Cancer: les "médecines alternatives" augmentent le risque de décès

  19 Août 2017    Lu: 1278
Cancer: les "médecines alternatives" augmentent le risque de décès
Selon des chercheurs de l'université Yale, les remèdes alternatifs seuls ne suffisent pas pour soigner un cancer, et font augmenter le risque de mourir.
Les « médecines alternatives » ne permettent guère de soigner certains cancers fréquents. Tel est le résultat d'une étude menée par des chercheurs de l'université Yale, aux États-Unis. Selon eux, les patients qui optent pour le seul recours aux remèdes alternatifs ont jusqu'à cinq fois plus de risque de mourir que les patients qui se soumettent aux traitements classiques contre le cancer. Cette différence dans le risque de décès cinq ans après le diagnostic « a été la plus élevée pour le cancer du sein et du côlon », a déclaré à l'Agence France-Presse l'auteur principal de l'étude, Skyler Johnson.

L'étude rapporte l'impact sur la survie pour quatre cancers du recours exclusif aux remèdes alternatifs (homéopathie, plantes, qi gong, yoga, naturopathie, acupuncture, diètes, méditation, prières...) au détriment des traitements classiques (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, traitement hormonal), dans cette étude récemment parue dans le Journal of the National Cancer Institute. Le risque de mort, pour le cancer du sein a plus que quintuplé (5,68 fois plus). Il a plus que quadruplé (4,57) pour le cancer colorectal, et doublé pour le cancer du poumon. Un tiers des patients pro-médecines alternatives atteint de cancer colorectal était ainsi en vie cinq après le diagnostic contre 79 % de ceux traités classiquement, selon l'étude.

Un risque en moyenne multiplié par 2,5

« Pour le cancer de la prostate, il n'y a guère de différence entre ceux qui ont opté pour un traitement conventionnel (91,5 % de survie à 5 ans) ou un traitement alternatif (86,2 %) », note le Pr Johnson. « Le cancer de la prostate se développe généralement très lentement au début » et sur de nombreuses années, explique-t-il sans écarter les effets de surdiagnostics. Pour les besoins de l'étude, les chercheurs ont comparé le comportement de 560 malades traités de façon habituelle et de 280 autres – sans métastases –, ayant opté pour des médecines alternatives. En moyenne, pour le groupe médecine alternative le risque de décès a plus que doublé (multiplié par 2,5) cinq ans après le diagnostic.

« Pour plusieurs raisons » ces résultats sont « probablement sous-estimés », a expliqué à l'Agence France-Presse Skyler Johnson. D'abord, ces données ne couvraient que le traitement initial, ce qui signifie que certains des patients qui ont d'abord utilisé des remèdes alternatifs ont pu passer aux traitements standards, une fois que leur maladie a progressé, et prolonger ainsi leur survie. De plus, le groupe ayant eu recours aux médecines alternatives était en meilleure santé au départ, plus jeune, jouissait d'un meilleur niveau d'éducation et de revenus plus élevés. « Nous ne connaissons pas le nombre exact de personnes qui décident de recourir à une médecine alternative au lieu d'un traitement conventionnel contre le cancer », a dit le Pr Johnson, car les patients hésitent à se confier aux médecins à ce sujet.

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