Clap de fin pour le Windows Phone de Microsoft

  12 Juillet 2017    Lu: 1134
Clap de fin pour le Windows Phone de Microsoft
Le groupe de Redmond n'aura jamais su imposer son système d'exploitation mobile face à iOS (Apple) et Android (Google).

A la fin, il n'en restera que deux. Dominé outrageusement par iOS (Apple) et Android (Google), le monde des systèmes d'exploitations (OS) mobiles s'apprête à perdre le numéro trois du marché puisque Microsoft vient d'annoncer la fin du support de Windows Phone 8.1, dans un post de blog . Traduction, le géant de Redmond va cesser de mettre à jour son OS maison, d'y ajouter des correctifs de sécurité ou d'en améliorer les fonctionnalités.

Cette décision marque la fin d'une histoire de près de 7 ans et d'une ambition avortée de Microsoft qui n'aura jamais su imposer son OS mobile. Windows Phone était le successeur désigné de Windows Mobile. Présent très tôt sur le marché (dès 2003), celui-ci peine alors à faire face à RIM (BlackBerry) et aux récents entrants sur le marché que sont iOS et Android à la fin des années 2000.

Mi-2010, la part de marché de Windows Mobile n'était plus que de 4,3% contre 9,8% un an auparavant et 13,8% deux ans plus tôt. Le patron de Microsoft, Steve Ballmer, lance la riposte en octobre 2010 avec la présentation de Windows Phone 7.

Un démarrage poussif

Contrairement à Android, le groupe édicte des règles très strictes en vue de garantir la stabilité logicielle des smartphones. LG, HTC, Samsung, Sony, Acer, ou encore Asus vont rapidement équiper certains de leurs modèles du nouvel OS... qui ne décolle pourtant pas.

En six semaines, seulement 1,5 million de téléphones équipés de Windows Phone sont vendus, soit huit fois moins qu'Android sur la même période... L'une des principales faiblesses de Windows Phone ? La même que l'OS de Blackberry : la pauvreté du parc applicatif. Fin 2010, Microsoft ne dispose que de 4.000 applications sur sa boutique en ligne contre déjà plus de 300.000 sur l'App Store d'Apple.

Rapprochement avec Nokia

Quelques mois plus tard, un accord avec Nokia est ratifié ; le groupe finlandais annonce qu'il délaisse son OS maison Symbian au profit de Windows Phone 7. Dans le même temps, un certain Samsung annonce qu'il va donner la priorité à Android au détriment de Windows Phone 7...

Microsoft a misé sur le mauvais cheval : le Finlandais était déjà en perte de vitesse, tandis que Samsung est depuis plusieurs années le numéro un mondial des smartphones en termes de part de marché.

Opération séduction des opérateurs télécoms

A l'été 2011, le père de Windows Phone 7, Charlie Kindel, donne sa démission. « C'est le MEILLEUR produit que Microsoft ait jamais fabriqué. Tenez bon ! », écrit-t-il alors sur son blog. Las, semaine après semaine, l'OS mobile « made in Microsoft » perd du terrain sur iOS et Android.

A la fin de l'année 2012, Windows Phone 8 est dévoilé et Microsoft compare alors ce lancement à celui de l'iPhone en 2007 tant le nouvel OS serait « disruptif ». Pour l'imposer commercialement, Microsoft tente de se faire pour alliés les opérateurs télécoms.

« Les opérateurs en ont assez de subventionner Apple ou d'aider Google à gagner de l'argent grâce aux données privées de leurs abonnés. Ils veulent désormais jouer le jeu avec nous », confie alors, aux « Echos », Laurent Schlosser, chargé de la mobilité chez Microsoft France.

Mais rien n'y fait. En avril 2014, le nouveau PDG du groupe américain, Satya Nadella opère un virage à 180 degrés. L'OS mobile devient gratuit puisqu'il est alors mis à la disposition de tous sans frais, là où les fabricants doivent payer un droit symbolique à Google pour chaque mobile tournant sous Android, puis régler de nombreux droits de propriété intellectuelle.

« Notre priorité est la part de marché, nous avons voulu créer un avantage concurrentiel », avance, alors, aux « Echos », Laurent Schlosser, en charge du mobile chez Microsoft France. A l'époque, Windows Phone ne pèse plus que 4% du marché mondial des OS mobiles là où Android s'arroge déjà 79% et iOS 15%.

99,6% de part de marché pour iOS et Android

A l'été 2014, Microsoft lance la version 8.1 de Windows Phone. Mais coup dur pour le groupe quelques semaines plus tard. Le numéro trois mondial des smartphones, Huawei, prend ses distances avec son OS pour ne plus utiliser qu'Android. La raison ? Le manque de liberté laissée par le géant de Redmond aux constructeurs pour innover et personnaliser l'OS, là où Google laisse davantage la porte ouverte pour ajouter des surcouches logicielles notamment.

A l'époque, la société promet alors trois ans de suivi pour Windows Phone 8.1... une période qui a pris fin ce mardi. Entre-temps, le groupe américain aura lancé, en 2015, Windows 10 Mobile qui n'aura rien changé non plus à la physionomie du marché des OS mobiles. Lors des trois derniers mois de 2016, 99,6% des smartphones vendus dans le monde fonctionnaient avec Android (81,7%) et iOS (17,9%), selon Gartner, et seulement 0,3% avec Windows Phone.

Projet "Andromeda"

L'an passé, Microsoft avait annoncé la suppression de près de 4.700 postes au sein de sa division mobile. Si le support de Windows 10 Mobile est encore assuré pour l'heure, celui-ci ne représente que 20,3% des terminaux mobiles équipés d'un OS de Microsoft, contre 73,9% pour Windows Phone 8.1, 4,2% pour Windows Phone 8 et 1,6% pour Windows Phone 7.x, selon les données d'AdDuplex .

Une page se tourne pour Microsoft. Mais l'Américain n'aurait pas encore enterré ses ambitions dans le mobile. Il se murmure que le géant de Redmond aurait, dans les cartons, un projet ayant pour nom de code "Andromeda", qui aurait pour but de lui permettre de s'imposer enfin sur le marché global du mobile.

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