AZERBAÏDJAN : Le livre de pierre du Gobustan

  19 Mai 2017    Lu: 3150
AZERBAÏDJAN : Le livre de pierre du Gobustan
Le parc historique et artistique du Gobustan est situé dans la partie sud de la péninsule d’Abcheron. Ses monuments couvrent une immense période historique qui va du mésolithique au Bas Moyen Âge. En 2007, le Gobustan a été inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

La naissance de la civilisation humaine se perd si loin dans le passé et l’action rationnelle de l’homme sur le milieu a laissé des traces si difficiles à déceler que la découverte d’une nouvelle implantation de nos ancêtres fait toujours sensation. De ce point de vue, le Gobustan, avec ses nombreux dessins rupestres, est un livre de pierre d’une valeur inestimable, dont les pages illustrent le mode de vie, les activités, les conceptions religieuses, l’art primitif des hommes installés là il y a des millénaires. C’est en fait la chronique rupestre de l’un des foyers de la civilisation mondiale.

En 1938, la découverte du site par des savants azerbaïdjanais a fourni des réponses aux questions qui préoccupaient depuis longtemps les paléontologues sur la flore et la faune de la presqu’île d’Abcheron il y a entre 130 000 et 70 000 ans. Les couches de sables argileux voisines du bourg de Binagadi ont livré des fragments de pêchers pleureurs, de genévriers, de grenadiers, de tamaris, de roseaux. On y a exhumé également les os d’animaux de 40 espèces qui vivaient dans cette région au pléistocène (donc à la veille de l’arrivée de l’homme dans la contrée), dont des rhinocéros, des chevaux sauvages, des aurochs, des cerfs, des saïgas, des ours bruns, des hyènes des cavernes, des lions des cavernes, des guépards, des porcs-épics, ainsi que d’innombrables ossements de 97 espèces d’oiseaux.

Les rochers du Gobustan offraient aux arbres, aux buissons et aux herbes une excellente protection à la chaleur et aux vents. Les animaux, carnivores comme herbivores, y trouvaient également un refuge. Bien évidemment, les chasseurs d’autrefois, quand ils vinrent en ces lieux, apprécièrent tous les avantages de ces vastes logements bâtis par la nature, et décidèrent de s’y installer. Le Gobustan demeura ainsi peuplé durant plusieurs millénaires. Sur les 3096 hectares du parc archéologique, les chercheurs découvrirent plus de six mille dessins pariétaux, des campements, des monticules funéraires, des grottes ayant servi d’abris, des constructions en mégalithes, des traces d’habitat et des sépultures.

Les hommes qui s’installèrent au Gobustan il y a plus de vingt millénaires formaient des communautés où l’ascendance maternelle était déterminante; les outils de production étaient la propriété du clan; les activités de production et de consommation étaient collectives. Le rôle dominant, dans la vie du clan, appartenait aux femmes, gardiennes du foyer, éducatrices des enfants et principales pourvoyeuses de nourriture, fournie essentiellement par la cueillette. En outre, le grand nombre d’enfants que pouvait mettre au monde une femme saine n’était pas uniquement une source de soucis, c’était aussi un appoint de main-d’œuvre, toujours apprécié par le clan.

La période du matriarcat, attestée par les pétroglyphes, s’est étendue sur plusieurs millénaires. Mais petit à petit, avec l’apparition de nouvelles armes, en particulier des arcs et des flèches, et de nouvelles activités, telles l’élevage et l’agriculture, l’homme fut de plus en ment un refuge. Bien évidemment, les chasseurs d’autrefois, quand ils vinrent en ces lieux, apprécièrent tous les avantages de ces vastes logements bâtis par la nature, et décidèrent de s’y installer. Le Gobustan demeura ainsi peuplé durant plusieurs millénaires. Sur les 3096 hectares du parc archéologique, les chercheurs découvrirent plus de six mille dessins pariétaux, des campements, des monticules funéraires, des grottes ayant servi d’abris, des constructions en mégalithes, des traces d’habitat et des sépultures. Les hommes qui s’installèrent au Gobustan il y a plus de vingt millénaires formaient des communautés où l’ascendance maternelle était déterminante; les outils de production étaient la propriété du clan; les activités de production et de consommation étaient collectives. Le rôle dominant, dans la vie du clan, appartenait aux femmes, gardiennes du foyer, éducatrices des enfants et principales pourvoyeuses de nourriture, fournie essentiellement par la cueillette. En outre, le grand nombre d’enfants que pouvait mettre au monde une femme saine n’était pas uniquement une source de soucis, c’était aussi un appoint de main-d’œuvre, toujours apprécié par le clan. La période du matriarcat, attestée par les pétroglyphes, s’est étendue sur plusieurs millénaires. Mais petit à petit, avec l’apparition de nouvelles armes, en particulier des arcs et des flèches, et de nouvelles activités, telles l’élevage et l’agriculture, l’homme fut de plus en plus amené à jouer le rôle de nourricier, soumettant à son autorité la famille et le clan. Commença alors la période mésolithique qui, sur l’actuel territoire de l’Azerbaïdjan, fut relativement brève, mais particulièrement riche en bouleversements du mode de vie. L’archéologue américain Robert Braidwood l’a baptisée l’âge de la ruralisation primitive,quand l’homme, non content de se procurer la nourriture par la chasse, la pêche et la cueillette, se mit à la produire et à en accumuler des réserves, ce dont témoigne l’existence de vastes fosses de même type taillées dans le roc.

