Le conseil de surveillance du plus grand constructeur mondial doit remplacer le PDG Matthias Müller par Herbert Diess, actuel responsable de la marque VW au sein du groupe, selon plusieurs médias.
Volkswagen avait annoncé mardi qu'il "envisageait" des "changements" à sa tête, sans confirmer ni démentir les informations de presse sur le départ de son patron.
Dans un communiqué destiné aux investisseurs, le groupe avait simplement précisé que M. Müller s'était dit "disposé à contribuer aux changements".
Matthias Müller avait été appelé à la rescousse par Volkswagen en 2015 au plus fort du scandale des moteurs diesel truqués pour remplacer l'ancien patron, Martin Winterkorn, contraint à la démission.
Ancien président de la filiale Porsche, M. Müller avait signé un contrat jusqu'en 2020 et lancé une restructuration massive tournée vers l'électrification et la réduction des coûts, destinée à sortir Volkswagen de la tourmente.
- Moins vulnérable ? -
"M. Müller est arrivé très clairement comme gestionnaire de crise, et la grande partie de cette tâche est désormais accomplie", a commenté Jürgen Pieper, analyste automobile à la banque Metzler contacté par l'AFP.
Le scandale, qui a valu au groupe une série de plaintes aux Etats-Unis et des perquisitions dans ses bureaux allemands, a depuis coûté en rappels de véhicules et procédures judiciaires quelque 25 milliards d'euros au constructeur.
Volkswagen est accusé depuis 2015 d'avoir modifié les logiciels de 11 millions de ses voitures diesel pour masquer le niveau réel de leurs émissions d'oxydes d'azote (NOx), un gaz très polluant associé à des troubles respiratoires et cardiovasculaires.
Si le nouveau patron Herbert Diess est lui aussi la cible d'une des nombreuses procédures en cours, son arrivée tardive chez Volkswagen le rend moins vulnérable aux épisodes judiciaires, s'accordent les observateurs.
"Une évolution dans une autre direction est positive", a estimé Jürgen Pieper, qualifiant M. Diess de "très bon gestionnaire des coûts", qui apparaît à ses yeux comme "la meilleure solution pour la succession, au moins pour les prochaines cinq années".
M. Diess, qui bénéficie du soutien des actionnaires principaux, les familles héritières Porsche-Piëch, devrait devenir à la fois chef de la marque et du groupe Volkswagen, à l'image du "super-patron" qu'était M. Winterkorn.
- Clarifier la voie -
M. Diess a été appelé en 2015 par ces deux familles pour redresser VW, et peut se targuer d'avoir doublé en deux ans la rentabilité de la marque, redressant du même coup les comptes du groupe: le constructeur a renoué l'an dernier avec des profits record, faisant plus que doubler son bénéfice net à 11,35 milliards d'euros.
Au-delà du président, des changements sur d'autres postes du directoire devraient être entérinés jeudi, plusieurs médias évoquant notamment le départ du responsable des ressources humaines, Karlheinz Blessing.
Son remplacement par l'actuel porte-parole du comité d'entreprise, Gunnar Kilian, est interprété comme une concession aux syndicats, dont la relation avec M. Diess a été émaillée de conflits.
Mais malgré les airs de renouveau et la volonté affichée d'accélérer l'électrification en partie lancée par M. Diess, Volkswagen doit encore clarifier sa voie, entre déclin du diesel, pourtant stratégique pour l'industrie automobile allemande, et essor des mobilités électriques et autonomes.
Sur les modèles haut-de-gamme électriques en particulier, les constructeurs allemands peinent pour l'instant à rattraper la concurrence, notamment américaine. Et si M. Diess est connu pour son ouverture vers ce nouveau monde, il a aussi martelé début mars: "nous avons besoin du diesel, le diesel a un avenir".
Tags: Volkswagen