«Bien que cette sédition aveugle soit si petite (...), soyez assurés que vos camarades de l'armée de la République islamique sont prêts à affronter les dupes du Grand Satan (les Etats-Unis)», a déclaré le général Abdolrahim Mousavi, cité par les médias publics iraniens.
Déployés dès mercredi
Les gardiens de la Révolution, troupe d'élite des forces armées, ont été déployés dès mercredi dans trois provinces pour tenter de mettre fin aux manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 21 morts depuis une semaine.
Jeudi, des vidéos de rassemblements sporadiques anti-régime dans de petites localités ont été publiées, mais sans qu'il soit possible de les vérifier. A Téhéran, aucune manifestation n'a été enregistrée dans la nuit de mercredi à jeudi, pour la seconde nuit de suite.
Le ministre iranien de l'intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a minimisé le nombre d'opposants au régime. Il a affirmé que quelque 42'000 personnes avaient pris part au mouvement, «ce qui est peu dans une nation de 80 millions d'habitants», a-t-il fait observer.
«Derrière le guide»
Des rassemblements pro-régime ont en revanche été de nouveau organisés dans plusieurs centres urbains, notamment à Mashhad, seconde ville d'Iran d'où est partie la contestation le 28 décembre dernier. Des milliers de partisans du régime, portant des portraits du guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, et des bannières proclamant «Mort aux séditieux», ont défilé dans les rues, selon des images diffusées jeudi par la télévision publique.
D'autres mobilisations pro-régime ont aussi eu lieu à Ispahan (centre), Oroumieh (nord-ouest), Babol ou à Ardebil (nord). «Nous sommes tous derrière le guide», scandaient les manifestants.
Désobéissance civile
La prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a appelé jeudi les Iraniens dans une interview dans le quotidien panarabe Asharq al-Awsat, un média propriété de l'Arabie saoudite, à retirer leur argent des banques publiques pour forcer les autorités à entendre leurs réclamations. «Si le gouvernement ne vous a pas écoutés pendant 38 ans, votre rôle est désormais d'ignorer ce qu'il vous dit», a déclaré l'avocate iranienne aujourd'hui exilée à Londres.
Son message a été partiellement entendu: quelque 45 banques et 43 distributeurs automatiques ont été endommagés durant les troubles dans la province de Lorestan (ouest), a indiqué un responsable.
Moscou et Ankara réagissent
Cette crise a ravivé les tensions entre la Russie (allié de Téhéran en Syrie) et les Etats-Unis. Moscou a ainsi appelé jeudi Washington à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures iraniennes, selon les propos du vice-ministre russe des affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par l'agence de presse russe Tass.
Moscou estime que la demande américaine d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Iran est «nocive et destructive». Le président américain Donald Trump avait déclaré la veille que son pays soutiendrait «le moment venu» ceux qui manifestent.
Les événements poussent aussi la Turquie à réagir. Le président Recep Tayyip Erdogan a mis en garde contre toute ingérence extérieure en Iran lors d'une interview sur la chaîne française TF1, à la veille d'une visite à Paris. «J'ai parlé au téléphone avec (le président iranien Hassan) Rohani. D'après ce que j'ai vu, la situation va se stabiliser d'ici un ou deux jours. Ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter», a relayé le numéro un turc.
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