"Bien entendu, nous ne reconnaissons pas comme légitimes les activités de ce nouveau soi-disant mécanisme d'arbitrage", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov aux agences de presse russes. Lors d'un vote à huis clos à La Haye où siège l'OIAC, 82 pays ont voté en faveur d'une résolution avancée par le Royaume-Uni avec le soutien de la France et des États-Unis notamment, et 24 s'y sont opposés. Suspectée d'avoir récemment employé des substances toxiques, ce qu'elle dément, la Syrie y était particulièrement hostile.
Son alliée la Russie, présente militairement en Syrie depuis septembre 2015 et accusée d'avoir empoisonné un ex-agent double russe en Angleterre, ce que le Kremlin réfute résolument, s'opposait également à cette résolution. Ce vote "porte un très grave coup à la convention et à l'OIAC", a ainsi dénoncé M. Riabkov, prédisant de "difficiles conséquences".
"Les perspectives et le futur de cette convention deviennent très flous", a ajouté M. Riabkov, chargé de la non-prolifération des armes à destruction massive. "Et nous allons tirer de sérieuses conclusions de ce qui a eu lieu", a-t-il ajouté. Après le vote, l'ambassadeur à La Haye, Alexandre Choulguine a comparé l'OIAC au Titanic "en train de couler". Interrogé sur la possibilité que son pays se retire de l'organisation, il a répondu que "toutes les options sont sur la table". Pour Moscou, l'OIAC est une organisation "purement technique" qui ne peut se substituer au Conseil de sécurité de l'ONU.
"La bonne question est de savoir où et qui devrait s'occuper des attributions (des attaques). Dans notre esprit, il n'y a pas d'autre organisme international (légitime à le faire) que le Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré M. Choulguine. L'OIAC doit très prochainement dévoiler un rapport sur l'attaque présumée au sarin et au chlore du 7 avril à Douma, près de Damas. A plusieurs reprises, Moscou a assuré que l'attaque de Douma a été mise en scène par les sauveteurs volontaires syriens, connus sous le nom de Casques blancs.
Le Figaro