En Irak, la passion du Mondial à moindre coût  

  26 Juin 2018    Lu: 1223
En Irak, la passion du Mondial à moindre coût  

Abonnements aux chaînes détentrices des droits trop onéreux, maillots officiels hors de prix... En Irak, où comme dans d'autres pays le football est roi, les passionnés ont trouvé le moyen de participer au Mondial-2018 à leur façon, au moindre coût possible.

Dans un café du centre de Bagdad, Hassan al-Sayyed a installé un écran géant dans l'espace spécialement aménagé pour l'occasion, capable d'accueillir tous les soirs une centaine de personnes.

"Le coût de l'abonnement aux chaînes payantes retransmettant les compétitions est très élevé", affirme le propriétaire de l'établissement.

En Irak, un abonnement d'un mois pendant la Coupe du monde coûte environ 100 dollars, pour un salaire mensuel moyen oscillant entre 400 et 700 dollars.

Faute de pouvoir s'offrir cet abonnement, certains optent donc pour le piratage. Mais M. Sayyed, lui, a plutôt parié sur l'affluence que connaît son café depuis le début de la compétition pour rentabiliser son achat.

En ce jour de confrontation entre la Russie et l'Egypte (3-1), Mohammed Hassan déborde d'enthousiasme pour l'équipe des Pharaons et pour Mohamed Salah, l'attaquant vedette de Liverpool. Autour de lui, la fumée des narguilés a envahi le café.

"Nous venons ici quotidiennement pour regarder les matches, pour des raisons économiques principalement", assure-t-il, affirmant être incapable de payer l'abonnement aux chaînes payantes.

Et même s'il soutient également les équipes d'Argentine et d'Espagne, il rêve de voir un jour l'Irak se qualifier pour une Coupe du monde, comme ce fut le cas, une seule fois, en 1986 au Mexique.

- "Plaisir gratuit!" -

A quelque 300 km plus au nord, dans l'ancien bastion du groupe Etat islamique (EI) libéré il y a près d'un an, les jeunes Mossouliotes aussi se retrouvent dans les cafés pour assister aux matches, après avoir été privés de ce plaisir sous le joug des jihadistes.

"Ici le coût est moindre. Nous payons uniquement ce que nous consommons en boissons, le plaisir, lui, est gratuit!", s'exclame Amir Moufak, 21 ans.

Mohammed al-Achrini s'énerve malgré tout contre les autorités. "Certains pays ont acheté les droits de la Coupe du monde et les matches sont retransmis gratuitement sur une chaîne locale pour le plus grand bonheur des gens. Pourquoi l'Irak ne fait-il pas de même?"

Les cafés ne sont pas les seuls endroits qui concentrent cette passion dévorante du ballon rond. Dans de nombreuses échoppes spécialisées à travers le pays, notamment à Bagdad, les maillots flanqués des numéros des plus grandes stars du football ont envahi les vitrines.

Sayyed Moussaoui dirige l'un des plus célèbres magasins sportifs de la capitale. Mais la baisse du pouvoir d'achat des Irakiens l'a poussé à se tourner vers les maillots de fabrication chinoise, beaucoup moins chers.

"Nous connaissons l'appétit des jeunes pour les maillots des équipes (participant au Mondial) et nous passons commande six mois avant le début de la compétition", dit-il.

Le prix d'un maillot original peut atteindre 90 dollars, tandis que ceux qui viennent de Chine ne coûtent que 12 dollars, ajoute ce commerçant de 50 ans.

Les maillots des grandes équipes sont toujours les plus vendus, mais des surprises sont parfois à l'ordre du jour.

Ainsi, lors des deuxièmes matches de poule, le Nigeria a battu l'Islande (2-0), une victoire qui a redonné à l'Argentine de meilleures chances de qualifications pour les 8e de finale, malgré son revers face à la Croatie.

Les supporters de l'équipe de Lionel Messi ont alors "envahi le magasin, réclamant tous des maillots du Nigeria!", raconte M. Moussaoui.


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