Que sont les infections sexuellement transmissibles et comment se transmettent-elles?

  08 Décembre 2015    Lu: 2878
Que sont les infections sexuellement transmissibles et comment se transmettent-elles?
Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une infection sexuellement transmissible (IST). On estime que, chaque année, 500 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes: chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonase.

Plus de 530 millions de personnes sont atteintes du virus responsable de l’herpès génital (HSV2). Plus de 290 millions de femmes souffrent d’une infection à papillomavirus humain (VPH). La plupart des IST sont asymptomatiques. Certaines IST peuvent multiplier par trois voire plus le risque de contracter le VIH. Outre leurs conséquences immédiates, les IST peuvent avoir de graves effets dus à la transmission des infections de la mère à l’enfant et aux maladies chroniques. La résistance aux médicaments, en particulier ceux contre la gonorrhée, est une menace majeure pour la réduction de l’impact des IST dans le monde.

Que sont les infections sexuellement transmissibles et comment se transmettent-elles?

Les IST sont causées par plus de 30 bactéries, virus et parasites et se transmettent principalement par voie sexuelle, y compris lors d’un rapport vaginal, anal ou oral.

Certaines IST peuvent se transmettre par contact cutané lors d’un rapport sexuel. Les organismes responsables des IST peuvent aussi se propager par d’autres voies, comme les transfusions sanguines et les greffes. Un grand nombre d’IST (notamment la chlamydiose, la gonorrhée, la syphilis, l’hépatite B et les infections à VIH, à VPH et à HSV2) se transmettent aussi de la mère à l’enfant pendant la grossesse et à l’accouchement.

On peut avoir contracté une IST sans présenter pour autant de symptômes apparents. En conséquence, la dénomination «infection sexuellement transmissible» (IST) est plus générale que «maladie sexuellement transmissible» (MST). Parmi les symptômes les plus courants des MST figurent les pertes vaginales, les écoulements urétraux chez l’homme, les ulcérations génitales et les douleurs abdominales.

Sur plus de 30 agents pathogènes connus comme transmissibles par voie sexuelle, huit sont responsables de la majorité des cas. On peut actuellement guérir quatre des huit infections qu’ils provoquent: la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose et la trichomonase. Les quatre autres (l’hépatite B, l’herpès, l’infection à VIH et l’infection à VPH) sont par contre des infections virales incurables dont on peut toutefois atténuer ou moduler les effets par traitement.

Ampleur du problème

Les IST ont de profondes répercussions sur la santé sexuelle et génésique dans le monde; elles figurent parmi les cinq catégories de maladies pour lesquelles les adultes consultent le plus.

Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une IST et on estime que, chaque année, 500 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes: chlamydiose, gonorrhée, syphilis et trichomonase. Plus de 530 millions de personnes vivent avec le virus HSV2. Plus de 290 millions de femmes souffrent d’une infection à VPH, l’une des IST les plus courantes.

Outre leurs conséquences immédiates, les IST peuvent avoir de graves effets.

Certaines IST peuvent multiplier par trois voire plus le risque de contracter le VIH.
La transmission d’une IST de la mère à l’enfant peut entraîner une mortinaissance, un décès néonatal, un faible poids de naissance, une septicémie, une pneumonie, une conjonctivite du nouveau-né ou des malformations congénitales. La syphilis chez la femme enceinte cause chaque année quelque 305 000 décès fœtaux et néonatals et expose 215 000 nouveau-nés à un risque accru de décès par prématurité, de faible poids de naissance ou de maladie congénitale.

L’infection à VPH est responsable chaque année de 530 000 cas de cancer du col de l’utérus entraînant 275 000 décès. Les IST comme la gonorrhée et la chlamydiose sont des causes majeures d’inflammation pelvienne, d’issues défavorables de la grossesse et de stérilité.

Prévention des IST

Conseil et approches axées sur le comportement
Les interventions comportementales et de conseil permettent d’assurer une prévention primaire des IST (y compris du VIH) et des grossesses non désirées. On peut citer:

- une éducation sexuelle complète et des conseils avant et après le dépistage des IST et notamment du VIH;
- des conseils sur les rapports protégés/la réduction des risques, ainsi que la promotion de l’utilisation du préservatif; et
- des interventions ciblant les populations vulnérables et les plus concernées, comme les adolescents, les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les consommateurs de drogues injectables.

En outre, les activités de conseil peuvent améliorer la capacité qu’ont les gens de reconnaître les symptômes des IST et accroître la probabilité qu’ils consultent ou encouragent un partenaire sexuel à le faire. Malheureusement, l’insuffisance des connaissances du public et de la formation des agents de santé, de même que la stigmatisation fréquente dont les IST font depuis longtemps l’objet, sont autant d’obstacles à un recours plus large et efficace à ces interventions.

Méthodes mécaniques

Lorsqu’ils sont utilisés correctement et avec constance, les préservatifs constituent l’une des méthodes de protection les plus efficaces contre les IST, y compris le VIH. Les préservatifs féminins sont efficaces et sûrs, mais ne sont pas aussi largement employés par les programmes nationaux que leurs équivalents masculins.

Diagnostic des IST

Les tests diagnostiques fiables sont d’un usage généralisé dans les pays à revenu élevé. Même s’ils sont particulièrement utiles pour le diagnostic des infections asymptomatiques, il est rare qu’ils soient disponibles dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Lorsqu’ils le sont, ils restent d’ordinaire coûteux et inaccessibles d’un point de vue géographique, et, pour recevoir les résultats, les patients doivent attendre longtemps ou retourner dans l’établissement du test. Le suivi des cas peut en pâtir, comme les soins ou le traitement qui peuvent être incomplets.

