Interrogées par l’AFP, les autorités n’ont pas voulu confirmer le plan d’expulsion. Mais une porte-parole du ministère, Gillian Christensen, a indiqué que « la frontière américaine n’était pas ouverte à l’immigration illégale»:
« Si des personnes viennent ici illégalement, ne peuvent bénéficier de l’asile ou d’autres formes de titres de séjour et font l’objet d’un ordre d’expulsion, elles seront renvoyées. »
A ce stade, rien n’est vraiment acté : le plan d’expulsion est « controversé » jusqu’au sein de l’administration Obama et n’a pas encore reçu de feu vert final, selon le Washington Post.
Il aurait cependant les faveurs du ministre de la sécurité intérieure, Jeh Johnson, d’autant plus qu’un nouvel afflux de familles en provenance d’Amérique centrale est observé depuis plusieurs semaines. Plus de 12 500 migrants ont été arrêtés en « famille » en octobre et novembre, soit une hausse de 173 % sur les mêmes mois en 2014.
Thème politique sensible
Michelle Brané, de l’ONG Women’s Refugee Commission, citée par le Guardian, a vertement critiqué le projet :
« Prendre des femmes et des enfants pour les renvoyer dans un des endroits les plus dangereux du monde, le tout pendant les vacances de Noël, est extrêmement décevant et ne correspond pas à la politique que le gouvernement avait pourtant dit vouloir conduire au sujet des migrations et des réfugiés. »
L’immigration clandestine est un thème sensible de la vie politique américaine. Le projet d’expulsions massives a fait l’unanimité contre lui dans le camp des candidats démocrates à l’investiture présidentielle. Hillary Clinton, par la voix d’une porte-parole, s’est dite « très préoccupée », tandis que Martin O’Malley a jugé le projet « contraire à notre identité nationale ». Bernie Sanders a appelé à « prendre des mesures pour protéger les enfants et les familles qui viennent se réfugier chez nous, pas les expulser ».
Flambée de violence en Amérique centrale
La question est encore plus sensible côté républicain, où les candidats sont divisés sur l’attitude à adopter face aux sans-papiers, entre fermeté pour satisfaire leur aile droite et attitude plus conciliante pour plaire à l’électorat hispanique. Le candidat dominant la course des primaires républicaines, Donald Trump, a salué le projet dans un tweet. « Wow, grâce à la pression que j’ai mise, les expulsions de grande ampleur vont commencer. Il était temps ! », a écrit le milliardaire, connu pour ses sorties contre les immigrés clandestins.
L’un des facteurs de cet afflux est la violence de certains pays d’Amérique centrale, comme le Salvador, le Guatemala et le Honduras, qui comptent les taux d’homicide parmi les plus élevés du monde. Le Salvador a d’ailleurs connu une nouvelle accélération de la violence cette année, alimentée notamment par la guerre entre deux gangs, Mara Salvatrucha et Barrio 18.
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