Internet, portail des lieux du commun

  17 Octobre 2015    Lu: 1144
Internet, portail des lieux du commun
De Wikipédia aux logiciels libres, des Creative Commons à l`Open Access, l`informatique et Internet ont fait émerger de nouveaux «biens communs». Quelle place leur donner ? La question est au cœur du débat sur le projet de loi numérique.

C’est une longue histoire, à éclipses, qui court des bois communaux du Moyen-Age jusqu`à Wikipédia. Depuis quelques années, un mouvement en faveur des «biens communs» s’emploie à revivifier un espace qui ne relève ni de l’Etat ni de la propriété individuelle exclusive. Dans l’espace francophone, il a jusqu’à dimanche son festival, «Le temps des communs», initié par l’association française Vecam.

Un «commun», explique Valérie Peugeot, chercheuse à Orange Labs et présidente de Vecam, c’est «une ressource partagée, ni privée ni publique, matérielle ou immatérielle, gérée par une communauté qui met en place des règles de gouvernance». Et qui «se caractérise par un agencement différent des attributs de la propriété», la trilogie usus (le droit d’usage), fructus (le droit de recueillir les fruits d`un bien) et abusus (le droit de disposer d’un bien), poursuit l’informaticien Philippe Aigrain, cofondateur de l’association la Quadrature du Net et auteur, en 2005, de Cause commune (Fayard).

Une communauté des usagers universelle

Ce «retour des communs» – titre d’un ouvrage collectif paru en mai dernier, sous la direction de l’économiste Benjamin Coriat – s’opère à la double lumière d’une crise écologique planétaire et d’un réseau mondialisé. Les travaux pionniers de l’Américaine Elinor Ostrom ont d’abord porté sur les biens communs physiques, via l’étude des modes de gestion des ressources naturelles par des communautés locales. La révolution numérique est venue en modifier les contours. «L’Internet et le Web ont été pensés comme des "communs", avec des protocoles ouverts et des ressources partagées», souligne Valérie Peugeot.

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