Pour le dirigeant libéral, qui s’exprimait sur "l’avenir de l’Union européenne" devant le Parlement européen, un tel budget, qui serait mis à contribution pour rétablir les déséquilibres monétaires au sein de la zone euro, n’est ni nécessaire, ni conforme à la promesse faite aux citoyens.
"La promesse de base de l’euro, c’était que nous pourrions tous jouir d’une plus grande prospérité mais pas d’une redistribution de la prospérité", a-t-il affirmé.
Critiquant la tendance des Etats membres "à conclure de nouveaux accords avant que les accords existants soient pleinement mis en Å“uvre", il a estimé que le pacte de stabilité et de croissance était actuellement suffisant.
Ses règles imposent aux Etats de maintenir leur déficit budgétaire en dessous de 3% et leur dette publique en dessous de 60 % du PIB.
"Si les 19 pays de la zone euro mettaient leurs budgets et leurs dettes publiques en ordre, ce serait suffisant en matière de stabilisation. Ça aussi, c’est un accord qui existe, au titre du pacte de stabilité et de croissance", a estimé Mark Rutte.
Dans l’hypothèse d’une défaillance toujours possible d’un pays, il a estimé que le Mécanisme européen de stabilité, un fonds créé après la crise de 2008, était un filet de sécurité suffisant. La Commission européenne propose de le transformer en un Fonds monétaire européen.
La France et l'Allemagne tentent de se mettre d'accord sur une "feuille de route" pour la réforme de la zone euro qui doit, selon Paris, prévoir un budget suffisant pour contrer les chocs.
"N’oublions pas que des centaines de milliards d’euros sont déjà disponibles dans le budget européen afin de soutenir les réformes structurelles à l’échelon national", a poursuivi le Premier ministre néerlandais, plaidant, là aussi, pour des économies.
"Pour les Pays-Bas, il est logique que le budget soit revu à la baisse après le Brexit", a affirmé Mark Rutte.
S’agissant des négociations en cours sur le futur cadre budgétaire pour la période 2021-2027, il a plaidé pour que l’UE se montre "sérieuse en matière de réformes en réattribuant des fonds pour les priorités de demain".
"Nous ne pouvons pas faire face au XXIe siècle avec un budget qui reflète les réalités des dernières décennies. Actuellement, l’agriculture et les fonds structurels engloutissent jusqu’à 70% du budget. Dépenser moins dans ces domaines permettra d’avoir des fonds pour les nouvelles priorités", a-t-il assuré.
Là aussi, ces propos sont en contradiction totale avec les revendications de la France, qui réclame le maintien des aides de la PAC dans les prochaines perspectives pluriannuelles.
Le Figaro