Les faux arguments du soi disant «génocide arménien»

  20 Février 2018    Lu: 5316
Les faux arguments du soi disant «génocide arménien»
Rappelons qu’en 1920, Andonian, arménien exilé et jusqu’alors parfaitement inconnu, fit paraître en anglais et en français une série de « documents » constituant, selon lui, la copie de télégrammes chiffrés adressés en 1915 et au début de 1916 par Talaat Pacha au préfet d’Alep, concernant les mesures d’extermination à prendre contre les Arméniens. Ces photographies, publiées curieusement à point nommé, juste au moment de la signature du traité de Sèvres furent produites en 1921 en Allemagne au procès de Tehlirian, l’assassin de Talaat Pacha. Le tribunal les écarta d’ailleurs des débats.

Curieusement, les originaux de ces documents auraient depuis lors disparu – et ils sont demeurés introuvables. Plus curieusement encore, l’expertise effectuée à l’époque à la demande d’Andonian, qui aurait déclaré ces documents authentiques, a elle aussi été « égarée ».

Andonian mourut après 1937 sans rien avoir « retrouvé ».

Ces fameux télégrammes auraient été obtenus par Andonian, des mains d’un certain Naïm Bey, fonctionnaire ottoman subalterne dont, curieusement toujours, on ne s’explique pas comment il a pu se les procurer et dont, plus curieusement encore, on ne trouve pas de la nomination dans les registres de l’administration ottomane.

La curiosité se change en stupéfaction quand on constate que les « télégrammes » sont censés être contresignés par un personnage, Mustafa Abdul Hallik, qui n’était pas encore en poste à Alep à la date que les télégrammes mentionnent, que les dates portées sur ces « télégrammes officiels » confondent et mélangent allègrement le calendrier musulman, le calendrier julien (russe) et le calendrier grégorien (arménien), et que la formule de la Bismallah (salutation musulmane), figurant sur ces mêmes « télégrammes » du gouvernement ottoman, y est écrite avec des fautes d’orthographe arabe.

Quant au contenu de ces textes, il est à la fois sinistre et puéril. En voici deux exemples :

 7 mars 1916 : « Prétextant « (c’est nous qui soulignons) » qu’ils seront soignés par l’administration des déportés, sans éveiller les soupçons, prendre et exterminer en masse les enfants des personnes connues (les Arméniens) ramassés et soignés, sur l’ordre du ministre de la Guerre, par les stations militaires. »

A qui fera-t-on croire qu’il s’agit là d’un document officiel ?

 Autre télégramme : 15 septembre 1915 : « Il a été précédemment communiqué que le gouvernement, sur l’ordre du comité Union et Progrès, a décidé d’exterminer entièrement tous les Arméniens habitant en Turquie. » (Bien entendu, la précédente communication, à laquelle il est fait allusion, n’existe nulle part dans aucune archive. Le « télégramme » en apportait, miraculeusement, la « preuve ».)

Le texte poursuit : « Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, quelque tragiques que puissent être les moyens d’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence. »

A quelle personne sensée fera-t-on admettre que Talaat Pacha, lequel, quelles qu’aient été ses erreurs politiques, fut un responsable de premier plan de la politique ottomane durant dix ans, allait employer ce style ampoulé et mélodramatique pour prescrire des mesures d’extermination dans un télégramme officiel ? Il s’agit d’une farce sinistre.

Le malheur veut que, encore aujourd’hui, tous les ouvrages relatifs à la question arménienne – à la seule exception de ceux oubliés par les amis des Turcs s’obstinent à reproduire comme « pièces à conviction » les faux télégrammes Andonian, même s’ils assortissent cette publication – et c’est loin d’être toujours le cas, – d’une réserve du bout des lèvres laissant entendre que l’authenticité desdits documents « n’est pas irrécusable ». (Ternon, dans Le crime, p. 191).

Or, outre qu’en janvier 1919, le Tribunal chargé de juger les Unionistes ne fonctionnait pas encore, les paroles citées n’ont pas été prononcées par Kemal Atatürk, le vainqueur des Dardanelles et le fondateur de la Turquie moderne, « général prestigieux » s’il en fut, mais bien par un homonyme, également général, juge à la Cour martiale – chargée de condamner les dirigeants unionistes, et choisi à cet effet par ses amis du parti Liberté et Entente.

C’est le second faux que nous rencontrons dans cette affaire. Ce n’est pas le seul : l’ouvrage de Hamelin et Brun, La mémoire retrouvée comporte sur la page de couverture – le plus en évidence possible – une citation d’Adolf Hitler laissant entendre qu’il se serait inspiré du massacre des Arméniens pour préparer sa politique raciste de massacres. Le but de cette présentation est manifeste : du moment que le génocide hitlérien n’est que trop établi, le « génocide » arménien le serait aussi, et on pourrait juger la politique de Talaat par le comportement de celui qui s’en serait ouvertement inspiré ! Mais cette citation est fausse. Les propos rapportés n’ont jamais été tenus par Hitler – et la presse arménienne objective elle-même en convient. Comment juger le comportement d’historiens qui recourent à de tels procédés pour étayer leur thèse ? Il faut qu’elle soit bien peu solide pour qu’il paraisse nécessaire d’y recourir. Toutefois, la répétition, le martèlement de l’opinion, feront le reste. « Mentez, mentez », disait Voltaire, « il en restera toujours quelque chose ». Voilà ce qui se pratique dans l’affaire arménienne.

Georges de MALEVILLE

LA TRAGEDIE ARMENIENNE DE 1915

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