Nouvelle plainte déposée contre Samsung

  25 Juin 2018    Lu: 1430
Nouvelle plainte déposée contre Samsung

Deux ONG ont annoncé lundi le dépôt d'une nouvelle plainte pour pratiques commerciales trompeuses, cette fois avec constitution de partie civile, contre le géant coréen de l'électronique grand public Samsung et sa filiale française, Samsung Electronics France (SEF).

Sherpa et ActionAid France-Peuples solidaires souhaitent dans un communiqué que soit sanctionné "l'écart inacceptable" entre les engagements éthiques dont Samsung a fait un argument commercial et les violations présumées, dénoncées par d'autres ONG, dont China Labor Watch (CLW), des droits des travailleurs de ses usines de Chine, du Vietnam et de Corée.

Une première plainte de Sherpa, limitée à SEF, avait été classée sans suite en 2014. La filiale française de Samsung s'était alors défaussée de sa responsabilité sur la maison mère.

Sherpa et ActionAid France avaient déposé en janvier 2018 une plainte simple auprès du parquet de Paris () visant aussi, cette fois, la maison mère.

Samsung avait alors réagi en déclarant respecter "scrupuleusement" les normes internationales et locales en matière de travail, notamment de travail des enfants.

Transmise au parquet de Bobigny, cette deuxième plainte a également été classée sans suite.

Les deux organisations non gouvernementales, qui se donnent pour objectif la défense des victimes de crimes économiques, déplorent qu'elle n'ait donné lieu à aucun acte d'enquête et y voient un manque de volonté de poursuivre des multinationales.

Elles ont décidé de monter d'un cran la pression en se constituant parties civiles, ce qui permet de demander directement à un juge d'instruction, en l'occurrence le doyen des juges d'instruction du tribunal de Paris, d'enclencher une enquête.

Sur son site internet, Samsung s'engage à "appliquer un strict code de conduite" à son personnel et dit faire de la "gestion éthique" un moyen de "construire la confiance" avec ses clients, employés, actionnaires et partenaires professionnels.

Mais selon CLW, basée à New York, ou des ONG coréennes, ces principes sont battus en brèche par les pratiques du groupe. Un constat sur lequel s'appuient Sherpa et ActionAid France pour demander à la justice française de reconnaître et sanctionner un "délit de pratiques commerciales trompeuses".

CLW fait ainsi état de l'emploi de jeunes de moins de 16 ans, de conditions de travail "incompatibles avec la dignité humaine" et d'horaires abusifs dans des usines où sont notamment fabriqués des smartphones, précisent Sherpa et ActionAid France.

L'ONG coréenne Sharps (Supporters for the health and rights of people in the semiconductor industry) évoque pour sa part des cas d'empoisonnement par des substances toxiques utilisées dans ces usines, comme le benzène et le méthanol.

"Sharps a répertorié près de 320 cas de maladies graves dont 118 morts suspectes d'anciens ouvriers ou ouvrières de Samsung", écrivent Sherpa et ActionAid France dans leur communiqué.

Les deux associations rappellent que le gouvernement et des tribunaux coréens, donc la Cour suprême de Corée du Sud en août 2017, ont établi des liens entre les conditions de travail chez Samsung Electronics, dont l'utilisation de substances toxiques, et les maladies incurables de salariés.

Sherpa diffuse sur facebook (https://www.facebook.com/assosherpa/videos/ https://www.facebook.com/assosherpa/videos/10156607752657764 des extraits de témoignages, enregistrés par Sharps et une autre ONG, d'une ouvrière sud-coréenne de Samsung souffrant à 36 ans d'une sclérose systémique et de la mère d'une autre salariée, décédée d'un cancer à 28 ans.

"Par ailleurs, de nouveaux éléments révèlent que les mauvaises conditions de travail et l'exposition aux produits chimiques dénoncés en Corée du Sud se retrouveraient dans les usines de Samsung au Vietnam, où l'entreprise fait produire plus de 50% de ses téléphones, ajoutent Sherpa et ActionAid France.

Le Figaro


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