En Asie, une approche du bitcoin très variable selon les pays

  05 Janvier 2018    Lu: 1030
En Asie, une approche du bitcoin très variable selon les pays
Reconnaissance au Japon, interdiction en Chine, restrictions en Corée du Sud et précautions à Singapour: les autorités en Asie appréhendent très différemment le bitcoin et autres crypto-monnaies, dont les cours ont flambé ces derniers mois, tout en restant extrêmement volatils.
Le bitcoin a frôlé en décembre les 20.000 dollars après avoir commencé 2017 autour de 1.000 dollars. Il se négociait vendredi autour de 15.000 dollars.

Au Japon, la consécration

La retentissante faillite de la plateforme d'échanges MtGox à Tokyo en 2014, dans des circonstances obscures, n'a pas fait renoncer le Japon aux crypto-monnaies. Au contraire, le pays est même le premier au monde à avoir légalisé les monnaies virtuelles en avril 2017, dont le bitcoin.

"Beaucoup de gens ont plus confiance parce qu'il y a cette réglementation", qui fixe aussi des exigences de transparence et de solidité financière des opérateurs de monnaies virtuelles, explique à l'AFP Yuzo Kano, PDG et co-fondateur de bitFlyer, première plateforme d'échanges de bitcoin au Japon.

Ce cadre favorable incite de grands groupes nippons à se lancer sur le créneau, et aujourd'hui "entre 8.000 et 10.000" commerces du pays acceptent des paiements en bitcoin, selon M. Kano.

bitFlyer a franchi en novembre la barre d'un million d'utilisateurs enregistrés, un chiffre doublé en seulement six mois.

Beaucoup de Japonais, notamment des jeunes, sont séduits par les promesses folles de gains du bitcoin, alors que l'épargne dans le pays ne rapporte rien en raison d'un contexte de taux d'intérêt très faibles.

Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a toutefois récemment jugé "anormale" la récente flambée du cours du bitcoin.

Pékin intransigeant

L'engouement des Chinois pour les crypto-monnaies a été tué dans l'oeuf par Pékin. En septembre dernier, les plateformes d'échanges chinoises de ce marché ont dû cesser leurs opérations, et les levées de fonds en nouvelles crypto-monnaies (ICO) ont aussi été interdites dans le pays.

Les autorités chinoises ont accusé les monnaies virtuelles d'être "l'instrument d'activités criminelles" comme le trafic de drogue et des fraudes financières, et ont indiqué vouloir combattre une "spéculation" qui a "gravement perturbé le système financier".

L'interdiction du bitcoin et consorts serait aussi un moyen pour Pékin d'enrayer une fuite de capitaux, qui pénalise la valeur du yuan, selon des économistes.

Les autorités n'ont cependant pas touché au "minage", la création de bitcoins en agrégeant des blocs codés et authentifiés de transactions (technologie du blockchain), et dont le groupe chinois Bitmain est considéré comme le leader mondial. Au contraire, Pékin s'intéresse de près au potentiel de cette technologie pour de nombreux secteurs.

Inquiétudes en Corée du Sud

Séoul est également très méfiant à l'égard des monnaies virtuelles, alors qu'elles connaissent un vif succès dans ce pays fasciné par les nouvelles technologies. Un million de Sud-Coréens sont supposés détenir des bitcoins, et la demande est telle que le prix de l'unité est quasiment 20% plus cher qu'aux Etats-Unis.

Le gouvernement a interdit en décembre aux banques du pays d'effectuer des transactions dans des monnaies virtuelles, puis a décidé de fermer tous les comptes d'utilisateurs anonymes de crypto-monnaies et de bannir les ICO.

Comme Pékin, Séoul s'inquiète des risques de blanchiment d'argent et de fraudes financières, y compris des manipulations de cours, associés à des monnaies virtuelles comme le bitcoin.

La récente faillite de Youbit, une plateforme d'échanges sud-coréenne de crypto-monnaies affirmant avoir succombé à une cyberattaque, a apporté de l'eau au moulin du gouvernement, craignant que des pirates informatiques de Corée du Nord rôdent sur ces marchés, pour permettre à Pyongyang d'intercepter précieuses devises.

Singapour avance avec le frein à main

A Singapour, plaque tournante de la finance en Asie du Sud-Est, la Banque centrale de la ville-Etat a averti les investisseurs des risques qu'ils encouraient en participant à la "bulle du bitcoin", et les instituts financiers traditionnels voient d'un mauvais oeil les nouveaux opérateurs de crypto-monnaies.

La demande des investisseurs pour ce genre d'échanges est forte dans la région, mais "les institutions financières et les fournisseurs de services sont plutôt résistants", estime Yusho Liu, co-fondateur de la plate-forme locale de monnaies virtuelles Coinhako, interrogé par l'AFP.

En raison de ces frictions, "seulement 30 à 40%" du potentiel de ce nouveau marché est atteint, selon M. Liu. "C'est le chaînon manquant pour faire de Singapour un vrai hub pour la fintech".

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