Azerbaïdjan, pays du multiculturalisme

  20 Février 2018    Lu: 3308
Azerbaïdjan, pays du multiculturalisme
Participant à Bakou au congrès de juin 2016 auquel étaient invités, outre les représentants de la diaspora des azéris, des observateurs étrangers (France, Koweit, Allemagne, Suède, Suisse, Belgique, PaysBas, Russie, États-Unis, Japon, Canada...), j’ai conclu à une volonté de communiquer sur l’image de l’Azerbaïdjan, pays pas suffisamment connu, notamment en France.

Les participants étaient divisés en deux parties, qui avaient à discuter sur des thèmes différents en sorte qu’en fin de congrès un maximum de sujets soient traités au cours des deux jours.

Les ressentis des différentes représentations azéris alternaient, de façon classique, avec la vision de ceux demeurés au pays. Par là, ce furent des échanges courtois mais parfois vifs pour se faire entendre. Il était intéressant et instructif d’entendre les voix du dedans et celles du dehors s’affronter, se concerter et finalement s’accorder sur la nécessité de mettre en œuvre une meilleure commnication pour faire la promotion de l’image de l’Azerbaïdjan.

Les atouts sont nombreux: historiques, économiques, touristiques, paysages et culturel, sans sous-estimer l’hospitalité traditionnelle du peuple azéri. En définitive, à l’issue de ce congrès, il m’est apparu que si ces atouts existent, si les moyens sont nécessaires et présents, la communication exige d’abord une stratégie. Une stratégie bien pensé permet de positionner sa communication, de véhiculer une image et un message clairs et qui touchent. 

L’Alsace étant lié à ce pays par le jumelage de Colmar, ma ville naissance, avec Sheki, j’ai poursuivi mon séjour par un voyage de quelques jours dans ce pays pour mieux le comprendre.

Situé au carrefour de l’Orient et de l’Occident, à la géographie variée entre 27 m en dessous de la mer à plus de 4 466 m d’altitude dans le Bazarduzu, l’Azerbaïdjan est un pays du Caucase à l’histoire riche et ancienne de plus de cinq mille ans, issu d’un partage entre l’Iran et la Russie en 1813. Première république démocratique en Orient, elle dut intégrer l’URSS avant la proclamation de son indépendance retrouvée en 1991.

Deux éléments m’ont fortement surpris: multiculturaliste, voilà un pays musulman laïque, le seul, avec une grande tolérance pour toutes les religions. Comme le christianisme, l’islam et le judaïsme de Quba, le culte zoroastre d’Atashgha a laissé son empreinte dans la philosophie, la mentalité, les coutumes et la gastronomie du peuple. Une verre de vodka conclut la rencontre
sans gêne.

A preuve à Quba où vivent les «Juifs de la montagne», descendants des «tribus perdues d’Israël»: entente, amitié, tolérance, des mots qui signifient l’Azerbaïdjan. L’athéisme fait partie de cette liberté religieuse. Croire ou ne pas croire, c’est le respect assuré.

A noter et surtout, chose unique dans ce type de société de fond musulmane: la visibilité à tous les niveaux de la femme, de vêture moderne et sans le voile de la soumission. Le modernisme sociétal est de mise.

La culture est à l’honneur avec des «premières au monde»: premier théâtre non religieux, premier opéra, premier ballet et première Académie des Sciences. Ce qui n’est pas rien quand on compare ce pays à ses homologues caucasiens.

Et comment ne pas saluer à Ganja la statue du poète et philosophe Nizami Ganjavi ou la mémoire d’Hérodote foulant déjà les tapis réputés de la région de Shirvan. Ou être envoûté par le son du mugham qui vous lance dans la danse collective Yalli. Bakou tient son rang de capitale moderne avec ses trois grattes-ciels sous forme de flammes dominant la baie et ses vieux quartiers ottomans préservés.

Le territoire recèle pétrole et gaz, connus depuis cinq mille ans, dans la péninsule d’Abshéron. Ceci explique cela pour ce pays enserré dans un étau peu enviable, entre la Russie, la Turquie et l’Iran. L’instabilité du Caucase du sud-est est liée à l’existence de foyers potentiellement explosifs à l’instar du conflit armé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan éclaté en 1988, qui a pris un caractère interétatique après la dissolution de l’URSS. Cette situation a conduit à l’occupation de 20% du territoire azerbaïdjanais par l’Arménie, dont le Haut-Karabakh, le berceau historique et culturel de l’Azerbaïdjan.

Au plan cohérence du Conseil de l’Europe, on ne peut être que choqué par le paradoxe de cette institution qui se dit démocratique. Alors pourquoi pas l’Italie avec la Savoie, la France avec la Sarre ou l’Allemagne avec l’Alsace? Les exemples d’une telle aberration historique pullulent avec la parodie de l’Ukraine.

Tout pouvoir se caractérise par ses qualités et ses défauts: en Azerbaïdjan, on favorise les premières et on diminue les seconds. (IRS)


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