Marche des imams contre le terrorisme: petite foule, grand espoir

  12 Juillet 2017    Lu: 847
Marche des imams contre le terrorisme: petite foule, grand espoir
Une délégation d'imams parcourent toutes les villes touchées par le terrorisme en Europe. À Bruxelles, ils ont remporté un succès mitigé.
Ils sont partis samedi depuis Paris. Ils n'étaient alors qu'une trentaine d'imams à entamer cette « marche des musulmans contre le terrorisme ». Ce lundi, la marche s'est arrêtée à Bruxelles, avant de revenir en France, direction Saint-Étienne-du-Rouvray, cette petite ville de Seine-Maritime où a été assassiné le prêtre Jacques Hamel en juillet 2016.

Dans la capitale de l'Europe, sur cette place de la Bourse devenue un lieu de recueillement après les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, quelques badauds s'arrêtent, interloqués par la petite foule d'hommes, certains en toge blanche, d'autres en civil, coiffés d'un kufi rouge ou blanc ou d'une kippa, encerclés par les caméras. Au centre, l'ancien imam de Drancy Hassen Chalghoumi crève l'écran. L'écrivain juif Marek Halter est à côté de lui. Coorganisateur de l'événement, il annonce que la marche rassemble 63 imams. Place de la Bourse, le compte n'y est pas tout à fait. Mais Chalghoumi, très critiqué par nombre de musulmans, assure que le message est passé : « Ils nous rejoignent sur la route », dit-il.

Une marche qui se veut œcuménique

Dans ce cortège, on compte plusieurs Européens – huit imams belges, six imams allemands, dont l'imam de la grande mosquée de Dar-as-Salam à Berlin, Mohamed Taha Sabri, quelques imams italiens. Des Africains ont rejoint l'événement, à l'image d'Andoulaye Sisi, imam de la mosquée de Matoto, dans le district de Conakry, en Guinée. Son grand kufi rouge coiffé sur la tête, il porte un message de paix. « Ensemble, chrétiens, musulmans, juifs, Noirs et Blancs, nous voulons que tout le monde agisse contre le terrorisme et participe avec nous », nous dit-il. Des Algériens, des Égyptiens, des Libanais sont également de la marche. « On est tous ici pour porter le même message de paix », déclare l'imam.

Se sont joints à la marche une dizaine de volontaires non religieux et des apprentis imams. Mohamed Gadi en fait partie : il se définit comme un « poète stéphanois » et loue autant la poésie du Coran que les textes de Jacques Brel. Il assure qu'une dizaine est restée dans le bus.

La marche qui vient tout juste de revenir de Berlin est saluée par les autorités. À Bruxelles, c'est le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, nationaliste flamand, connu pour ses phrases polémiques sur la communauté musulmane, qui se félicite d'un rassemblement « nécessaire », appelant à ne pas faire d'« amalgames » entre musulmans et terroristes. « Réunir les villes meurtries par le terrorisme est un acte fort, a quant à lui souligné l'échevin bruxellois des cultes Alain Courtois. Bruxelles a payé un lourd tribut à la haine. »

« C'est vide »

Mais l'imam de la grande mosquée de Dar-as-Salam à Berlin se montre un peu déçu. En comparaison avec la capitale allemande, peu de citoyens ordinaires, musulmans ou non, sont venus. « Il y avait 300 à 400 personnes à Berlin », affirme-t-il. Au lendemain des attentats de Bruxelles du 22 mars, sur cette place au cœur de la capitale belge, une foule à la fois triste et joyeuse était venue rendre hommage aux victimes des attentats. Aujourd'hui, la place semble dépeuplée.

Cela rend un peu amer l'imam belge de la mosquée de Charleroi, Abdel Moulajdi. Il ne fait pas partie de la marche, mais est venu apporter son soutien, comme plusieurs autres de ses collègues. « Avec ce rassemblement, on ne parle pas que des imams, mais aussi des citoyens de confession musulmane qui doivent porter le même message. Et là, vous voyez vous-même, c'est vide. » Il se met à rire un peu jaune. Pour lui, le moment est mal choisi : « Ils le font dans un moment où tout le monde est en vacances. Ça ne va pas pas », râle-t-il.

Liliane déplore ce qu'elle nomme un « manque criant de communication ». La militante associative à Molenbeek a appris l'existence de la marche le matin même dans le journal (NDLR : journal gratuit en Belgique). Elle se félicite cependant d'une manifestation qui fait entendre les imams. « C'est la première fois qu'on les entend ! C'est bien qu'ils se montrent aujourd'hui. »

Tags: #Europe   #imams   #terrorisme  


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