Actuellement, le dépistage de la syphilis est le seul test sanguin rapide et abordable disponible pour une IST. Le test est fiable et facile à administrer avec une formation minimale, et les résultats peuvent être obtenus en 15 à 20 minutes. Il a été prouvé que les tests de dépistage rapide de la syphilis permettaient d’augmenter le nombre de femmes enceintes dépistées pour cette maladie. Des efforts accrus doivent néanmoins être déployés dans les pays à revenu faible et intermédiaire pour que toutes les femmes enceintes en bénéficient.

Des tests de dépistage rapide d’autres IST sont en cours de mise au point; ils pourraient améliorer le diagnostic et le traitement des IST, en particulier là où les ressources sont limitées.

Traitement des IST

On dispose actuellement de traitements efficaces pour plusieurs IST.

On peut généralement guérir trois IST bactériennes (chlamydiose, gonorrhée et syphilis) et une IST d’origine parasitaire (trichomonase) à l’aide d’antibiothérapies à dose unique.
Les médicaments les plus efficaces pour le traitement de l’herpès et de l’infection à VIH sont des antiviraux qui, bien qu’ils ne puissent guérir la maladie, peuvent en moduler l’évolution.

Les immunomodulateurs (interférons) et les médicaments antiviraux peuvent aider à combattre le virus de l’hépatite B et ralentir les dommages hépatiques.
Ces dernières années, la résistance aux antibiotiques s’est développée rapidement pour certaines IST (gonorrhée en particulier), limitant ainsi les options de traitement. L’apparition d’une perte de sensibilité du gonocoque face à l’option thérapeutique de dernière intention (céphalosporine par voie orale et parentérale), associée à une résistance déjà démontrée à certains agents antimicrobiens comme les pénicillines, les sulfonamides, les tétracyclines, les quinolones et les macrolides, font de N. gonorrhoeae une bactérie multirésistante. Bien que cela soit moins courant, on peut aussi observer une résistance antimicrobienne pour d’autres IST, ce qui rend indispensables la prévention et le traitement rapide.

Les pays à revenu faible et intermédiaire assurent une prise en charge syndromique des IST, qui repose sur l’identification de groupes de symptômes cohérents et de signes facilement reconnaissables (syndromes) pour orienter le traitement, sans recourir à des tests de laboratoire. Cette approche, qui se fonde souvent sur des algorithmes cliniques, permet au personnel de santé de diagnostiquer une infection spécifique sur la base des syndromes observés.

La prise en charge syndromique est simple et permet de mettre en place un traitement le jour même, tout en évitant les tests diagnostiques qui sont soit coûteux soit indisponibles. Cette approche fait toutefois abstraction des infections qui n’entraînent aucun syndrome, soit la majorité des cas d’IST dans le monde.

Vaccins et autres interventions biomédicales

On dispose de vaccins sûrs et très efficaces contre deux IST: l’hépatite B et l’infection à VPH. Ces vaccins représentent une avancée majeure en matière de prévention des IST. Le vaccin contre l’hépatite B figure dans les programmes de vaccination du nourrisson de 93% des pays. Il a déjà permis d’éviter quelque 1,3 million de décès imputables à une maladie chronique du foie ou au cancer.

Le vaccin anti-VPH est disponible dans le cadre des programmes de vaccination systématique de 45 pays (pour l’essentiel à revenu élevé ou intermédiaire). Il pourrait permettre d’éviter plus de 4 millions de décès chez les femmes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où la charge de morbidité imputable au cancer du col est la plus lourde, pour autant que l’on atteigne une couverture vaccinale de 70%.

Même si la recherche sur les vaccins contre l’herpès et le VIH a bien progressé, aucun vaccin candidat n’a pour le moment été mis au point pour l’une ou l’autre de ces infections. La recherche sur les vaccins contre la chlamydiose, la gonorrhée, la syphilis et la trichomonase est moins avancée.

D’autres interventions biomédicales permettent de prévenir certaines IST, comme la circoncision masculine et l’utilisation d’antimicrobiens.

La circoncision masculine permet de réduire d’environ 60% le risque de contracter l’infection à VIH lors de rapports hétérosexuels et assure une certaine protection contre d’autres IST, comme l’herpès et l’infection à VPH.

En 2010, le gel Ténofovir, un microbicide permettant aux femmes d’éviter activement de contracter le VIH, a atteint le stade de la «validation de principe», aux termes d’essais cliniques. D’autres recherches cliniques sont en cours en vue de la confirmation de son innocuité et de son efficacité par les autorités de réglementation.


Les efforts déployés actuellement pour freiner la propagation des IST sont insuffisants.
Malgré les efforts considérables déployés en vue de recenser des interventions simples pour réduire les comportements sexuels à risque, il reste difficile de changer les comportements. Les recherches ont démontré qu’il fallait cibler des populations avec soin, puis fréquemment les consulter et les associer aux processus de conception, de mise en œuvre et d’évaluation.

Les services de santé pour le dépistage et le traitement des IST restent insuffisants
Les personnes qui veulent être dépistées et traitées pour une IST sont confrontées à un grand nombre de problèmes, dont la rareté des ressources, la stigmatisation, la mauvaise qualité des services et l’inexistence ou l’insuffisance du suivi des partenaires sexuels.

Dans de nombreux pays, les services relatifs aux IST sont fournis séparément et ne sont pas disponibles dans le cadre des soins de santé primaires, de la planification familiale ou d’autres services de santé classiques.

Souvent, les services sont incapables de dépister les infections asymptomatiques, manquent de personnel qualifié, de moyens de laboratoire et d’un approvisionnement suffisant en médicaments appropriés.

Les populations marginalisées qui connaissent les taux d’IST les plus élevés (comme les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les consommateurs de drogues injectables, les détenus, les populations mobiles et les adolescents) ont rarement accès à des services de santé adaptés.

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