre sur pied y compris avec des personnalités d`opposition comme Jean-Pierre Raffarin.

La droite partagée sur son envie d`ouverture

A droite, en revanche, même si des nuances existent sur le plan économique (tous les acteurs ne plaident pas pour la révolution libérale sur laquelle mise François Fillon) la ligne de fracture qui est particulièrement apparue en 2015 concerne avant tout la capacité du parti Les Républicains à s`ouvrir sur le monde. A ce titre, la crise des réfugiés qui a secoué l`Europe au sortir de l`été a servi de révélateur. Faut-il en revenir à un contrôle national des frontières (sortir de Schengen et prôner une certaine forme de souverainisme) ou est-il préférable de se tourner vers les instances européennes pour mutualiser le contrôle? Participe-t-on à l`effort collectif national d`accueil des réfugiés ou privilégie-t-on les solutions hors du territoire national? Voilà deux questions qui ont divisé l`opposition. La course derrière le Front national qui a fait du patriotisme son mantra a conduit certains à répondre par un repli sur soi quand d`autres, de sensibilité plus centriste ont montré davantage de signes d`ouvertures.

A tel point que certains n`hésitent plus à pronostiquer la fin du traditionnel clivage gauche-droite et l`apparition de nouvelles lignes de séparation sur l`échiquier politique, l`une des plus naturelle divisant les responsables selon qu`ils sont nationalistes ou mondialistes. "Le FN est à un niveau tel que les élus et une partie des Français ont intériorisé l`idée qu`on est au bout du système. On sent que c`est en train de craquer. Cette recomposition est inéluctable", estimait Brice Teinturier, directeur général de l`institut Ipsos, sur France 3 dans la foulée des régionales.

Majorité de circonstance ou reconfiguration plus durable?

Dans cet esprit, de nouvelles majorités pourraient se créer, parfois de circonstance ou peut-être plus durables. "Il y a une prise de conscience au sein du grand bloc central. Sur l`Europe, sur l`économie, sur la dimension sociale de protection, il y a des lignes de convergence et c`est parce qu`ils font mine de s`affronter de manière artificielle que les Français ont l`impression d`un théâtre d`ombre", ajoute le politologue. Les électeurs paraissent effectivement demandeurs d`une nouvelle donne. Un sondage Odoxa publié par Le Parisien le 15 décembre montrait que 68% des personnes interrogées estiment qu`un rapprochement gauche-droite serait constructif pour le pays.

Avec qui pour jouer les passerelles? Le graphique ci-dessous tente d`offrir une nouvelle grille de lecture du jeu politique. Chaque personnalité a été placée selon ses prises de position sur les plan économique et social et son appétence pour une souveraineté supranationale; plus il est interventionniste plus il est à gauche, plus il est libéral, plus il est à droite. Plus il est souverainiste, plus il est en bas, plus il est pro-européen, plus il est en haut.

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