Cet incendie risque de renforcer les inquiétudes que l`escalade ne prenne une dimension confessionnelle encore plus grave.
«Incendier le tombeau de Joseph est une tentative dangereuse d`exacerber des tensions déjà fortes. Les responsables politiques doivent collaborer pour faire redescendre la température», a dit l`envoyé de l`ONU au Proche-Orient Nickolay Mladenov.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a condamné cette attaque comme un acte «irresponsable», ordonné une enquête et promis de faire réparer les dégâts.
C`est la première fois que M. Abbas condamne l`un des actes de violence antijuifs depuis le début de l`escalade le 1er octobre. Il était soumis à une pression grandissante, y compris de la part du secrétaire d`État américain John Kerry, pour condamner les attentats contre des Israéliens.
Les groupes palestiniens ont tous appelé à faire de cette journée un «vendredi de la révolution» en Cisjordanie et à Gaza. Les Palestiniens devraient aller manifester face aux forces israéliennes après la grande prière hebdomadaire musulmane en début d`après-midi.
Après deux semaines de violences qui font craindre une nouvelle intifada, les forces israéliennes se préparaient à de nouveaux heurts. La police, déployée en masse, a interdit aux hommes de moins de 40 ans l`accès à l`ultrasensible esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Au même moment, la diplomatie, qui a paru impuissante jusqu`alors, cherchait toujours le moyen d`apaiser les esprits. Le Conseil de sécurité de l`ONU se réunira à 15 h GMT (11h à Montréal) à New York à l`instigation des pays arabes. M. Kerry compte venir dans les «prochains jours» dans la région.
La Cisjordanie et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont secouées depuis le meurtre le 1er octobre d`un couple de colons israéliens, par des heurts entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, des agressions entre Palestiniens et colons et des attentats, principalement à l`arme blanche.
Les violences ont fait 33 morts, dont plusieurs auteurs d`attentats, et des centaines de blessés côté palestinien, sept morts et des dizaines de blessés côté israélien.
Elles se sont étendues le 9 octobre, après la prière hebdomadaire précisément, à Gaza, enclave coupée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien, et cadenassée par les blocus israélien et égyptien. Un Gazaoui blessé cette semaine par des tirs israéliens le long de la barrière de sécurité a succombé vendredi.
Les troubles ont semblé marquer une pause jeudi, pour la première fois depuis plusieurs jours.
Mais vendredi, des dizaines de Palestiniens ont mis le feu au tombeau de Joseph, en lançant des cocktails Molotov sur le site, source de vives tensions entre Israéliens et Palestiniens par le passé, selon la police palestinienne.
Pour les juifs, le tombeau abrite la dépouille de Joseph, l`un des douze fils de Jacob, vendu par ses frères et conduit en Égypte, d`où son corps a été ramené selon la tradition biblique.
Le site, où les Palestiniens affirment que se trouve la tombe d`un cheikh local, avait été le théâtre d`affrontements meurtriers notamment durant la deuxième intifada (2000-2005).
Policiers et garde-frontières ont été déployés en masse à Jérusalem. Trois cents soldats viendront dimanche à Jérusalem pour prêter main-forte aux policiers.
L`appel à l`armée est supposé contribuer à endiguer les violences, mais aussi à rassurer la population, dont les nerfs sont mis à l`épreuve par plus d`une vingtaine d`attaques à l`arme blanche depuis le 3 octobre et, pour la première fois mardi, un attentat à l`arme à feu dans un bus à Jérusalem.
Les tensions poussent les Israéliens à s`armer et attisent les haines réciproques sur les réseaux sociaux.
Difficile de discerner quelle part peut revenir à la diplomatie. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s`est redit prêt jeudi soir à rencontrer le président palestinien, y compris en présence du roi Abdallah II de Jordanie.
Il a de nouveau accusé M. Abbas d`incitations à la violence. Pour la première fois, il a reçu un soutien ferme de la part du secrétaire d`État américain.
M. Abbas «doit condamner (la violence) haut et fort», a dit M. Kerry à la radio NPR News, «et il ne doit pas se livrer à une incitation dans le registre de ce qu`il a parfois été entendu dire».
Tags: