Pour Rohani, les Etats-Unis sont "seuls contre le peuple iranien"

  14 Octobre 2017    Lu: 861
Pour Rohani, les Etats-Unis sont "seuls contre le peuple iranien"
Le président iranien Hassan Rohani a réagi rapidement vendredi à la nouvelle "stratégie" américaine vis-à-vis de son pays. "Aujourd'hui les Etats-Unis sont plus seuls que jamais face à l'accord nucléaire et dans leurs complots contre le peuple iranien", a-t-il déclaré.

Des "insultes" et des "accusations sans fondement" montrant à quel point les Etats-Unis sont "seuls contre l'Iran" : le président iranien Hassan Rohani a réagi rapidement vendredi à la nouvelle "stratégie" américaine vis-à-vis de son pays et aux menaces de Donald Trump de se retirer de l'accord multilatéral sur le nucléaire iranien.

"Aujourd'hui les Etats-Unis sont plus seuls que jamais face à l'accord nucléaire et plus seuls que jamais dans leurs complots contre le peuple iranien", a déclaré Hassan Rohani dans une intervention télévisée peu de temps après un nouveau discours du président américain Donald Trump agressif et très virulent contre l’Iran. Il a notamment souligné la réaction rapide des pays européens pour soutenir l'accord nucléaire.

Dans son allocution, Donald Trump a refusé de "certifier" que Téhéran respecte ses engagements au titre de l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 par l'Iran et le Groupe des Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), en dépit du fait que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de le contrôler, assure que l’Iran est en règle.

Donald Trump "n'a pas lu le droit international"

Il a annoncé de nouvelles sanctions contre certains membres des Gardiens de la Révolution, l’armée d’élite de la République islamique, et menacé de retirer son pays de l’accord.

Donald Trump "n'a pas lu le droit international", a répondu M. Rohani : "Est-ce qu'un président peut seul annuler un accord multilatéral et international? Apparemment, il ne sait pas que cet accord n'est pas un accord bilatéral entre l'Iran et les Etats-Unis".

"Les déclarations [de M. Trump] sont un tissu d'insultes et d'accusations sans fondements", a ajouté le président iranien, en réponse à M. Trump ayant accusé l’Iran d’être un régime "dictatorial".

"L'accord nucléaire n'est pas modifiable, on ne peut y ajouter ni un article ni une note", a réaffirmé M. Rohani, "tant que nos intérêts l'exigent, nous resterons dans l'accord nucléaire et nous coopérerons avec l'AIEA, mais si un jour nos intérêts ne sont pas satisfaits, nous n'hésiterons pas une seule seconde et nous réagirons."

L'accord de 2015 a permis une suspension des sanctions économiques internationales contre l'Iran en échange d'engagements de Téhéran permettant de garantir que l'Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique.

Dans une déclaration officielle publiée sur son site internet, le ministère des Affaires étrangères iranien affirme par ailleurs que "les Gardiens de la Révolution sont des héros nationaux et toute erreur de la part du gouvernement ou du Congrès américain provoquera la colère et la haine du peuple iranien et une réaction réciproque qui les fera regretter. Le président américain sera seul responsable d'un tel acte dangereux".

"La République islamique d'Iran ne sera pas le premier à quitter l'accord nucléaire mais si les droits et les intérêts de l'Iran ne sont pas respectés dans le cadre de l'accord, elle mettra fin à tous ses engagements et reprendra ses activités nucléaires pacifiques sans aucune limite", ajoute cette déclaration, alors que M. Trump a menacé de mettre fin "à tout moment à cet accord".

"Ne jamais faire confiance aux Etats-Unis"

Hassan Rohani a par ailleurs dénoncé l’utilisation du terme "golfe Arabique" par Donald Trump sans son discours pour parler du Golfe persique. De nombreux iraniens ont également manifesté leur mécontentement du discours de M. Trump et de son utilisation de ce terme alors que fleurissait sur les réseaux sociaux iraniens le mot-dièse #NevertrustUSA ("Ne jamais faire confiance aux Etats-Unis").

Sur son compte Twitter, Shahindokht Mollaverdi, conseillère de M. Rohani juge que le discours de M. Trump "met en valeur le passé américain sanglant d’invasion, de déploiement militaire et de déstabilisation au Moyen-Orient".

"L'Iran résistera uni face à la domination", écrit de son côté Massoumeh Ebtekar, vice-présidente chargée des affaires féminines sur son compte twitter avec une photo avec de drapeaux iraniens.

Cité par l’agence officielle IRNA, Massoud Jazayeri, porte-parole de l'état-major des forces armées iraniennes déclare de son côté que celles-ci "continueront plus déterminées que jamais sur la voie du développement et de l’amélioration de leur pouvoir de défense".

Emmanuel Macron envisage de se rendre en Iran

Le président Rohani a convié Emmanuel Macron qui "envisage" de se rendre en Iran, a annoncé l'Elysée, ce qui serait la première visite d’un chef d’Etat ou de gouvernement français en Iran depuis 1971. Les deux présidents se sont entretenus vendredi après-midi par téléphone, Emmanuel Macron rappelant "l’attachement de la France" à l'accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump a décidé vendredi ne pas certifier.

"Un déplacement en Iran du président, à l’invitation du Président Rohani, a été envisagé", annonce l'Elysée. La présidence iranienne a elle évoqué sur son site une visite "l'année prochaine".

La dernière visite à un si haut niveau remonte à 1971, quand le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas était venu pour la célébration des 2.500 ans de la Perse par le Chah. Emmanuel Macron a rappelé que les décisions des Etats-Unis "ne mettraient pas fin à l'accord sur le nucléaire iranien, et qu’avec l’ensemble des parties la France et ses partenaires européens continueraient à mettre en oeuvre leurs engagements".

Il a cependant jugé nécessaire, pour poursuivre l'accord, "le dialogue et les progrès sur des sujets qui ne relèvent pas de l’accord de 2015, mais qui sont fondamentaux dans le contexte stratégique actuel, en particulier les préoccupations liées au programme balistique iranien et les questions de sécurité régionale".

La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni se sont dits vendredi soir "préoccupés par les implications" de la décision du président américain Donald Trump de ne pas "recertifier" l'accord sur le nucléaire iranien.

Le président français a par ailleurs fait part à son homologue iranien "de son souhait de travailler avec l’Iran à une solution politique durable à la crise syrienne". Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se rendra en Iran dans les prochaines semaines pour évoquer ces points avec son homologue M. Javad Zarif.

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