La production active de nourriture assurant la suffisance alimentaire, l’homme disposa enfin de loisirs. Des règles de comportement furent définies, avec des interdits et des prescriptions codifiés dans les traditions et religions primitives. En même temps s’accumulèrent les connaissances sur le monde environnant, transmises de génération en génération. C’est à cette période que les historiens rapportent l’apparition des premières compétences, en particulier dans le domaine de la guérison des blessures et même des premières opérations chirurgicales, comme l’attestent des découvertes faites au Gobustan.

C’est précisément au mésolithique qu’apparaît l’art. Ses formes ne sont pas encore très variées, mais elles comportent déjà la musique et la danse, qui revêtent pour l’essentiel un caractère rituel. On a retrouvé au Gobustan plusieurs grandes pierres -gavaldash – qui jouaient le rôle de tambours. Les sons qu’elles produisaient s’enten daient à plusieurs kilomètres. Mais les progrès les plus notables intervinrent dans les dessins rupestres, comme l’ont noté toutes les études des pétroglyphes du Gobustan. Les images sont à sujets multiples organisées autour d’humains, de membres de la tribu. Les dessinateurs prenaient pour thèmes des scènes de groupe, figurant des chasses, des combats, des pêches, des danses. Au-delà de l’événement dépeint, ils cherchaient à rendre l’ambiance: l’homme n’était plus le mal-aimé de la Nature, la proie facile des fauves, il se voulait déjà le maître du monde environnant.

Les dessins pariétaux du Gobustan se rapportent à différentes époques, allant du dixième millénaire avant notre ère jusqu’au Moyen Âge. C’est grâce à cette particularité que les dessins du Gobustan tiennent une place à part dans l’ensemble des pétroglyphes
recensés dans le monde. Les artistes anciens ont plus souvent représenté des êtres du sexe masculin: chasseurs, pêcheurs, rameurs. Sur les dessins plus tardifs sont apparus également des cavaliers. Certains chercheurs ont relevé des ressemblances avec des pétroglyphes découvert en Afrique orientale. Les femmes sont représentées beaucoup plus rarement, et jamais en train de travailler, en dépit de leurs occupations, pourtant peu adaptées à un sexe prétendu faible. Pour l’artiste, ce qu’il y avait d’essentiel chez la femme était sa fonction de reproductrice, et c’est pourquoi il la dotait de seins, de cuisses et de mollets puissants.

L’image de huit femmes armées, découverte sur des rochers du Boyukdash, n’est pas du tout typique de l’art du Gobustan. Cinq d’entre elles sont alignées devant la silhouette d’un auroch. Ces femmes sont figurées de dos, leurs contours sont tracés grossièrement. Chacune d’entre elles porte en bandoulière un arc composite détendu, tel qu’il n’en apparut, de l’avis des spécialistes, qu’à l’époque des Scythes, donc pas avant les Ve-IVe siècles avant notre ère.

En ce qui concerne l’habitat du Gobustan, bien des hypothèses s’affrontent. L’une d’elles est due au célèbre navigateur et savant norvégien Thor Heyerdahl. Ayant trouvé parmi les pétroglyphes du Gobustan le fameux dessin d’une barque à plusieurs passagers du VIe millénaire avant notre ère, il se persuada qu’il s’agissait très probablement d’une embarcation en roseaux proche de celles de Sumer. Ce qui pourrait signifier que les habitants du Gobustan ont pu être en contact avec une des civilisations les plus anciennes. Heyerdahl constata: «Nous ignorons jusqu’à maintenant quelle civilisation très ancienne et manifestement évoluée a vécu ici. Mais les savants azerbaïdjanais sauront le découvrir».

En 2011 a été ouvert au Gobustan un grand musée moderne. Sur une surface de 2 460 m² ont été montés des stands consacrés aux monuments du Patrimoine mondial, à l’histoire de la découverte des pétroglyphes, à la vie des hommes d’alors sur le territoire du Gobustan, à la flore et à la faune primitives du lieu. Les fonds du musée conservent plus de cent mille objets exhumés lors des fouilles. Parmi eux on trouve des instruments, des armes, des bijoux, des talismans, des os d’animaux, des graines de végétaux et
bien d’autres choses. En 2013 le musée du Gobustan a figuré parmi les lauréats du concours du meilleur musée de l’année. Aujourd’hui, les dessins rupestres découverts au Gobustan, les trouvailles des archéologues et des paléontologues, nous donnent la possibilité de scruter la vie de nos lointains ancêtres, d’essayer de nous représenter leur quotidien et le monde qui les entourait. La lecture du livre de pierre du Gobustan n’est pas encore achevée. Nombre de ses pages manquent, d’autres demandent encore à être déchiffrées et interprétées. Bien difficile de prévoir combien cette chronique multimillénaire recèle encore de secrets.
IRS

Tags: #Azerbaidjan  


Fil d'info