Près de 6.000 migrants dans la "jungle" de Calais

  17 Octobre 2015    Lu: 808
Près de 6.000 migrants dans la "jungle" de Calais
Le nombre de migrants qui se trouvent dans la "jungle" de Calais a presque doublé au cours des trois dernières semaines pour atteindre un chiffre proche de 6.000, a déclaré vendredi à Reuters la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio.

Ce chiffre constitue selon elle une limite qu`il faut éviter de dépasser. La traversée de la Manche étant devenue quasi impossible, les migrants ont tendance à s`installer dans la durée.

"Avant l`été, on a franchi le seuil des 3.000 migrants", dit-elle. "Ça s`est stabilisé ensuite, de mai à septembre. Mais au cours des trois dernières semaines, le camp a presque doublé. On doit aujourd`hui être à un niveau proche de 6.000 personnes."

"C`est une situation qui s`impose à nous, qui évolue tout le temps et à laquelle nous devons nous adapter. Je ne suis pas capable de vous dire ce qui va se passer pour la suite mais 6.000, c`est un maximum", ajoute Fabienne Buccio.

Le préfet, qui assure "rechercher le juste équilibre entre le minimum humain, nécessaire à la dignité des personnes, et le respect des lois de la République", explique avoir mis à disposition des moyens pour accueillir ces migrants.

"Nous avons augmenté les prestations du centre Jules-Ferry (qui accueille femmes et enfants, NDLR), on a doublé les effectifs de la permanence médicale, créé un cabinet dentaire", détaille-t-elle.
"Une fois que les 1.500 places (promises par le gouvernement d`ici à la fin de l`année, NDLR) seront construites, nous verrons comment ce (nouveau camp) est accepté."

"Donc il faudra voir si ce camp se remplit bien et s`il y a lieu d`engager une seconde tranche (de 1.500 places supplémentaires). Nous ne sommes pas fermés à cela. L`Etat n`est pas fermé à faire plus", ajoute-t-elle.

Malgré les mesures prises par la préfecture, les conditions de vie sur place sont difficiles et l`hiver qui commence à s`installer n`est pas une bonne nouvelle pour ces migrants venus du Soudan, de Syrie, d`Erythrée ou d`Irak.

"J`ai reçu pour instruction du ministre de l`Intérieur la semaine dernière qu`il n`y ait aucune femme et aucun enfant dans le camp", dit-elle en évoquant ce que les médias ont baptisé la "jungle". "Nous allons donc installer de nouveaux `modulaires` (tentes chauffées)."

"Pour les hommes, nous reprendrons ce que nous avions décidé l`an dernier dans le cadre du plan hiver, il y a un grand hangar proche du camp qui fait 4.500 mètres carrés au sol que nous diviserons en "chambrées" (de plusieurs places) et qu`une association équipera de lits", poursuit-elle.

"Cela dit, nous savons qu`ils n`iront dans ce lieu que si les conditions climatiques deviennent terribles. On ne quitte pas un emplacement dans le camp facilement car il peut être repris par quelqu`un d`autre", souligne le préfet.

Selon elle, la préfecture sera prête à faire face à l`urgence si les conditions devaient se dégrader: "En cas de grosse vague de froid, je peux réquisitionner un gymnase. Ça peut se décider en cinq minutes."

"S`il y a une épidémie de grippe, les migrants seront soignés", ajoute Fabienne Buccio.
Les images du camp ont poussé la préfecture à réagir et des habitants de la région ont proposé une aide parfois maladroite.

"Depuis la publication de l`image de l`enfant mort sur la plage, les dons ont afflué. Pas toujours de manière adaptée. Des gens, qui cherchent à se donner bonne conscience, arrivent en voiture et distribuent, sans passer par une association. On a eu des rixes. Les robes d`été, les talons hauts, ce n`est pas adapté", déplore Fabienne Buccio.
Les services de l`Etat tentent de faire face à l`urgence, selon le préfet, mais pas seulement: les rivages du Royaume-Uni se sont éloignés ces dernières semaines.

"Le passage vers le Royaume-Uni est devenu plus difficile. Nous avons encore eu un mort cette nuit. Ce qui porte à 16 le nombre de morts depuis la fin du mois de juin. Ce qui fait que certains se sédentarisent davantage", dit Fabienne Buccio.

"Lorsque j`ai pris mes fonctions en début d`année, on disait qu`il fallait en moyenne trois mois pour passer au Royaume-Uni. Actuellement, nous constatons que certains sont là depuis huit mois. D`autres ne cherchent même plus à passer."

"La demande d`asile explose. Nous sommes le département français qui enregistre le plus de demandes d`asiles: 2.100 depuis le début de l`année, contre moins de 900 en 2014. En 2013, c`était 300."

Calais, d`après Fabienne Buccio, n`est plus une escale parmi d`autres: "Il faut que les migrants et les passeurs comprennent que Calais est une voie sans issue. On ne passe plus (vers le Royaume-Uni), ou alors vous savez dans quelles conditions."

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