Comment les couples en crise parviennent-ils à rebondir?

  08 Février 2018    Lu: 1404
Comment les couples en crise parviennent-ils à rebondir?
Dans «L’égoïsme partagé» publié ce jeudi, le docteur Sylvain Mimoun expose quelques principes pour traverser les disputes…

Ça peut être au début de la relation ou plusieurs années plus tard, mais il y a toujours un moment où l’harmonie se rompt dans un couple. Et d’ailleurs ce n’est pas forcément un drame, comme le souligne le gynécologue et thérapeute de couple, Sylvain Mimoum, dans son ouvrage L’égoïsme partagé*, qui paraît ce jeudi.

« La crise peut être bénéfique, un moyen pour le couple de redémarrer sur de nouvelles bases », estime-il, en soulignant la nécessité d’être bien seul(e) pour être ensuite bien avec l’autre.

Cesser d’idéaliser le couple et accepter les décalages

Encore faut-il vouloir sortir du conflit, explique Marie Chevret-Méasson, psychiatre et thérapeute de couple : « Si chacun a l’énergie de vouloir changer des choses, le couple peut repartir. Mais si l’idée de se séparer de l’autre n’est pas douloureuse pour l’un des membres du couple, il y a peu de chance que cela s’améliore ».

Pour sortir de la crise, certains couples entament une thérapie. La première démarche qui leur est demandée est de cesser d’idéaliser le couple et d’accepter les décalages, les malentendus et les différences. « Il faut se poser une question : ce qui me plaît chez l’autre l’emporte-t-il sur ce qui me déplaît ? Si oui, on va chercher un compromis et éviter le tout ou rien », insiste Sylvain Mimoum. « Et il faut impérativement éviter de se comparer aux couples qui sont très démonstratifs en public, car on ne sait pas ce qui se passe chez eux », ajoute Marie Chevret-Méasson.

Les problèmes sexuels au cœur de nombreux conflits

Selon les thérapeutes, beaucoup de crises de couples sont dues à des problèmes sexuels : « Ça peut être un conjoint qui ne touche plus sa femme, celle-ci le lui reprochant. Ou une personne qui refuse les rapports avec son conjoint ou qui n’a pas d' orgasme avec lui. Il n’est pas rare aussi qu’un membre du couple se sente frustré de ne pas pouvoir assouvir certains de ses fantasmes », constate Marie Chevret-Méasson.

« Bien souvent, mes patientes sont focalisées sur l’idée qu’elles doivent faire plaisir à leur conjoint. cette obsession les empêche de penser à elles et à s’autoriser à jouir », note Sylvain Mimoum. Pour débloquer ces situations, le médecin recourt souvent à la même méthode : il leur fait lire le Rapport hite qui décrit les pratiques sexuelles des Américains dans les années 70. Une lecture très inspirante apparemment !

« Je travaille aussi beaucoup avec mes patients sur la manière de raviver le désir par des images mentales. Je fais beaucoup de pédagogie sur la physiologie et je démystifie le porno », raconte de son côté Marie Chevret-Méasson.

Sylvain Mimoum veille à ce que ses patients ne se contentent pas de parler de leurs problèmes : « dans le domaine sexuel, il faut agir. Si le couple arrive à bien refaire l’amour une fois, ça va le rapprocher tout de suite ». Il n’hésite pas donc à prescrire des stimulateurs d’érection quand c’est nécessaire…

Surmonter une infidélité

Les infidélités sont aussi au cœur de nombreux clashs. « Quand on trompe, c’est qu’on a envie d’ailleurs, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’on n’a pas envie d’ici », estime Sylvain Mimoum, qui cherche toujours à déterminer l’envie réelle du couple de surmonter cet évènement. Si c’est le cas, il conseille à la personne trompée de ne pas essayer de tromper en retour, par vengeance, « car il n’a rien à y gagner », ni d’avoir « la tentation du big brother », c’est-à-dire de scruter les moindres faits et gestes de l’autre de peur qu’il recommence.

Quant au conjoint auteur de l’infidélité, Sylvain Mimoum lui conseille de ne pas rentrer tout de suite dans les explications, mais d’insister sur l’importance qu’il accorde à la relation avec son conjoint. La plupart du temps, les couples qui étaient vacillants avant l’incartade, ont du mal à s’en remettre. Mais l’espoir existe bel et bien pour les autres, selon les thérapeutes.

Apprendre à se parler différemment

Ce qui pêche dans de nombreux couples, c’est aussi la communication. « On pense principalement du positif, mais on exprime principalement du négatif », constate Sylvain Mimoum. Bien souvent les reproches sont répétitifs, trop nombreux, apparaissent comme des jugements définitifs.

« Lors d’une thérapie de couple, on leur apprend les bases de la communication non violente, c’est-à-dire ne pas s’invectiver, exprimer ses besoins plutôt que de critiquer, reconnaître les mérites de l'autre… », explique Marie Chevret-Méasson. « Tournez-vous vers l’autre, regardez-le dans les yeux », répète aussi Sylvain Mimoun à ses patients.

Ce dernier insiste aussi sur le fait que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. « Dire à une femme qu’elle a grossi ou à un homme que l’on n’a pas joui avec lui, c’est se positionner sur un terrain miné », insiste-t-il. D’autres sujets suscitent aussi des bisbilles dans les couples : « la famille de l’autre, la manière d’élever les enfants, le fait de travailler trop, le désir d’enfant, le rapport à l’argent, les tâches ménagères », observe Marie Chevret-Méasson.

Une dose d’indépendance pour ne pas s’asphyxier

« En cas de dispute, je conseille toujours à mes patients d’aller faire un tour pour dédramatiser la situation. Et ensuite de renouer le dialogue progressivement en parlant de sujets neutres, tout en se rapprochant physiquement de l’autre », explique Sylvain Mimoun. « Il faut sortir des positionnements absolus du genre : "je n’irai plus chez ta mère". Mais assouplir ses positions : "je veux bien aller chez ta mère, mais seulement pour les fêtes" », cite Marie Chevret-Méasson.

Enfin, l’un des secrets des couples qui durent selon les thérapeutes c’est de garder une part d’indépendance : « Le désir se nourrit d’inaccessible, de manque, de mystère », affirme Sylvain Mimoum. « Ne cherchez pas l’osmose, la fusion. Si vous voulez rendre l’autre heureux, pensez d’abord à vous faire plaisir ! », insiste-t-il, en précisant que cette indépendance ne doit quand même pas conduire à ne plus rien partager. « Comme toujours, c’est une histoire de dosage », renchérit Marie Chevret-Méasson.


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