Mauvais état de la Planète: Pourquoi il ne faut pas céder à la déprime

  17 Novembre 2017    Lu: 1134
Mauvais état de la Planète: Pourquoi il ne faut pas céder à la déprime
La Cop 23 se clôture ce vendredi à Bonn dans un contexte morose. Lundi, 15.000 scientifiques ont signé un texte s’alarmant de l’état de santé dégradé de notre planète
La raréfaction de l’eau, le dépérissement de la vie marine, la déconstruction de la biodiversité, le changement climatique, la croissance continue de la population humaine… Dans « l’Avertissement à l’humanité », publié lundi dernier dans la revue BioScience, 15.000 scientifiques pointaient l’aggravation des principaux indicateurs de l’état de santé de notre planète ces 25 dernières années.

« Chaque initiative compte »

« Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse », pointe le texte. C’est le deuxième appel à la mobilisation après celui lancé le 1er juin 1992 par 1.700 scientifiques en ouverture du Sommet de la Terre de Rio, la première grande conférence internationale consacrée à l’environnement.

Déprimant ? C’est en tout cas le sentiment qui se dégage des réactions de lecteurs recueillies par 20 Minutes dans le cadre d’un appel à témoignages. Y domine le sentiment d’impuissance qui pousse parfois, souvent même, à l’inaction.

Franck Courchamp, chercheur en écologie au CNRS et co-auteur de cet appel des 15.000, n’est pas si surpris. « Si on vous dit que vous allez tous mourir, qu’il n’y a rien à faire, vous rentrerez les épaules et ferez le dos rond en attendant que ça se passe. Ainsi est faite la psychologie humaine », note-t-il. Mais ce n’est pas ce que dit la lettre. Au contraire, elle invite à prendre conscience que chaque initiative, chaque petit geste, quelle que soit l’échelle, peut avoir des répercussions positives bien plus grandes qu’imaginées. »

Prendre la réduction de la couche d’ozone en exemple

Les 15.000 scientifiques citent un exemple : la réduction progressive du trou dans la couche d’ozone, rare bonne nouvelle dans les indicateurs de santé de la Terre. Ce trou au-dessus de l’antarctique, découvert en 1985, s’est réduit de 4 millions de km², soit la moitié de la superficie des Etats-Unis, depuis les années 2000, estimaient des chercheurs dans une étude parue dans la revue Science en juillet 2016. L’amélioration est imputable en grande partie au Protocole de Montréal, voté en 1987, et qui a instauré progressivement l’interdiction des gaz chlorés (CFC) et bromés (halons), toxique pour l’ozone.
« Cette réussite peut typiquement servir d’exemple, reprend Franck Courchamp. Ce trou n’est pas perceptible à l’œil nu, difficile à comprendre et malgré tout, la communauté internationale, dans son ensemble, a su réagir. » Le réchauffement climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, le dépérissement de la vie marine… nécessiteront des plans de bataille plus complexes que le Protocole de Montréal. Franck Courchamp reste optimiste : « L’homme est extrêmement ingénieux et plein de ressources », assure-t-il, avant de pointer toutefois un bémol : « Notre manque de maturité encore aujourd’hui qui freine nos prises de conscience. »

Court terme vs long terme ?

Pourtant, les mises en garde se font de plus en plus insistantes. 15.000 scientifiques ont signé le texte publié lundi dans BioScience contre 1.700 pour le premier avertissement il y a 25 ans. Certes, entre-temps, Internet est passé par là, favorisant le partage de ce type d’initiative, « mais il y a tout de même un fort consensus aujourd’hui au sein de la communauté scientifique sur les menaces que font peser les changements climatiques », estime Grégory Quenet, historien de l’environnement, rattaché à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Qu’est-ce qui coince ? L’historien évoque « une transposition toujours aussi difficile des craintes des scientifiques dans le champ économique et politique ». Dans ces deux dernières sphères, la primauté est bien souvent donnée au court terme, « quand le mauvais état de notre planète nécessite de se projeter sur le long terme et d’envisager une rupture bien plus qu’une transition », note-t-il.

Un sursaut politique attendu

La clôture de la Cop 23, ce vendredi à Bonn après quinze jours de négociations, pourrait être une première prise en compte de l’alerte scientifique lancée lundi. L’économiste Maxime Combes, membre d’ Attac France, espère en tout cas voir « un sursaut politique » dans le texte de clôture de cette 23e conférence des Nations unies pour les climats. « D’autant que les dernières données publiées ne sont pas bonnes », rappelle-t-il. Les émissions de CO2 liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles devraient croître en 2017 de 2 % par rapport à 2016, notait notamment, lundi, le Global Carbon Project, qui évalue chaque année depuis 2006 le bilan des émissions mondiales de C02.

« Il est urgent que les pays développés du Nord revoient leurs ambitions à la hausse, estime Maxime Combes. Pas seulement en 2020, mais dès à présent. Or la France vient d’annoncer qu’elle reportait à 2030 son objectif de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité. Autant dire que ça ne va pas dans le bon sens. »

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