Mali: état d`urgence jusqu`au 1er janvier

  23 Décembre 2015    Lu: 762
Mali: état d`urgence jusqu`au 1er janvier
Le Mali est officiellement passé mardi sous état d`urgence jusqu`à la fin de l`année, pour la deuxième fois depuis l`attaque contre un grand hôtel de Bamako en novembre, alors qu`une dizaine de jihadistes ont été «neutralisés» par l`armée française.
Par ailleurs, dans un rapport, la division des droits de l`Homme de la Mission de l`ONU au Mali (Minusma) a dénoncé des «violations graves du droit international» lors de l`attaque d`une localité du nord du pays par la Coordination des mouvements de l`Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) puis lors de sa reprise par les forces pro-gouvernementales.

Deux civils ont été tués pendant l`attaque de la CMA sur le village de Tin Hama, et le lendemain, six autres ont été victimes d`exécutions sommaires, et leur communauté, soupçonnée de sympathies pour les rebelles, a été expulsée sous la menace, soit près de 230 personnes, selon ce rapport, confirmant le récit recueilli à l`époque auprès des protagonistes.

La Minusma condamne les violations du droit international par les groupes armés et déplore en particulier qu`aucune enquête judiciaire n`ait été ouverte, ainsi que la passivité des forces armées, réclamant du gouvernement une enquête «concernant le comportement des troupes stationnées à Tin Hama les 20 et 21 mai, et leur implication, active ou passive» dans ces exactions.

Les combats entre CMA et groupes pro-Bamako se sont poursuivis malgré la signature d`un accord de paix en mai-juin, mais ont cessé depuis la conclusion de «pactes d`honneur» entre les belligérants le 16 octobre, au terme de trois semaines de rencontres à Anéfis, dans le nord-est du pays.

Depuis, la menace jihadiste, un temps éclipsée par ces affrontements, est revenue au premier plan, avec en particulier le 20 novembre l`attaque de l`hôtel Radisson Blu de Bamako, qui a fait 20 morts, dont 14 clients étrangers, en plus des deux assaillants, selon le bilan officiel.

L`attentat a été revendiqué le jour même par le groupe Al-Mourabitoune de l`Algérien Mokhtar Belmokhtar, en coordination avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les deux formations annonçant ensuite avoir scellé à cette occasion leur alliance.

`Eviter les attroupements`

Les militaires français de l`opération Barkhane de lutte contre le jihadisme dans le Sahel ont d`ailleurs «neutralisé» dans la nuit du 19 au 20 décembre «une dizaine de terroristes», lors d`une opération visant des membres d`Al-Mourabitoune dans la région de Méanka, près de la frontière du Niger, a annoncé mardi le ministère français de la Défense.

Peu après, le gouvernement malien a proclamé l`état d`urgence pour dix jours en raison de «l`évolution de la situation sécuritaire au Mali et dans la sous-région», selon un communiqué officiel publié lundi soir après un Conseil des ministres extraordinaire sur la sécurité.

Cette mesure d`exception donne notamment plus de possibilités d`interventions aux forces de sécurité et restreint les rassemblements.

Interrogé par l`AFP sur d`éventuelles menaces spécifiques, un ministre malien a répondu, sous couvert d`anonymat: «Même en France, à l`approche des fêtes de fin d`année, il y a des mesures qui sont prises. Le Mali a le devoir de prendre les devants».

«Pour les fêtes de fin d`année, il faut éviter les attroupements. L`ennemi peut profiter de ces attroupements», a-t-il estimé.

L`attentat du 20 novembre avait également été revendiqué par le Front de libération du Macina (FLM), formation jihadiste apparue récemment dans le centre du pays, «avec la collaboration d`Ansar Dine», groupe jihadiste de l`ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l`armée face à la rébellion à dominante touareg, d`abord alliée à ces groupes qui l`ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l`initiative de la France, d`une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

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