Un appareil russe survole le Pentagone, le Capitole, la CIA et le golf de Trump

  10 Août 2017    Lu: 1004
Un appareil russe survole le Pentagone, le Capitole, la CIA et le golf de Trump
Un avion militaire russe non armé à été vu hier en train de survoler quelques points névralgiques des Etats-Unis. Le passage de l'appareil s'est néanmoins déroulé dans le cadre d'un accord entre l'OTAN et les pays de l'ancien Pacte de Varsovie, tempère CNN aujourd'hui.

Surprise hier pour de nombreux observateurs qui ont repéré dans l'espace aérien américain un Tupolev Tu-154, avion triréacteur soviétique ressemblant au Boeing 727. L'appareil a survolé à un peu plus de 1.110 mètres d'altitude plusieurs zones capitales des Etats-Unis comme le Capitole, le quartier-général de la CIA à Langley en Virginie, l'Andrews Air Force Base dans le Maryland (qui abrite Air Force One). Mais l'avion russe est également passé par le lieu de villégiature du président Donald trmp à Bedminster dans le New Jersey et au-dessus du Trump National Golf Course en Virginie.

Si l'événement est équivoque, le vol a rapidement été identifié comme faisant partie intégrante du traité Ciel ouvert, accord signé en 2002 et qui met en place des vols de surveillance non armés sur la totalité des Etats parties, qui sont au nombre de 34 et comptent notamment les Etats-Unis et la Russie. Ce traité cherche à asseoir la confiance mutuelle entre pays, à assurer la transparence et s'inscrit dans une optique de paix mondiale.

Près de 50 ans pour un accord
Le traité n'est cependant pas né en un jour. C'est Eisenhower qui avait en premier lieu proposé l'idée en 1955 lors du sommet de Genève. Mais l'Union soviétique l'a refusée en bloc, ne voyant pas d'un bon oeil cette intrusion sur son territoire. George Bush père relance en 1989 l'idée d'Eisenhower et le concept d'ouverture et de transparence séduira cette fois les Européens, dont la plupart des Etats (Belgique comprise) signeront le traité à Helsinki en 1992 suite à des tractations entre OTAN et signataires du Pacte de Varsovie, qui disparaîtra dans la foulée. Les Etats-Unis le ratifient en ensuite en 1993, mais il faudra attendre 2001 pour que la Russie lui emboîte le pas et que le traité prenne enfin effet en 2002. Sa dimension du traité n'est pas figée, tout Etat peut encore poser sa candidature à la Commission Ciel ouvert afin d'intégrer l'accord après examen.

Transparence totale, aucune restriction tolérée
Une fois membre, un Etat ne peut plus limiter son espace aérien (continental ou insulaire, eaux territoriales ou intérieures) à ses pairs. Aucune restriction n'est admise, vu que le concept de transparence est central. Les appareils liés au traité peuvent donc quadriller la totalité d'un état, point névralgiques inclus, afin de faire le bilan de ses installations militaires. Les appareils sont contrôlés avant survol et doivent répondre à des normes de sécurité strictes, ils sont soit fournis par l'Etat visité, soit par l'Etat visiteur.

Missions de reconnaissance collectives
Afin de limiter le coût des missions, les Etats se regroupent généralement autour d'un appareil super-équipé, et les données collectées lors des vols de surveillance sont ensuite transmises aux contributaires. Les pays d'Europe occidentale partagent ainsi le C-130 Hercules et sa nacelle Samson avec le Canada. Le Royaume-Uni a choisi d'utiliser seul son propre avion certifié. Selon le traité, les dispositifs de surveillance sont dotés de caméras panoramiques, de caméras à image par image, de caméras vidéo, d'analyseurs infrarouges à balayage linéaire et d'un radar à ouverture synthétique, autant d'instruments qui peuvent être utilisés par tous les temps, de jour comme de nuit.

Le Tupolev Tu 154, un appareil chargé d'histoire
La Russie utilise un Antonov AN-30 mais aussi une variante du Tupolev Tu-154 (partagés avec la Bulgarie, l'Ukraine et la Roumanie). Ce dernier modèle russe, repéré dans le ciel américain hier, est à la base un avion de ligne connu pour ses très nombreux accrocs: 110 accidents et incidents dont 69 crash et 2.833 morts. Un taux d'accidents est énorme pour un avion qui n'est d'ailleurs plus produit depuis 2013. Le dernier crash à avoir marqué les esprits date de décembre 2016 lorsqu'un appareil de ce type reliant Moscou à la Syrie s'est abîmé dans la mer Noire. Les choeurs de l'Armée rouge faisaient partie du vol. Cela aura signé le glas du Tupolev 154, que la Russue n'a plus mis en service depuis. En cela, le vol d'hier aux USA fait bien exception.

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