L'incertitude du vote plane toujours en Italie

  26 Février 2018    Lu: 2130
L

Alors que Berlusconi abat ses dernières cartes, la droite alliée à l'extrême droite a le vent en poupe pour ces législatives dont l'issue reste toujours incertaine.

La droite alliée à l'extrême droite a le vent en poupe en Italie avant les législatives du 4 mars. L'issue du scrutin pourrait conduire à un parlement sans majorité stable.

Selon les derniers sondages, la coalition formée de Forza Italia (FI), le parti de droite de Silvio Berlusconi, et des partis d'extrême droite La Ligue et Fratelli d'Italia comptabilisent ensemble de 37% à 38% des intentions de vote. Et pour Silvio Berlusconi, «avec la nouvelle loi électorale, 40% signifie la possibilité d'avoir la majorité», a assuré l'ex-«Cavaliere» mardi.

Le scrutin est un dosage complexe qui permet d'obtenir la majorité des sièges avec seulement 40 ou 45% des voix, les experts restant eux-mêmes partagés sur le seuil fatidique.

Porté par ces sondages encourageants, Silvio Berlusconi poursuit avec énergie, à 81 ans, sa cinquième campagne électorale, affirmant «vouloir gagner une dernière fois avant de se retirer», selon son biographe Alan Friedman, cité dans le Corriere della Sera.

Courtisé par les médias

Aucune radio n'est trop petite, ni aucune chaîne de TV trop locale, pour accorder une interview, même si les déplacements de celui qui fut à trois reprises chef du gouvernement sont limités sur ordre de ses médecins.

Un temps absent de la scène politique en raison de problèmes judiciaires et de santé, Berlusconi a réussi son «come back» en portant Forza Italia de 11%-12% des intentions de vote il y a un an à 17-18% aujourd'hui, devançant son allié et concurrent, la Ligue de Matteo Salvini, créditée elle d'environ 13%-14%.

La course entre ces deux partis au sein de la même coalition est suivie avec attention à l'étranger, et notamment à Bruxelles. Car la Ligue, alliée du Front national (FN) de Marine Le Pen en France, est sur des positions nettement anti-européennes.

Frères ennemis

Un accord entre MM. Berlusconi et Salvini prévoit que celui de leurs deux partis qui remportera le plus de voix désignera le futur premier ministre, si bien entendu la coalition dans son ensemble obtient une majorité parlementaire stable.

A part leur volonté de gagner, les deux hommes ont peu de choses en commun. «Ils ne se supportent pas», selon Roberto D'Alimonte, directeur du département des sciences politiques de l'université Luiss à Rome.

Si les sondages se confirment, cette coalition, qui fait cohabiter tant bien que mal souverainistes anti-immigration de la Ligue ainsi que de Fratelli d'Italia et modérés pro-européens de Forza Italia, se place ainsi en tête de la course. Elle devance les populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S), crédités d'environ 28% des intentions de vote, et la coalition de gauche menée par le parti démocrate (PD, centre-gauche, au pouvoir) qui obtiendrait entre 26% et 27%.

Beaucoup de promesses

Au coude-à-coude dans les sondages, les trois camps ont multiplié durant la campagne les promesses impossibles à tenir, sauf à faire exploser la dette italienne qui est déjà l'une des plus élevées en Europe (132% du PIB).

Moins d'impôts, plus d'investissements, augmentation des retraites, rapatriement de centaines de milliers d'immigrés en situation irrégulière...

«Mille milliards d'euros, c'est le chiffre stratosphérique des promesses électorales des leaders» des différents partis, a écrit avec ironie le quotidien La Stampa, en résumant les programmes.

Gentiloni pourrait rempiler

Vu l'incertitude entourant ce scrutin et la réelle possibilité que le pays se réveille le 5 mars sans majorité politique, toutes ces promesses ont néanmoins de fortes chances de rester lettre morte.

Il est d'ailleurs probable que l'Italie continue à aller de l'avant avec l'actuel gouvernement dirigé par Paolo Gentiloni, membre du parti démocrate, au moins pendant quelques mois.

Reste l'incertitude du taux de participation dans un pays où les électeurs, les jeunes surtout, ne sont guère enclins à aller voter.


Tags: Italie   Berlusconi  


Fil d'info