Pétrole et terrorisme : l’industrie de Daesh

  16 Octobre 2015    Lu: 673
Pétrole et terrorisme : l’industrie de Daesh
Se développant comme une véritable compagnie pétrolière, le groupe terroriste tire aujourd’hui sa puissance financière et politique du commerce des hydrocarbures.
Le quotidien économique britannique Financial Times avance le chiffre impressionnant de 1,5 million de dollars de revenus pétroliers par jour amassé par Daesh, qui écoulerait quotidiennement 30 à 40 000 barils.

En quelques années, le groupe s’est développé autour d’une stratégie où les hydrocarbures jouent un rôle central, allant jusqu’à guider ses conquêtes territoriales. Ainsi, l’Etat Islamique, après s’être retiré du nord-ouest de la Syrie (important stratégiquement, mais peu riche en pétrole) s’est emparé dès 2013 de nombreuses zones pétrolifères dans l’est du pays. Ensuite, l’organisation a progressé vers l’Irak et Mossoul, où elle a rapidement fait main basse sur les champs d’Ajil et d’Allas, qu’elle a directement mis à contribution en les sécurisant et en y envoyant des ingénieurs. S’ils ont par la suite perdu le contrôle de ces deux zones, les djihadistes sont toutefois parvenus à en tirer un bénéfice considérable durant leur exploitation de ces ressources.

L’efficacité de la stratégie est que la source même du financement du califat repose sur un bien incontournable et largement consommé dans la région. Cette situation résulte sur un paradoxe : même les zones en guerre avec Daesh s’approvisionnent auprès du groupe pour faire fonctionner machines, voitures, ou même hôpitaux.

Les djihadistes n’ont donc pas besoin d’exporter les hydrocarbures, ni de recevoir de financement externe, puisqu’ils tirent leur revenu de l’intérieur de leurs propres frontières. Surfant sur la vague énergétique, l’Etat Islamique a même mis en place un véritable département des ressources humaines, recrutant des ingénieurs expérimentés en leur offrant des salaires compétitifs.

Le circuit de distribution est, lui aussi, bien huilé. Au champ pétrolier d’al-Omar, en Syrie (le plus gros site de production de Daesh), des traders font la file pour acheter le carburant, avant de le revendre, plus cher, à des raffineries locales. L’un d’entre eux rapporte au Financial Times : «A tout moment, le diesel peut être coupé. Et sans diesel, l’Etat Islamique sait que nous sommes morts».

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