Allemagne : ultimatum pour Angela Merkel sur les migrants

  18 Juin 2018    Lu: 846
Allemagne : ultimatum pour Angela Merkel sur les migrants

L'aile droite de la coalition au pouvoir va lancer lundi un défi à la chancelière afin qu'elle durcisse la politique d'accueil des migrants en Allemagne.

L'aile droite de la coalition gouvernementale en Allemagne compte fixer lundi un ultimatum à Angela Merkel pour qu'elle restreigne l'accueil des migrants aux frontières, faute de quoi le pays plongera dans une grave crise politique.
"C'est la journée où le destin d'Angela Merkel et celui du gouvernement se décide", estime le quotidien Bild, le plus lu du pays. En toile de fond, les péripéties de 630 migrants secourus en mer qui sont arrivés dimanche en Espagne, épilogue d'une semaine d'errance en Méditerranée qui a illustré des fractures au sein de l'UE sur la question migratoire.

En Allemagne, l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016 a créé une onde de choc politique dans le pays qui ne faiblit pas. Elle a d'abord contribué, comme en Italie ou en Autriche, à l'essor de l'extrême droite, et en même temps provoqué des déchirements au sein du camp conservateur de la chancelière. L'aile la plus radicale sur les migrants de sa fragile coalition gouvernementale (qui va de la droite dure aux sociaux-démocrates), le parti bavarois CSU, veut imposer un tour de vis à la politique d'immigration nationale. Objectif : refouler dorénavant tous les migrants à la frontière qui ont déjà été enregistrés dans un autre pays à leur arrivée dans l'UE.

La chancelière centriste refuse. Elle redoute qu'un tel cavalier seul ne crée le chaos et n'obère toute chance d'obtenir un solution commune en Europe. "Il s'agit d'un défi européen qui nécessite une réponse européenne", a-t-elle dit ce week-end, prévenant que la "cohésion de l'Europe" était en jeu. Mais l'Union chrétienne-sociale CSU, qui se prépare à de difficiles élections régionales en Bavière en octobre, perd patience. Elle accuse la chancelière et son parti démocrate-chrétien (CDU), avec lequel elle est pourtant alliée depuis 1949, de laxisme. La direction de la CSU se réunit lundi matin à Munich avec l'objectif d'autoriser son président Horst Seehofer, également ministre fédéral de l'Intérieur, à défier Angela Merkel en imposant les refoulements aux frontières par décret.

S'il passait immédiatement à l'acte, la chancelière n'aurait d'autre choix que de le limoger, ce qui provoquerait l'éclatement de la coalition au pouvoir depuis seulement trois mois et probablement de nouvelles élections. Le ministre de l'Intérieur semble toutefois désormais disposé à accorder un délai de deux semaines à Angela Merkel, jusqu'à un sommet de l'UE fin juin, pour qu'elle négocie un accord sur le refoulement des migrants. A défaut, ce sera la crise. "Il est essentiel que le sommet de l'UE prenne enfin des décisions fin juin", a averti Horst Seehofer, dans une tribune publiée lundi par le quotidien FAZ. "La situation est grave mais encore soluble", a-t-il ajouté.


Tags:


Fil d'info