Le Premier ministre libanais Hariri se dit «libre» en Arabie saoudite

  13 Novembre 2017    Lu: 1105
Le Premier ministre libanais Hariri se dit «libre» en Arabie saoudite
Silencieux depuis le 4 novembre et l’annonce surprise de sa démission, le chef du gouvernement libanais a promis de rentrer «très bientôt» dans son pays.

Depuis l’Arabie saoudite, où il vit depuis une semaine, le Premier ministre démissionnaire du Liban, Saad Hariri, s’est dit «libre» de ses mouvements. Une réponse au président libanais Michel Aoun qui avait estimé quelques heures plus tôt que «la liberté de M. Hariri a été restreinte».

Dans un entretien avec la chaîne de télévision libanaise Future, sa première prise de position publique depuis sa démission le 4 novembre, Saad Hariri a une nouvelle fois appelé l'Iran à ne pas s'ingérer dans les affaires du Liban et des pays arabes. «Je suis libre ici, si je veux voyager demain, je voyage», a lancé Saad Hariri.

Les traits tirés, s'interrompant parfois pour boire de l'eau, le chef du gouvernement est même allé jusqu'à dire qu'il pourrait atterrir à Beyrouth «très bientôt», «dans deux ou trois jours», pour «entamer les procédures constitutionnelles nécessaires» à sa démission. En effet, le président libanais n'a toujours pas accepté sa démission, assurant qu'il attendait de le rencontrer pour en discuter avec lui. Le pays est plongé depuis cette annonce dans une nouvelle crise politique.

«Ingérences de l'Iran»

«On ne peut pas continuer au Liban de la sorte, avec les ingérences de l'Iran, avec un mouvement politique qui pratique ces ingérences avec lui», a répété dimanche soir Saad Hariri, en référence au Hezbollah.

Ses propos sont perçu comme un nouveau bras de fer entre l'Arabie saoudite sunnite, important soutien de M. Hariri, et l'Iran chiite, grand allié du Hezbollah libanais. Les deux poids lourds du Moyen-Orient s'affrontent déjà sur plusieurs dossiers régionaux, notamment les guerres au Yémen et en Syrie.
Vendredi, le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah, avait accusé l'Arabie saoudite de «détenir» Saad Hariri, qui a la double nationalité, saoudienne et libanaise. Il avait assuré que cette démission lui avait été dictée par Ryad.
A noter que Saad Hariri a toutefois prudemment indiqué qu'il pourrait «revoir sa démission» si les interventions de certains acteurs libanais dans les conflits régionaux cessaient, alors que le Hezbollah est engagé dans la guerre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad.

«Excellente relation»

«Peut-être qu'il y a un conflit régional entre les pays arabes et l'Iran. Nous sommes un petit pays. Pourquoi nous mettre au milieu ?» a-t-il martelé. Saad Hariri a par ailleurs assuré que sa relation avec le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane était «excellente et privilégiée».

La presse libanaise avait fait état de tensions entre l'administration saoudienne et son protégé, qui serait considéré par Ryad comme trop mesuré vis-vis-vis du mouvement chiite du Hezbollah. Saad Hariri a toutefois refusé de se prononcer sur l'arrestation, le jour-même de sa démission, de dizaines de hautes personnalités en Arabie saoudite, au nom de la lutte anticorruption.
Son père, Rafic Hariri, ex-Premier ministre du Liban assassiné en 2005, a construit sa fortune dans le royaume saoudien avant de lancer sa carrière politique au Liban.

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