Vers 19H00 (23H00 GMT) jeudi, les visiteurs du compte @realDonaldTrump avaient été accueillis par le message: "Désolé, cette page n'existe pas". Twitter est le mode de communication favori du président, qui l'utilise quotidiennement. Le compte a été interrompu onze minutes, selon le réseau social.
"Nous avons pris des mesures de prévention pour éviter que cela ne se reproduise. Nous ne pourrons pas rendre publics tous les détails de notre enquête interne ou les mises à jour de nos mesures de sécurité mais nous prenons cela sérieusement et nos équipes sont à pied d’oeuvre", a fait savoir Twitter sur son propre compte vendredi.
Le groupe avait indiqué jeudi dans un premier temps que le compte personnel de M. Trump avait été "désactivé par inadvertance à cause d'une erreur humaine commise par un employé de Twitter". Avant de rectifier plus tard: cette manœuvre a été effectuée à dessein par un employé --non identifié-- pour son dernier jour de travail.
Il travaillait au service "support utilisateurs", a aussi précisé Twitter.
Selon le New York Times, il ne s'agit pas d'un employé permanent du réseau social mais d'un contractuel.
Des centaines de personnes au sein de Twitter ont accès aux outils de support utilisateurs, qui peuvent notamment permettre de suspendre un compte enfreignant les règles d'utilisation ou qui aurait été piraté, avançait pour sa part le site d'information spécialisé The Verge, citant d'anciens employés du groupe, qui ne se disent pas surpris par l'incident.
D'après ces anciens, le manque de protection autour des comptes VIP est "connu" dans l'entreprise, qui selon eux paye de nombreux contractuels situés en Asie pour assurer le support utilisateurs, explique The Verge.
- Héros ou danger ? -
"Mon compte Twitter a été désactivé pendant 11 minutes par un employé voyou. Je pense que les nouvelles sont enfin en train de se répandre et d'avoir un impact", a tweeté Donald Trump vendredi matin, une douzaine d'heure après la coupure.
Le réseau social s'est enflammé, certains qualifiant l'employé de "héros" tandis que d'autres s'inquiétaient.
"Cher employé de Twitter qui a fermé le compte Twitter de Trump: vous avez fait l'Amérique se sentir mieux pendant 11 minutes", a tweeté le représentant démocrate Ted Lieu, avide utilisateur du réseau social.
Cet employé "pourrait devenir un candidat au prix Nobel de la paix", a renchéri David Jolly, ancien parlementaire.
Mais cette interruption, et les réjouissances qu'elle a entraînées parmi les détracteurs du milliardaire, a aussi suscité du mécontentement.
"Les gauchistes ont célébré pendant les quinze minutes où Trump a disparu de Twitter, prouvant une fois de plus qu'ils apprécient la censure et détestent la libre expression", soulignait notamment un tweet populaire de @_Makada_, qui se présente comme un/une nationaliste conservateur.
- 'Pas une plaisanterie' -
Pour Jennifer Grygiel, professeure à l'université de Syracuse spécialisée dans l'étude des réseaux sociaux, ce "n'est pas un sujet de plaisanterie".
"C'est un problème grave y compris pour la sécurité nationale. Cet incident est l'illustration que Twitter n'a pas mis en place les garde-fous adéquats pour les comptes importants", a expliqué Mme Grygel, qui avait déjà plaidé pour une "pré-modération" du compte de Donald Trump.
Selon elle, des comptes ayant une ampleur "systémique" pour la sécurité nationale ou pour les marchés financiers devraient notamment être soumis à un contrôle humain préalable.
"C'est choquant de voir qu'un employé lambda de Twitter peut fermer le compte du président. Que se serait-il passé s'il avait à la place tweeté de faux messages?", s'est interrogé Blake Hounshell, rédacteur en chef du magazine Politico.
Le compte personnel @realDonalTrump du président américain affiche plus de 41,7 millions d'abonnés.
Il y annonce des mesures, lance des invectives et fait des commentaires --parfois désobligeants-- sur les personnes, de son camp ou non, n'ayant pas ses faveurs. Il a aussi un compte officiel @Potus avec 20,9 millions d'abonnés mais qui sert peu.
Ses adversaires ont à maintes occasions demandé à Twitter de suspendre son compte, affirmant que ses tweets enfreignaient les conditions d'utilisation du réseau en matière de discours incitant à la haine ou de persécution, ou d'interdiction de menaces de violences.
Le groupe s'est engagé à réexaminer son règlement tout en soulignant que la "valeur informative" et l'intérêt public devaient être soupesés pour décider du maintien ou non d'un tweet.
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