Le café éthiopien menacé par le réchauffement climatique
Les zones de culture pourraient en revanche être multipliées par quatre en les délocalisant dans d'autres régions du pays, soulignent-ils. Le café représente un quart des recettes d'exportation de l'Ethiopie, cinquième producteur mondial et premier exportateur de café d'Afrique. Quelque 15 millions d'Ethiopiens travaillent dans ce secteur.
Environ 80% du café provient de zones forestières qui fournissent l'ombre nécessaire à sa croissance. Le café est cultivé essentiellement à des altitudes allant de 1.200 à 2.200 mètres, la température idéale se situant entre 18 et 22°C. Ces cinquante dernières années, la température moyenne a augmenté d'environ 1,5°C en Ethiopie. Selon les auteurs - des chercheurs des Jardins botaniques royaux de Kew (Royaume-Uni) et des spécialistes notamment du College of Natural Sciences d'Addis Abeba -, si rien n'est fait, "39 à 59% des zones actuelles de culture du café pourraient subir des changements climatiques assez importants pour les rendre impropres à cette culture" d'ici à la fin du siècle. Les plantations de café de la région de Harar (est) disparaîtraient probablement.
"Une approche consistant à ne rien faire pourrait être désastreuse pour l'économie du café éthiopien à long terme", souligne Justin Moat, l'un des auteurs cité dans un communiqué des Jardins botaniques royaux de Kew. "Des décisions prises à temps, précises, fondées sur la science sont nécessaires maintenant et dans les décennies à venir" pour assurer la durabilité de ce secteur, ajoute-t-il.
Si des décisions sont prises, "en particulier le déplacement des cultures de café vers des zones situées plus en altitude et la création de nouvelles zones de culture, avec des mesures de protection des forêts ou de boisement, la production de café pourrait être multipliée par quatre, même avec le changement climatique", explique Aaron Davis, des Jardins botaniques royaux.
Pour faire face aux effets du réchauffement climatique, il faudrait faire grimper les plantations de café de 32 mètres tous les ans, selon les chercheurs. Ils ont étudié la situation depuis les années 50 et recueilli la plupart de leurs données depuis 2013.