Migrations: «L'Europe risque de perdre son âme»

  28 Juin 2018    Lu: 847
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Angela Merkel a averti jeudi que le «destin» de l'Europe était en jeu avec la question migratoire. Elle a fustigé le tout-sécuritaire et le chacun pour soi.

Le destin de l'Union européenne (UE) dépendra de son aptitude à relever le défi des questions migratoires, a déclaré jeudi la chancelière allemande, Angela Merkel. Elle s'exprimait devant le Bundestag juste avant l'ouverture du Conseil européen de Bruxelles.

«L'Europe a beaucoup de défis mais celui lié à la question migratoire pourrait décider du destin de l'Union européenne», a-t-elle déclaré devant la chambre des députés allemands, en appelant à des solution «multilatérales» et non «unilatérales» de la part des pays membres.

«Plus personne ne croira à nos valeurs»

La chancelière, elle-même sous intense pression politique sur le sujet dans son pays, a mis en garde contre le risque pour l'Europe de perdre son âme si elle devait opter pour le tout-sécuritaire et le chacun pour soi face aux migrants, au moment où de nombreux gouvernements de l'UE prônent la fermeté sur ce dossier.

«Soit nous trouvons une solution de manière à ce qu'en Afrique et au-delà les gens aient le sentiment que nous sommes guidés par des valeurs, et que nous prônons le multilatéralisme et non l'unilatéralisme, soit plus personne ne croira à nos valeurs, celles qui nous ont rendus si forts», a jugé Mme Merkel.

Vers une«coalition des volontaires»?

«Beaucoup de choses sont en jeu» sur le dossier migratoire, à l'origine de vives tensions entre capitales européennes, illustrées ces dernières semaines par les accrochages diplomatiques autour des bateaux d'ONG transportant des migrants, a-t-elle ajouté.

Mme Merkel a appelé de ses voeux la création d'une «coalition des volontaires» parmi les 28 pays de l'UE pour conclure des accords permettant le renvoi des migrants dans le premier pays où ils ont été enregistrés.

«Ce n'est certainement pas une solution parfaite mais c'est un début» pour contrôler les déplacements des demandeurs d'asile au sein de l'UE, qui n'ont pas le droit de choisir leur pays d'accueil, a-t-elle dit. Reste à savoir si cette amorce de solution sera suffisante pour sauver politiquement Angela Merkel dans son pays.

Crise interne

L'aile droite de sa fragile coalition gouvernementale exige que des mesures concrètes sur le sujet soient décidées lors du sommet de jeudi et vendredi à Bruxelles.

A défaut, le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer, président du parti bavarois très conservateur CSU, menace de manière unilatérale de refouler dès la semaine prochaine à la frontière allemande les migrants déjà enregistrés ailleurs. Une telle mesure pourrait provoquer l'éclatement de la coalition gouvernementale et de nouvelles élections.


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