Ashiq: Des cœurs chantants

  09 Juin 2017    Lu: 1879
Ashiq: Des cœurs chantants

Le mot «ashiq» signifie «amoureux». Et il faut effectivement tomber amoureux de cet art complet pour bien le maîtriser. Art complet, parce que c’est le même ashiq qui écrit les textes, compose la musique, joue du saz (Instrument de musique traditionnel à cordes) et même danse.

L’art des ashiqs ne donne pas seulement l’exemple d’une pensée poétique originale, il reflète également la sagesse populaire, des siècles d’expérience vécue, une culture nationale. Il exprime avec ardeur la simplicité, la poésie et la beauté.



Lorsqu’un ashiq prend en mains le saz à l’occasion d’une fête, le nombreux public rassemblé fait aussitôt silence. L’art de ce barde fait l’objet, en Azerbaïdjan, d’une véritable vénération. Les célébrations, les mariages, les festins ne sont vraiment un événement marquant qu’avec la participation d’un ashiq. Un conte mille fois entendu prendra chaque fois une coloration nouvelle. Ashiq entame chaque nouveau couplet par une phrase musicale durant laquelle il éloigne le saz de lui, puis y colle son visage comme s’il voulait capter l’éclosion de chaque son. Ensuite la voix vient s’intégrer à la mélodie, d’abord doucement, comme dans une conversation amicale, avant de prendre son envol tel un oiseau agile. Le récit d’ashiq se déroule alors, tandis que les auditeurs, envoûtés par le chant, s’efforcent de ne pas en laisser échapper le moindre mot.



Le terme «ashiq» est apparu au XIVe siècle, mais l’origine de cet art poético-musical est beaucoup plus ancienne. Il existe plus de quatrevingts variantes géographiques des mélodies d’ashiq: Keremi, Afshari, Kurdu, Dilgami, Yanig Karam. Les genres les plus courants des ashiqs sont: dastan (récit épique et héroïque), deyichmé (concours dans lequel plusieurs chanteurs improvisent à tour de rôle), ustadnamé (chanson moralisante), gozellemé (chansons dithyrambiques), chikesté et misri (chansons lyriques).

Le peuple a conservé avec vénération les noms des plus célèbres des ashiqs, les princes considéraient comme un honneur d’en avoir à leur cour. Parmi les classiques de cet art on peut nommer Gurbani (XVIe), Abbas Tufarganli, Sari Achig (XVIIe), Khasta Gasim, Valekh, Dilgam (XVIIIe), Ashig Alaskar, Huseyn Shemkirli (XIXe) et bien d’autres. Jusqu’à aujourd’hui, les concerts des ashiqs font salle comble.

En 2009, l’UNESCO a inscrit l’art des ashiqs azerbaïdjanais dans la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.

IRS


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