Bon, je fais manifestement de la projection, car je n’ai aucune idée comment les vers de terre se sentent quand il pleut!
Quoiqu’il en soit, on a tous déjà remarqué à quel point les trottoirs se remplissent de lombrics lorsqu’il pleut. Pourquoi font-ils ça? Sont-ils conscients du risque?
Pendant de nombreuses années, les scientifiques ont cru que les vers de terre s’enfuyaient de leurs tunnels pour ne pas s’y noyer. L’eau sursaturant la terre lors d’un épisode de pluie abondante, les couloirs faits par nos amis gluants se remplissent d’eau. Qui voudrait mourir ainsi?
Or, les biologistes en apprennent toujours un peu plus sur les 2700 espèces (!) de vers de terre et ils se sont rendus compte que, oups, ceci n’est pas tout à fait vrai.
L’affaire, c’est que les vers de terre ne respirent pas comme les mammifères, ni même comme les insectes. Ils font passer l’oxygène et le dioxyde de carbone à travers leur peau. Pour que cet échange se fasse, il faut que la peau des vers de terre soit humide. Les lombrics produisent d'une part du mucus pour assurer une base d’humidité, d’où le fait qu’ils sont bien gluants. D’autre part, l’humidité de la terre fait en sorte que ce mucus ne se dessèche pas. Ainsi, les vers de terre sont généralement bien en mesure de respirer dans des tunnels submergés d’eau, tant que l’eau contient suffisamment d’oxygène.
Cela dit, sur les 2700 espèces de vers de terre, certaines absorbent de l’oxygène plus lentement que d’autres. Comme on peut se l’imaginer, celles qui en consomment plus rapidement ont plus de chance de sortir de terre.
Quelle est l’hypothèse la plus sérieuse sur la table? Des chercheurs pensent que les vers de terre sortent de terre lorsqu’il pleut pour s’accoupler ou migrer vers un autre bout de terrain. C’est plus facile de faire ces activités hors de leurs tunnels de terre. Et puisqu’il pleut, l’humidité de leur peau est garantie! C'est gagnant gagnant!
Cette hypothèse semble confirmée. Comme le mentionne Phil Nixon dans cet article de l’Université d’Urbana-Champaign en Illinois, si l’hypothèse de la noyade était vraie, il y aurait des vers de terre de tous les âges en train de ramper sur la terre lors d’averses. Or, la grande majorité des vers de terre sont des adultes en âge de se reproduire. Tiens, tiens.
Il ne faut pas oublier qu'en sortant de terre, les vers s'exposent aux oiseaux, aux piétons, aux cyclistes et aux véhicules, sans compter le danger de sécheresse (et donc de mort). Voilà qui est embêtant.
Seulement, la pulsion de reproduction serait suffisante pour contrer les risques associés à voyager sur la surface. Tadam!
Ainsi, même si les vers de terre vont à la surface lorsqu'il pleut, ce ne sont pas tous les vers qui le font (il peut y avoir un million de vers de terre sur un seul acre de terre, imaginez). Également, le risque est compensé par la promesse de reproduction.
Bref, le ver de terre est notre ami!
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