Chine: altercations lors du procès d`un défenseur des droits de l`Homme

  14 Décembre 2015    Lu: 952
Chine: altercations lors du procès d`un défenseur des droits de l`Homme
Le procès de l`avocat chinois défenseur des droits de l`Homme Pu Zhiqiang, jugé pour des textes critiques du régime, s`est déroulé lundi à Pékin sous étroit contrôle des forces de l`ordre, qui ont violemment éloigné des manifestants et pétitionnaires venus exprimer leur soutien.
"Pu Zhiqiang est innocent!": des dizaines de personnes, dont certaines avaient parcouru des milliers de kilomètres, s`étaient rassemblées lundi matin devant la Deuxième Cour intermédiaire populaire de Pékin, pour s`indigner du procès de l`emblématique avocat.

Elles ont été repoussées sans ménagement sur plusieurs centaines de mètres par le vaste dispositif policier déployé sur place. Au moins trois personnes ont été interpellées et emmenées, tandis que deux autres étaient plaquées au sol, a constaté un journaliste de l`AFP.

Pu Zhiqiang, 50 ans, avait défendu des victimes de camps de rééducation par le travail, le célèbre artiste Ai Weiwei, et nombre de citoyens en butte aux autorités.

Arrêté il y a un an et demi, il est accusé d`"incitation à la haine ethnique" et d`avoir "provoqué des querelles et fomenté des troubles", des charges qui lui font encourir une peine totale de huit ans selon son avocat.

Au cours d`une audience de moins de quatre heures, le tribunal pékinois a examiné lundi les éléments à charge retenus contre lui: sept messages postés sur la plateforme de microblogs Sina Weibo, où il critiquait durement la légitimité du Parti communiste et ses politiques.

La Cour n`a prononcé aucun verdict dans l`immédiat.

`Respecter les lois chinoises`

Les autorités "n`ont pas d`humanité, comment peuvent-elles seulement parler de droits de l`Homme? A l`extérieur, le gouvernement parle de démocratie et de droits de l`Homme, mais ici rien de tout cela n`existe", déclare à l`AFP Mme Bao Renpu, l`une des manifestants.
Un ancien client de maître Pu, Xie Sunming, a roulé durant vingt heures depuis Chongqing (sud-ouest), redoutant d`être arrêté s`il prenait le train ou l`avion.

"Ils ne nous laisseront pas rentrer dans le tribunal, mais ce n`est pas grave. Je suis là pour soutenir Pu, un homme bon qui m`a immensément aidé", a expliqué M. Xie à l`AFP.
Il avait été condamné en 2009 à un an de travaux forcés pour un message de microblog de vingt caractères où il accusait de corruption un officiel local.

Appuyant les dizaines de policiers, un grand nombre d`individus habillés en civils --qui arboraient tous curieusement un badge jaune citron marqué d`un large "smiley"-- ont également violemment repoussé les journalistes présents, assénant des coups aux caméras.

"Quand vous venez en Chine, il faut respecter les lois chinoises", a lancé un policier à un reporter.

Des diplomates bousculés

Ces forces de l`ordre en civil ont également bousculé plusieurs diplomates s`étant rendus sur les lieux.

"Les avocats et représentants de la société civile ne devraient pas faire l`objet d`une répression incessante mais être autorisés à participer à l`établissement d`une Chine prospère et stable", a affirmé Dan Biers, haut conseiller politique américain.

"Nous réclamons la libération de M. Pu et appelons la Chine à respecter les droits civils fondamentaux", a-t-il poursuivi. Un autre diplomate s`exprimant au nom de l`Union européenne a lui été abruptement interrompu par les forces de l`ordre.

"La Chine compte trop peu de bons avocats, Pu était l`un d`eux. Rien ne pourra vraiment s`améliorer, tant que les gens auront peur de se dresser contre les autorités", a indiqué à l`AFP Yan Lianshe, un activiste se déplaçant fréquemment pour manifester lors de procès de dissidents.

Dans un pays où la justice reste étroitement contrôlée par les autorités, la condamnation de Pu Zhiqiang est quasi-certaine.

Dans plusieurs des messages incriminés, M. Pu s`interrogeait sur la légitimité et la compétence de responsables du régime communiste, dénonçant leurs "mensonges" et leur "hypocrisie".

Il y fustigeait également les restrictions culturelles et religieuses imposées par Pékin au Tibet et au Xinjiang --vaste région à dominante musulmane dans l`ouest du pays. M. Pu remettait notamment en question la présentation officielle d`une attaque à l`arme blanche imputée à des assaillants originaires du Xinjiang.

Depuis l`arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, Pékin a nettement durci la répression des voix critiques émanant de la société civile --juristes, militants et universitaires--, avec des centaines d`interpellations. Plusieurs dizaines d`avocats défenseurs des droits de l`Homme avaient été détenus en juillet dernier à travers le pays.

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