JO2022: La Chine explose le budget pour fabriquer de la neige

  27 Février 2018    Lu: 2427
JO2022: La Chine explose le budget pour fabriquer de la neige

L'empire du Milieu met le paquet pour accueillir les Jeux d'hiver. Les coûts devraient dépasser d'au moins un demi-milliard de dollars.

Nouveaux stades, autoroute, stations de ski, ligne TGV, logement des athlètes: à l'heure où les JO d'hiver de Pyeongchang viennent de s'achever, la Chine explose déjà le budget pour la prochaine édition, qu'elle accueillera à Pékin en 2022.

Sur les futurs sites des Jeux, des collines sont redessinées pour y construire des pistes enneigées, des zones d'habitation sont rasées et trois villages olympiques devraient sortir de terre. Et la facture des chantiers olympiques grimpe: elle dépassera d'au moins un demi-milliard de dollars le budget mentionné dans le dossier de candidature de Pékin, selon des appels d'offres consultés par l'AFP.

Pékin avait dépensé au total environ 40 milliards de dollars pour l'organisation des JO d'été en 2008. L'événement, organisé de main de maître, avait été vécu en Chine comme le grand retour du pays au premier plan international. Beaucoup d'installations avaient cependant été désertées après les Jeux. Ce sera différent cette fois, assure Pékin: le stade emblématique des Jeux de 2008 - le «Nid d'oiseau» - sera réutilisé, le développement durable mis à l'honneur et les nouvelles installations reconverties.

Vaches et TGV

Mais à Chongli, un district voisin de la capitale chinoise qui accueillera des épreuves de snowboard et de ski, des milliers de paysans sont actuellement expropriés. Le village de Taizicheng, où seront construits des logements pour les athlètes et une gigantesque gare, a déjà été rasé. Quant aux maisons en briques de Qipanliang, où habitaient 300 familles, elles sont désertées et attendent d'être démolies, pour faire place à une autoroute et une ligne ferroviaire à grande vitesse.

Ying Gui, 64 ans, fait partie des derniers villageois présents. «On partira quand on aura vendu tout ça», explique sa belle-fille, en pointant des friandises, de l'alcool et des gants disposés sur des étagères de leur maison, qui fait également office d'épicerie. Elle dit être satisfaite des indemnités offertes par le gouvernement. Son beau-père, lui, a vendu ses 40 vaches, et effectué sa dernière récolte de pommes de terre et de chou. Sans savoir ce qu'il fera après: «Je suis un paysan», dit-il. «Je ne sais que penser de tout ça.»

Le budget préliminaire annoncé par Pékin dans son dossier de candidature était d'environ 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) pour les chantiers de construction des JO-2022 - sans compter l'autoroute et la ligne TGV qui relieront Pékin au site de Chongli. La facture devait être réglée principalement par le secteur privé. Mais selon les appels d'offres déjà émis et consultés par l'AFP, les fonds publics devraient financer la majeure partie des projets. Et le coût des chantiers dépasse déjà les 2 milliards de dollars, selon ces mêmes sources.

Une neige 100% artificielle

Des millions sont notamment dépensés pour le raccordement à l'eau et les canons à neige. «Elle est 100% artificielle ici», explique le conducteur d'une autoneige, en train de bichonner les pistes de la station haut de gamme de Genting, qui accueillera des épreuves olympiques. Plusieurs nouvelles infrastructures doivent être construites: un centre de sports de glisse pour le bobsleigh et la luge (257 millions de dollars), et deux autres de ski alpin (311 millions) et de ski nordique (246 millions).

Les coûts d'organisation souvent astronomiques ont dissuadé plusieurs villes européennes d'organiser les JO 2022. Le CIO appelle régulièrement à réduire le coût des Jeux pour ne pas décourager les candidatures. «Je suis passionné de sports d'hiver, donc je suis plutôt ravi des investissements gouvernementaux», explique pourtant Lu Shan, un snowboarder venu de Pékin, en sirotant un thé dans un chalet du domaine de Genting. «Cette ligne ferroviaire n'est peut-être pas économiquement rentable, mais le gouvernement a largement les moyens de la construire», assure-t-il.

La famille de M. Ying, elle, assure ne pas regretter d'avoir abandonné ses terres. «On est content de les donner à l'Etat», déclare sa belle-fille. Mais ils ne comptent pas pour autant dévaler les pentes recouvertes de poudreuse. «Personne ne sait skier par ici. Les skieurs viennent tous de Pékin», explique-t-elle.


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